Chapitre 2

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 CHAPITRE DEUX

Des jours durant, Elsa travaillait sans relâche en évitant de penser à ce fameux client qui revenait sans cesse pendant ses jours de service. Chaque fois, il allait à une table dont Elsa s'occupait et commandait toujours la même chose en se gardant de répéter la même phrase.

« Un de vos délicieux cappuccinos. »

Elsa a nourri envers cet homme un sentiment de dédain au fil du temps. Depuis le soir où elle avait cru l'apercevoir en dessous de sa fenêtre, elle essayait tant bien que mal de garder son professionnalisme face à lui. Mais c'était sans compter toutes les fois où elle le croisait dans la rue le soir comme en pleine journée. Il lui semblait qu'il la suivait, mais cette pensée s'envolait rapidement. En même temps qui voudrait d'une femme de vingt-huit ans, pauvre et sans joie de vivre ? Cependant, un soir où elle finit de garder la petite Rachel de sept ans, elle revit le client dans le coin de la rue. Cette fois-ci, elle reprit peur. Son sentiment d'être suivie s'anima. Autrefois, elle gardait une certaine distance avec lui et il faisait de même en ne lui adressant que des bonjours et des sourires polis mais là n'était plus le cas.

Il s'approcha d'Elsa à pas décidés comme s'il savait qu'elle était dans cette maison depuis un moment. Il se posta juste devant elle, ses cheveux mi-longs lui cachant la moitié de son visage, mais pas son sourire narquois.

« Bonsoir, Elsa. »

L'étonnement traversa Elsa comme un éclair. Jamais il n'avait prononcé son nom et elle croyait qu'il ne le connaissait pas ce qui était compréhensible vu qu'elle n'était qu'une serveuse et lui un client. Mais l'entendre ainsi le prononcer la perturbait. Le ton qu'il avait pris était quelque peu intrusif et malsain. Elsa recula incessamment sous peu. Alors, il réduit encore un peu plus leur proximité.

« Vous m'avez déjà rencontré »

Ce fut tout ce qu'il répliqua pour justifier son rapprochement. Seulement, Elsa vivait dans le Bronx et l'insécurité n'était pas optionnelle aussi elle se garda de paniquer et tenta de clamer haut et fort qu'elle voulait rentrer chez elle et qu'elle ne voulait plus être dérangée. Cependant, Aloïs ne tiqua pas. Il resta planté devant la jeune femme et la regarda intensément.

« Vous savez, vous ne devriez pas rester toute seule, à cette heure-ci. Il y a beaucoup de gens... malintentionnés dans le coin. »

Elsa ne sut que répondre. Aucune répartie ne lui venait en tête et elle se contenta de respirer du mieux qu'elle pouvait pour étouffer un peu la crise d'angoisse qui commençait à monter en elle. Ce type la suivait depuis des jours voire des semaines et il osait lui donner un conseil car il y avait des personnes dangereuses dans le coin. L'air devenait palpable ; une tension pesait autour d'eux. La nervosité envahissait Elsa comme un poison.

Pendant ce qui parut un long moment, Aloïs fixa Elsa de ses prunelles noires sans cligner une fois des yeux vers l'intéressée. Alors, elle l'imita difficilement mais son action eut quand même l'effet de déranger ou en tout cas déstabiliser le responsable de son angoisse. Aloïs recula de quelques pas tout en clignant plusieurs fois et de façon frénétique ses yeux comme pour rattraper toutes les fois il ne l'avait pas fait. Elsa profita de ce moment pour partir en courant vers la station de métro la plus proche et se fondre dans la masse pour fuir le plus vite possible de cet endroit étrange. En rentrant chez elle, Elsa appela de toute urgence sa meilleure amie Eve.

Eve était connue pour sa bonté et son sens de l'humour. Quand elle a rencontrée Elsa, elle s'est tout de suite liée d'amitié avec elle et depuis, elles se rendent service très souvent. Et ce soir-là, elle reçut un appel assez déroutant de son amie qui lui demandait de vivre en colocation pour une courte durée ce qu'elle ne refusa pas. Eve était aussi une amie très fidèle. Elle était du genre à ne pas poser de questions et à faire confiance aux autres. Or, elle savait qu'Elsa vivait très mal mais qu'elle était assez forte pour supporter tout le poids de la vie alors quand elle accepta sa requête, elle comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas.

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