Faire rager Âryni

126 31 4
                                    

Amalia avait imaginé que l'entraînement physique du lendemain matin serait annulé. Après tout, tous les six avaient été exposés aux éléments bien plus que de raison et étaient tous fatigués. Enfin... Tous les quatre, car Lucas et Âryni étaient au-dessus de tout ça. Elle avait vite déchanté : la Confrérie, par le biais de Kentigern, lui avait fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas ébruiter l'affaire et que, par conséquent, les activités des apprentis devaient reprendre normalement. Ce qui impliquait de se présenter à l'entraînement matinal en faisant abstraction des courbatures, des douleurs musculaires et de l'intense fatigue qu'elle ressentait encore.

La sorcière éprouva tout de même une certaine satisfaction en constatant qu'elle n'était pas la seule à manquer d'endurance. Victoria, Valentin et Usem traînaient la patte, ce qui leur valut quelques moqueries des autres élèves. Rater à ce point une évaluation Confrère était rare, tant elles étaient habituellement adaptées au niveau des participants.

L'entraînement terminé, les apprentis se rendirent au foyer pour une demi-heure de relâche.

« Ça n'est pas de notre faute ! » s'exclama soudain la voix de Victoria.

Amalia se figea sur le pas de la porte. Un petit attroupement s'était formé autour de la sorcière qui semblait désemparée. Elle n'avait pas l'habitude de faire face aux remarques de ses camarades et perdait ses moyens. Son regard s'accrocha à celui d'Amalia et elle sut qu'elle tombait au pire moment possible.

« C'est sa faute à elle ! »

En trois enjambées, Victoria avait rejoint Amalia. Elle l'entraîna jusqu'au centre du foyer et la poussa avec violence sur une chaise. Les apprentis confrères ne tardèrent pas à s'agglutiner en cercle, murmurant en riant, ou avec un air réprobateur.

« C'est de ta faute, tout ça. C'est à cause de toi qu'on va être obligé de repasser ce test. C'est à cause de toi qu'on a pas pu fêter l'intronisation de Lucas en tant que Confrère.

— Laisse, Victoria », intervient Âryni.

Amalia se raidit. Elle n'avait pas noté la présence de la gamine. En se croisant la veille, elles ne s'étaient pas adressées le moindre coup d'œil. Amalia savait qu'elle allait devoir répondre de sa gifle et serra les dents quand la petite Gangiènne se planta devant elle. Âryni ne pardonnerait pas si facilement un tel affront.

« Après tout, t'as juste fait échouer l'examen le plus important de 7 années d'études, l'aboutissement d'un parcours plus dur que n'importe quelle formation classique dans le monde non Confrère. Mais comment t'en vouloir ? Tu ne pouvais pas savoir, puisque tu n'es pas Consœur. Tu ne seras jamais vraiment des nôtres...

— Techniquement, vous n'êtes pas non plus Conf... Ouch. »

Amalia accusa la gifle comme elle le put : sa tête pivota violemment sur le côté et sa vue se brouilla. La douleur irradia immédiatement depuis sa joue alors que le goût du sang envahissait sa bouche. Toujours consciente. Elle avait progressé, finalement. Elle rendit un regard noir à la gamine.

« Je suppose qu'après celle que je t'aie donnée, je la méritais », cracha-t-elle.

Un murmure surpris parcourut les élèves : l'étrangère si faiblarde était parvenue à toucher Âryni ? La petite pinça les lèvres et jeta un coup d'oeil circulaire à l'assemblée, décontenancée. Amalia en profita pour se relever et tenter de rétablir la vérité.

« Tu sais très bien que ce n'est pas ma faute. Kentigern...

— Maître Kentigern !

— ... s'est excusé au nom des officiels. Ils ont oublié de prendre en compte mes particularités. On a eu une épreuve qu'on ne pouvait pas réussir en tant que groupe. Et tu ne vaux pas beaucoup mieux qu'eux dans cette histoire, Âryni.

La Sorcière d'AonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant