3 janvier 2013
J'avais passé la soirée à prétendre que tout allait bien. J'avais vaguement expliqué à Luisa que j'étais restée avec César une partie de la journée, en omettant ce que j'avais fait ensuite.
Je me sentais nerveuse. Bien qu'Alejandra ne me jetait aucun regard, j'avais l'impression de sentir sa marque sur moi, comme si, en un seul baiser, elle avait réussi à inverser la tendance. J'avais toujours su que j'étais bisexuelle avec un penchant pour les hommes. Les quelques baisers que j'avais échangés avec des femmes m'avaient amusés mais ne m'avaient jamais retourné l'estomac comme Alejandra venait de le faire.
Il y avait quelque chose de profondément interdit. Je ressentais une sensation agréable de tromper César à son propre jeu. Que valait sa puissance si son harem délaissait toute son attention de lui ?
J'avais la sensation d'avoir acquis une nouvelle arme, quelque chose que j'avais en plus face à lui. Peut-être me trompais-je, mais ressentir un minimum de puissance ici était une chose bien trop rare pour que je puisse la laisser s'évader.
Et lorsque le lendemain, je fis face à César, ce ne furent pas les souvenirs de notre partie de jambes en l'air de la veille qui me vinrent à l'esprit. Ses yeux avaient croisé les miens et je lui avais lancé un léger sourire amusé. Sa mine surprise valait tout l'or du monde. Il ne me voyait rarement aussi confiante et de bonne humeur le matin, lors de son allocution quotidienne.
Il m'avait assigné une tâche rapide et peu contraignante, que j'allais finir en quelques heures à peine. Je savais que c'était une invitation pour le rejoindre après. Parfois, les mots n'étaient même plus nécessaires pour comprendre ce qu'il avait en tête.
Mais lui ignorait ce qu'il se trafiquait dans mon esprit. Il n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé entre Alejandra et moi. Jamais, il ne pourrait apprendre que je m'étais mis à ressentir du désir pour une personne, autre que lui, dans cette colonie.
Toujours le sourire aux lèvres, je m'étais mise en route pour mon travail du jour avec les autres femmes qui y avaient été désignées. Aussitôt arrivée, je m'étais mise au travail et avait peu rechigné lorsque la tâche devenait épuisante.
L'esprit ailleurs, la journée de travail passait beaucoup plus rapidement. Je n'avais même pas vu passer la matinée et, au moment de déjeuner, je savais qu'il me restait à peine une heure avant que je ne sois libre.
J'avais vaguement discuté avec mes coéquipières que je ne connaissais pas, venant d'autres maisons. La plupart étaient légèrement plus âgées que moi, et surtout plus fatiguées. Je retrouvais dans leurs yeux cette lueur morne qui me terrorisait tant. Le fait qu'elles se soient convaincues que jamais elles ne pourraient sortir d'ici se ressentait à travers leurs âmes et cela m'attristait plus que tout au monde.
A la différence des autres femmes de la colonie, nous qui gravitions autour de César avions cette énergie stimulante de chercher à être celle qu'il apprécierait le plus et, en quelque sorte, cela nous permettait d'avoir la tête hors de l'eau. Pour les autres, je n'osais imaginer ce que cela représentait de vivre dans une minuscule baraque habitée par un homme et une ou deux femmes maximum.
En petit nombre, la rivalité féminine n'avait pas cette saveur addictive qui faisait croire à n'importe qui qu'il pouvait gagner la partie. La solitude de ces femmes se conjuguait alors à cette absence d'espoir et de liberté.
Leur vie n'était que travail dans cette jungle étouffante. J'étais certaine qu'il y avait uniquement Maria qui avait été la seule femme à entrer de son plein grès dans la colonie. Personne de sensé n'aurait voulu s'engager dans cette usine monstrueuse où le patriarcat se concentrait dans une essence pure.
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Colonia
Roman d'amour"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...