Chapitre 11 : Destabiliser

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~~ PDV Karma ~~

Plongé dans mes cours, je relisais encore et encore les mêmes fiches, espérant imprimer dans ma mémoire, les explications et les sujets de mon programme. Le bruit discret des feuilles du livre que lisait Nagisa couché sur son lit, coupait par moment le silence absolu qui régnait dans notre chambre. Mes yeux vagabondèrent un moment en direction de mon colocataire vêtu d'un simple tee shirt et de son caleçon, déjà prêt pour aller se coucher. J'examina avec attention ses traits si fins, ses longs cils qui entouraient ses yeux bleus si limpides, puis mon regard descendit vers ses lèvres rosées. Une palpitation dans mon cœur résonna en moi. Changeant mon regard de point d'observation pour calmer mes envies naissantes, je fixais désormais la peau pâle de sa nuque que j'avais gouté récemment en montant d'un cran le niveau de notre jeu de séduction. Cette parcelle de sa peau qui le mettait en émoi et le rendait si réactif à notre jeu. Ce point excessivement trop sensible chez lui et qui me permettait de prendre encore plus le pouvoir sur lui. 

 Soudain, la sonnerie de son portable retentit dans la pièce me surprenant. Je détournai rapidement mes yeux, comme pris en flagrant délit, pour me reconcentrer sur mes cours beaucoup moins intéressants que l'observation du bleu. Il s'était levé récupérer son téléphone et décrocha en se baladant dans la pièce :

-Allo ? Ah Kayano ! Oui je vais bien et toi ?

Une pointe de jalousie mal placée me transperça le cœur à l'entente du prénom de la jeune fille aux cheveux verts. Au plus profond de moi, je savais que Nagisa sortait avec Kayano car il avait eu la faiblesse d'être gentil avec elle et de ne pas la repousser pour ne pas la blesser. Ils s'étaient déjà embrassés devant moi, la verte se collait à lui telle une huitre sur son rocher mais cela ne m'avait jamais plus affecté que ça. Le flagrant désintéressement du petit bleu pour leur relation m'avait confirmé qu'il jouait le rôle qu'on lui avait imposé. Puis, je n'étais que son ami, rien de plus. Cependant, aujourd'hui, tout avait changé. J'étais devenu bien plus, irais-je jusqu'à dire son amant ? Je lui avais avoué mes sentiments, embrassé plus d'une fois. Malgré son refus un premier temps, il avait déposé les armes et se montrait beaucoup plus docile lors de nos sessions d'amusement.

-Tu vas revenir bientôt ? Ton tournage s'arrête pendant 15 jours ?C'est super oui, on pourra se revoir...

La conversation trainait en longueur et écouter la voix mielleuse de Kayano envers l'androgyne me tapait sur les nerfs. Une idée saugrenue me vint à l'esprit et un sourire malsain prit place sur mon visage. Je me levai silencieusement de ma chaise et me dirigeai vers Nagisa, trop concentré sur sa conversation pour faire attention à moi. Je posai mes mains sur ses hanches et accolai son dos contre mon torse. Il sursauta légèrement et leva la tête pour me regarder :

- Qu'est ce que . . .

- Chut . . . Tu ne veux pas que ta " chérie " le sache ? murmurais-je en accrochant le mot chérie

Ses joues rosirent en comprenant la situation. C'est le signal que j'attendais pour plonger ma tête dans le creux de son cou et parsemer sa peau porcelaine de baisers. L'androgyne essayait tant bien que mal de continuer son échange téléphonique mais son attention était perturbée.

- Euh non ... Je vais bien je t'assure j'étais distrait et AH !

Sa voix partit une note plus aigue quand je le mordilla. Il tenta d'échapper à mon maintien de ses hanches contre moi mais, déterminé, je redoublai d'effort pour le garder contre moi. Je m'amusais comme un fou et une seule phrase tournait en boucle dans ma tête comme une invocation : 

Combien de temps vas-tu tenir Nagisa ? 

Mes bras vinrent enlacer sa taille si fine pour l'emprisonner totalement et mes mains baladeuses passèrent sous son tee-shirt. Il se cambra légèrement en arrière suite au contact de la froideur de mes doigts sur sa peau tiède et de ce fait, appuya ses fesses contre mon entre-jambe.

- Hummm... Non non je fais rien d'autre c'est juste que . . . que . . .

Son cerveau peinait à enregistrer toutes les informations. Se concentrer sur son coup de téléphone et sa conversation ou sur moi qui le touchait et le mordillait en même temps, cela faisait trop pour lui. Puis une de mes mains remonta plus haut sur son torse et titilla un de ses boutons de chair.

- K-Karma . . .

Je souris fièrement. Finalement son attention s'était focalisée sur moi au point d'oublier l'autre fille au bout de la ligne. Je lui chuchotai à l'oreille comme une confidence :

- Elle va comprendre que tu prends du plaisir . . .

Ses joues rougirent violemment devenant écarlates et d'un coup, il reprit le téléphone .

- Désolé Kayano ! Karma m'attends pour manger, je te rappelle demain !

Il raccrocha, ne laissant aucune place pour une protestation de la part de sa soi disante " petite amie "

- T-Tu pourrais attendre que je finisse ma conversation . . .

Le bleu fit glisser son portable dans son sac à terre à coté de lui, subissant toujours mes caresses. Car oui, je n'avais pas arrêté ma douce torture.

- Dans cette chambre, tu n'appartiens qu'à moi ...

Heureux d'avoir fait raccroché mon camarade de chambre, je lui léchais le cou et commençai à le marquer sur le haut de sa clavicule. Je m'enflammais une nouvelle fois quand Nagisa commença à gémir. Cette mélodie était si enivrante.

- Karma...

Les soupirs du bleuté me faisaient perdre la tête. Et le fait qu'il ne me repoussait plus aussi fort qu'auparavant ne m'aidait pas à me contenir. Mes mains malmenaient toujours ses boutons de chairs et son dos frottait contre mon torse, me procurant une sensation délicieuse. Avec le temps, le petit s'était bien plié aux règles du jeu. Même si je savais qu'il était encore trop tôt pour qu'il avoue ressentir des sentiments pour ma personne, j'étais certain qu'il appréciait nos échanges de plus en plus intimes.

- On dirait que ça ne te dérange plus que je m'approche autant de toi..

Le bleu, comme piqué au vif dans son ego, me repoussa sauvagement. Puis me jetant un regard noir rempli de colère : 

- Si ça me dérange ! C'est.. c'est juste que ce jeu stupide me perturbe et je ne sais jamais comment réagir à toutes ses idioties qui semblent tant t'amuser !

Je le regardai stupéfait. Il était vrai qu'à force de changer de comportement avec lui entre la fac et notre chambre, je perturbais énormément l'androgyne et le constatais dans ses sauts d'humeur plus fréquents désormais. Alors que je pensais le faire enfin succomber, la réalité me sautait au visage : j'étais toujours dans un schéma de chantage et j'agissais encore en forçant le petit bleu. Il était victime de mes envies de plus en plus importantes et se soumettait pour ne pas briser notre amitié qui lui tenait à cœur.  Ce jeu n'était pas réel et ne montrait en rien les véritables sentiments de mon colocataire. 

Porte 212Où les histoires vivent. Découvrez maintenant