Chapitre 30 : Briser le lien

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~~ PDV KARMA ~~

Ce soir, seul, couché dans mon lit, la jalousie m'envahissait. Ce sentiment nouveau qui me consumait de l'intérieur comme un feu incandescent et bouleversait mes réactions, grandissait à chaque nouveau jeu, chaque nouvel attouchement sur le corps de Nagisa. Je ne me maitrisais plus. Je me languissais de lui à chaque instant et supportait de moins en moins sa relation avec l'autre brocoli. Surtout que je ne m'expliquais pas comment le bleu pouvait continuer à jouer son rôle envers Kayano alors qu'on était allé si loin dans notre rapprochement, passant d'une relation chaste à une relation beaucoup plus charnelle et régulière. La désagréable impression d'être une maitresse dissimulant son amour pour un homme marié me hantait et obscurcissait mon cœur. J'étais là, dans notre chambre aux murs blancs à attendre le retour de l'androgyne parti en rendez vous avec sa petite amie. Plus l'heure s'avançait dans la soirée, plus la colère proliférait en moi. Nagisa ne m'avait toujours pas avoué clairement avoir des sentiments pour moi, pourtant je devais bien être important pour lui ? Etais-je, après être son meilleur ami, devenu seulement un plan cul ? Toutes ses questions qui inondaient mon cerveau me firent douter d'un possible avenir entre le bleu et moi...

~~ PDV NAGISA ~~

Ma soirée, normalement romantique avec la verte, me semblait être interminable. Je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais regardé l'heure sur mon portable en m'inquiétant que le temps ne passait pas et de la solitude de Karma dans notre chambre. Kayano m'avait d'ailleurs par deux fois déjà, fait la réflexion de mon manque d'intérêt pour la conversation. Puis, elle avait entamé le sujet périlleux qu'elle avait mentionné au téléphone :

- Donc tu serais d'accord Nagisa ? Demanda -t-elle le rouge aux joues.

- Ben euh.. tu sais Kayano je suis pas sur que ce soit raisonnable...

- On est plus des enfants Nagisa ! Puis t'inquiète pas je sais que ça peut être stressant mais pour moi aussi ce sera la première fois...

Un malaise sans précédent m'envahit. Je ne pouvais décemment pas lui affirmer que pour moi, non, ce n'était plus la première fois depuis bien longtemps, Karma m'ayant posséder de manière sexuelle un nombre de fois incalculable sans compter tous les préliminaires que le jeu de la chambre 212 engendrait. Je tentai de fuir de nouveau cette conversation :

- Je vais aller régler l'addition, je reviens.

- D'accord...

Je me levai rapidement et tournai le dos à son regard rempli de déception. Comment allais-je me sortir de ce pétrin ?

Marchant en silence dans les rues tamisées par la lumière blafarde des réverbères, je méditais à ma situation délicate. La voix de Kayano me poussa à sortir de mes pensées :

- Nagisa ?

Me tenant la main, elle avait stoppé notre marche, me retenant et gardait ses yeux rivés vers le sol. Je m'arrêtais donc, la détaillant dans sa tenue bien apprêtée que seule une fille amoureuse pouvait vêtir lors d'un rendez-vous avec la personne chérie. Soudain, ses yeux se braquèrent sur moi et une lueur envieuse dansait dans ses pupilles vertes. Kayano s'accrocha à ma nuque et se rapprocha de moi pour m'embrasser. Je fixai ses lèvres qui s'approchaient des miennes comme au ralenti. Brusquement, mon cœur explosa :

- NON !

J'avais prononcé mon refus avec une certitude qui me surprenait moi même. Ma tête s'était tournée par reflexe afin d'éviter le toucher de ses lèvres et je l'avais retenu à bonne distance de mon corps.

- Comment ça non? Me répéta-t-elle, incrédule.

- Euh ... Euh... J-je ...

Je ne trouvais plus les mots. Pourtant, à l'instant, dans mon esprit, tout m'avait paru si clair : je ne souhaitais pas embrasser Kayano. Auparavant, je l'avais déjà fait de nombreuses fois, cependant cette fois, mon corps rejetait sa personne. Maehara avait raison, j'allais finir par nous blesser encore plus car je n'étais définitivement pas amoureux d'elle. Je ne ressentais rien : aucun manque quand elle partait loin de moi, aucune envie irrépressible de la voir à chaque instant, et surtout mon cœur ne s'emballait pas quand je la touchais ou l'embrassais. Au contraire de Karma. Ce jeu de séduction chassé croisé me perturbait beaucoup plus que je ne voulais le laisser paraître. Mais c'était bien ses yeux d'ambres posés sur moi, ses mains qui me caressaient avec douceur et ses lèvres qui m'embrassaient fougueusement que je désirais. Était-ce ça l'amour ? Pour le moment, je l'ignorais mais je ne pouvais plus jouer cette comédie grotesque avec Kayano.

Porte 212Où les histoires vivent. Découvrez maintenant