Partie 1 - Chapitre 24

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César se décolla de moi avec un air satisfait. Sans doute souhaitait-il s'assurer qu'il exerçait toujours chez moi une certaine attirance. Mon corps et mes réflexes quasi animaux n'avaient pas pu lui mentir.

Je ne pouvais plus prétendre face à lui que sa personne me répugnait et que son aura de leader d'un groupe quasi-sectaire n'avait plus d'effet sur moi.

Pour combattre la déception qui m'animait lorsque César s'écarta pour monter dans la voiture sans un autre mot, je tentais de me remémorer ma promesse faite à moi-même quelques jours plus tôt dans la savane.

Ne pas lâcher prise face à son embrigadement.

Dans ma tête, tout n'était pas encore très clair. Avais-je des sentiments pour César ou cette réalisation avait seulement été un mirage créé par mon esprit manquant de sommeil et d'eau durant mon escapade dans la jungle ?

Bizarrement face à lui, je ressentais ce sentiment étrange qui me persuadait qu'il était impossible de ressentir des sentiments à son égard. Peut-être souhaitait-il que ce flou sentimental envahisse les esprits de toutes les femmes de la colonie. Cet égarement pouvait-il faire passer la satisfaction d'être celle qu'il choisissait pour de l'amour ?

Oui, c'était sûrement ça.

J'avais la sensation qu'il m'avait accordé plus d'attention qu'il ne l'avait fait à une autre femme devant moi dans la colonie, alors j'étais tombée dans le piège aussi facilement que les autres. Tout était prévu et bien rôdé pour que je me sente spéciale. C'est à dents serrées que j'admettais que, oui en effet, il m'avait fait sentir unique et qu'en mal ou en bien, il s'était introduit dans mon esprit comme un serpent avide.

« Tu montes ? »

César s'était retourné vers moi alors que ses pieds étaient déjà reposés sur le marchepied du véhicule.

Je hochais la tête doucement et, me dirigeant lentement vers lui, je me préparais mentalement à faire mes adieux à la Communa.

Je quittais enfin cet enfer.

Mais je le quittais pour un autre, sûrement pire et sans merci.

César démarra la voiture qui se dressa un chemin parmi le tas de boue épaisse qui empêchait la plupart des véhicules de circuler dans la jungle.

Je laissais pensivement le paysage défiler sous mes yeux. La petite habitation de la Communa rapetissait à vue d'œil. C'était comme un adieu à Yeison, Nana et Maria. Ils avaient été bons envers moi au début. Et puis, plus les jours avaient avancé, plus leur vraie nature s'était dévoilée.

Ils étaient tous pourris jusqu'à l'os.

La colonie et leur vie ascétique avaient eu raison des éléments les plus évidents d'humanité. La chaleur et l'humidité de la jungle nous tuaient tous à petit feu.

Moi y compris.

Je chassais cette idée de mon esprit. J'étais une survivante. L'espoir de retrouver ma vie d'antan revenait plus fort depuis que j'avais rencontré ces hommes inconnus dans la savane. Et même si leurs intentions à mon égard n'avaient été définitivement pas été bonnes, ils véhiculaient, malgré eux, l'espérance d'un monde libre à quelques kilomètres de la colonie.

Je savais que je devais continuer mes recherches et mes essais. Mais, je devais marcher droit. Deux complications intervenaient désormais.

La première, c'était que César avait fait avorter ma première tentative. Et je savais que, par conséquent, mes gestes allaient être contrôlés et observés avec attention.

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