Chapitre 7 : Derrière la porte 212

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~~ PDV Nagisa ~~

- Hmm Att-...

Dans cette chambre d'étudiant, ne résonnait que le bruit des baisers échangés de force entre mon meilleur ami et moi. Je me débattais et essayais de le repousser mais il m'acculait, me piégeait, prenait possession de mes lèvres avec une facilité déconcertante. Plusieurs jours étaient passés depuis le commencement du jeu instauré par le rouge et je n'avais toujours pas trouvé de solution permettant de me sortir de là sans devoir déménager et briser cette amitié qui comptait tant pour moi. Alors je subissais. Le plus étrange dans cette histoire était bien que le reste du temps, je retrouvais mon meilleur ami tout à fait normal, plaisantant avec nos deux autres amis, m'aidant pour mes cours mais une fois la porte 212 fermée, je redevenais son jouet.

Nos lèvres se séparèrent et je profitai de cet interlude pour le tenir à distance de moi.

- T-tu peux pas arrêter s'il te plait... c'est vraiment plus drôle comme jeu...

- Tu trouves ? Moi je m'amuse comme un fou ! S'exclama t-il le sourire grandissant sur son visage.

- Et ben pas moi ! Ça n'apporte rien de bon...

- Oh si ! Tu embrasses mieux qu'au début !

Mes joues rosirent à ses paroles. Je ne m'attendais pas à cette réplique et la surprise me laissa paralysé. Puis, me risquant à le regarder directement, je fus captivé par son sourire malicieux toujours planté là ! Reprenant mes esprits, je poussai le rouge loin de moi et de son terrain de jeu qu'était devenu mes lèvres et me levai subitement.

- Je vais me doucher ! J'ai des devoirs à faire après !

- Ok vas y ! j'irais après toi... A moins que tu veuilles qu'on y aille ensemble ? M'interrogea t-il dans un ton charmeur.

- Non merci  !!!! m'écriais-je.

Je me précipitai, empoignant mes vêtements de rechange, et claquai la porte de la pièce d'eau derrière moi. Cette pièce devenait le seul refuge où je pouvais fuir les envies douteuses du rouge. Une fois dévêtit et rentré dans la douche, je laissai l'eau couler le long de mon corps nu. Karma se montrait si sûr de lui, si charmeur, tout ça pour ce jeu puéril ! Il pensait sans doute que je succomberais vite fait à ses avances mais tout cela était un grand n'importe quoi ! Depuis quand deux amis échangeaient-ils des baisers une fois enfermés dans leur chambre ? Je savonnais mon corps frénétiquement en m'agaçant intérieurement contre mon colocataire aux envies malsaines. Puis, la sonnerie de mon téléphone retentit et je reconnus le signal d'un appel de ma petite amie. Je décrochai et coupai net la conversation :

- Désolé Kayano, je prends ma douche. Je peux te rappeler dans 5 min faut que je m'habille et que je laisse la place à Karma.

Je raccrochai et déposai mon téléphone à côté de mes gels douche. Je m'habillai tout en repensant à Karma. Enfin surtout dans quelle situation étrange, nous étions. Je dévisageai mon reflet dans le miroir au dessus du lavabo. Par instinct, j'effleurai du bout des doigts mes lèvres gonflées. Le rouge les avait capturées et je n'avais pu le repousser. Je rougis en repensant à la scène et à la sensation ressentie.

- Nagisa tu as fini ? J'aimerais prendre ma douche pour réviser aussi un peu ce soir.

- Ah oui ! Pardon j'ai fini ! Répondis je en sortant de la pièce.

Je tombai nez à nez avec le garçon aux cheveux écarlates qui attendait son tour pour l'accès de la salle de bain. Ses yeux d'ambres me fixèrent un instant, s'attardant sur mes cheveux détachés puis il prit ma place dans la pièce d'eau, le sourire aux lèvres. Seul, assis sur mon lit, épongeant mes cheveux, mes joues me brulaient.

- Mais qu'est ce qui tourne pas rond chez moi ! Murmurais-je pour moi même.

Mon visage se réfugia dans mes mains. J'avais la possibilité d'arrêter ce jeu stupide qui chamboulait ma vie d'étudiant mais je n'osais pas. Je ne voulais plus utiliser les techniques d'assassinat apprises par le passé. Celles ci me remémoraient des souvenirs de la 3E et surtout de Mr Koro dont je n'acceptais toujours pas la fin funeste. Je m'étais promis de vivre une vie normale, de laisser derrière moi ce talent que j'avais démontré. Je désirais juste être un étudiant lambda en coloc avec son meilleur ami. Pourquoi il compliquait tout !? Même si je pouvais comprendre et entendre ses sentiments à mon égard, la manière dont il essayait de nous rapprocher et de construire une relation entre nous était complètement farfelue ! Pourtant, quand il me fixait de ses yeux dorés  empreints d'un désir trop longtemps contenu, je n'arrivais pas à le rejeter entièrement. J'étais si faible ! C'était comme ma relation avec Kayano, j'étais incapable de m'affirmer et de prendre une véritable décision. Une révélation s'éveilla brutalement dans mon esprit : Est ce que je trompais la jeune fille en participant à ce jeu avec Karma ?

- Ahhhhh ! Je suis horrible ! Me parlais-je à moi même.

Je ne voulais pas perdre l'amitié du rouge mais mon comportement était vraiment irrespectueux pour Kayano. Cependant, je me réconfortai en admettant que je n'avais aucun sentiment amoureux ni pour l'un ni pour l'autre. Non, ce n'était pas une excuse pour agir de la sorte. J'avais accepté de sortir avec Kayano même sans sentiment et attendais que germe en moi des sentiments amoureux pour mon amie à la chevelure verte.

- Mince, je devais la rappeler ! M'écriais-je en prenant conscience de mon inaction.

Je cherchai du regard mon téléphone mais ne le trouvai pas. Soudain, un bruit d'eau ruisselant m'annonçant que Karma était sous la douche me vint aux tympans. Je réagis au quart de tour et me précipitai d'ouvrir la porte de la salle de bain et lui criai :

- KARMA ! Attends ! J'ai oublié mon portable dans la douche !

Je me paralysai quand mes yeux se posèrent sur le corps nu de mon camarade de chambre. Une bouffée de chaleur remonta du plus profond de mon corps pour éclater sur mon visage comme une bulle de savon.

- Euh...je... mon portable... bégayais-je en le pointant du doigt

Il le ramassa et me le tendit sans un mot. Je saisis l'objet et évitant de croiser le regard du rouge, repartis. Troublé, je me laissai tomber sur mon lit. L'image du corps de Karma s'était gravé sur ma rétine. J'avais vite détourné les yeux, néanmoins l'eau de la douche dégoulinant sur son torse nu et ses cheveux humides collés à son front lui donnaient un air irrésistible. Combien de filles tuerait pour être à ma place et apercevoir ce spectacle ? Mon téléphone sonna me ramenant à la réalité. Kayano.

- Ah ... euh oui...  pardon Kayano. 

Porte 212Où les histoires vivent. Découvrez maintenant