Porte 212

Epilogue

~~ PDV Nagisa ~~

- Nagisa tu as fini ?

- Non il me reste encore deux trois objets à emballer

- ok bon je descends déjà ces cartons dans le camion et je remonte t'aider

- D'accord, à tout de suite.

Je regardai mon petit ami aux cheveux carmins prendre deux gros cartons et franchir la porte de notre chambre. Mes mains continuèrent leur travail d'emballer soigneusement la tasse avec un renard de Karma dans du papier journal. Un sourire apparut sur mes lèvres en observant attentivement la céramique. Puis, arrêtant mon empaquetage, mes yeux firent le tour de la pièce désormais vide de nos affaires personnelles. Déjà trois ans étaient passés et nous quittions aujourd'hui le dortoir et la chambre 212. Un sentiment de nostalgie s'empara de mon cœur. Je me levai faisant une dernière fois le tour de cette chambre où tout avait commencé. J'entrai dans la salle de bain et, à peine la porte franchie, les souvenirs m'assaillirent, la fois où j'étais rentré quand Karma prenait sa douche pour récupérer mon portable abandonné entre mes gels douches, ce miroir où mon reflet par plus d'une fois m'avait dévoilé mon trouble comme après notre premier baiser du jeu. Cette pièce au carrelage mural qui semblait se transformer en mon sanctuaire quand je désirais fuir la passion ardente de mon colocataire. Un ricanement sorti de la barrière de mes lèvres, en effet je m'étais réfugié beaucoup de fois ici. Je quittai la pièce et refermai la porte contre mon dos pour contempler notre chambre. Les bureaux vides de nos cahiers et autres livres semblaient bien tristes. La vision de Karma révisant jusque tard dans la nuit pendant la période des partiels me berça dans une mélancolie foudroyante. Mes doigts glissèrent lentement sur la tête de mon lit tandis que je fixais le matelas mis à nu. Toutes nos nuits passées ici s'effeuillèrent dans mon esprit comme une pluie automnale. Je revoyais chaque baiser échangé, chaque étreinte réconfortante, chaque mordillement exaltant que Karma me faisait subir à chaque nouveau jeu. Toutes ses nuits d'ivresses où j'avais succombé au plaisir charnel et à la luxure. Mon cœur s'alourdit, le fait de quitter cette chambre qui avait vu le commencement, certes étrange, de ma relation avec Karma m'attristait. Il ne restait plus rien, plus aucun signe de notre vie à deux ici. Même le tapis central où nous nous asseyons pour prendre notre petit déjeuner avait disparu pour laisser la place au dernier carton et à un fouillis de papier journal.

- Nagisa ? Qu'est ce que tu fais ?

Je sursautai à l'écoute de la voix de Karma. Plongé dans mes pensées, je n'avais pas écouté la porte se rouvrir ni vu le rouge pénétrait à l'intérieur de la pièce. Me sentant bête, j'essuyai frénétiquement mes yeux déjà humides.

- Tu pleures ?

Mon petit ami se rapprocha de moi pour détailler mes traits et mes yeux larmoyants, trahissant ce tourbillon d'émotions qui balayait mon cœur.

- Non c'est juste que ... ça me fait bizarre de dire qu'on ne reviendra plus jamais dans cette chambre alors qu'on a tant de souvenir ici...

Les bras si protecteurs de Karma vinrent m'enlacer et me blottir contre lui. A peine ma tête se posa contre son torse, que son odeur si enivrante et rassurante titilla mes narines.

- C'est normal que tu aies un petit coup de cafard mais dis toi qu'on sera toujours tous les deux et puis l'appart' est pas si mal quand même ! Il fait au moins quatre fois la taille de cette chambre !

Je rigolai devant l'essai de Karma de me réconforter. Oui l'appartement qu'on avait choisi ensemble était parfait et nous promettait une vie agréable en couple.

- Hmm tu as raison.

Sa main vint se poser sur ma nuque et releva doucement ma tête. A peine, ses yeux d'ambre rentrèrent en collision avec les miens que je sentis ses lèvres se posaient sur les miennes. Je fermai les yeux savourant pleinement ce baiser rempli d'amour et de tendresse que Karma m'offrait sans retenue. Le temps avait passé cependant mon amour pour lui n'avait fait que grandir de manière exponentielle sans jamais se ternir. La passion nous habitait toujours autant et nos échanges tendres se transformaient le plus souvent en un désir ardent dont l'envie brûlante nous poussait à satisfaire nos besoins immédiatement. La main libre de Karma se glissa sous mon tee-shirt et son contact sur ma peau me fit frissonner. Coupant notre baiser pour essayer de rester maître de mes émotions et ne pas déraper une dernière fois, je plongeai dans le feu dansant de ses prunelles dorées.

- Je finis de fermer le carton et on y va ?

- Hm. On finira à l'appartement...

Je rougis légèrement, mon petit ami ne perdait pas le nord et je ne pourrais pas m'échapper une fois de plus aujourd'hui.

- J'ai donné l'adresse au chauffeur. Ils poseront les cartons dans l'appart' tant qu'on sera chez Kanzaki et Sugino pour notre dernier verre d'étudiants. On déballera les cartons plus tard.

- Très bien. Isogai m'a dit qu'il nous rejoindrait après son boulot directement là-bas.

- Ok. 

Je me dégageai doucement de l'étreinte du rouge et, après un baiser chaste sur ses lèvres, je terminai mon carton. Ce dernier se fit ramasser bien vite par Karma et caler entre son bras et sa hanche. Ses doigts s'enlacèrent avec les miens me transmettant une chaleur rassurante et apaisante. Puis l'heure de quitter la chambre arriva, bien trop vite à mon gout. Après un ultime regard pour garder en mémoire chaque recoin, chaque détail de ce lieu de vie, la porte se referma et avec elle ma vie mouvementée d'étudiant. Les chiffres dorés 212 se reflétèrent une dernière fois dans mes yeux bleus et un rictus d'acceptation se traça sur mon visage.

Le jeu de la chambre 212 était terminé.

Les souvenirs qu'on a eut ici étaient doux et amer, joyeux et triste, surprenant et prévisible, cependant je ne veux en oublier aucun. On dit que la mémoire est un assemblage de fragments de souvenir et que se souvenir c'est comme avoir des illusions. Alors c'est avec l'optique d'en créer de nouveaux encore plus merveilleux avec toi, Karma, que mes pas prennent la direction du chemin de notre nouvelle vie...

~~ FIN ~~