J'avais mis plusieurs heures avant de réussir à m'endormir.
La peur, le stress et l'inconnu dans lequel j'étais plongé empêchaient mes muscles de se détendre et mes yeux de se fermer.
Plutôt mourir que d'avouer que j'avais peur de César, peur de sa secte et des mécanismes psychologiques qu'elle impliquait. Je venais de plonger dans un univers où tout était calculé pour me manipuler afin que je plonge dans ses bras.
J'avais cette horrible sensation que si je fermais les yeux, je baissais ma garde et que pendant mon sommeil, on en profiterait pour m'imposer un lavage de cerveau.
Ces idées absurdes me poursuivirent jusqu'à quatre heures du matin, heure à laquelle je décidais de me lever, histoire de me désaltérer pour me changer les idées. J'étais sortie de mon lit, longeant les matelas disposés en ligne dans le dortoir dans lequel je dormais avec les arrivantes les plus récentes. Luisa m'avait promis que bientôt j'allais rejoindre son dortoir. Je n'attendais que ça. Un visage légèrement familier aurait peut-être le don de faciliter mon sommeil.
La maison était plongée dans un profond silence et seuls les bruits de mes pieds sur le parquet centenaire troublaient ce calme ambiant.
Je m'étais dirigée jusque dans la salle de bain commune et après avoir bu plusieurs gorgées, je me passais plusieurs gouttes d'eau fraîche sur mon visage, tiraillé par mes préoccupations.
Je m'observais alors d'un peu plus près, dans le reflet du miroir. J'avais quelques cernes, mais mon visage ne reflétait pas le désordre intérieur dans lequel je me trouvais. Cela faisait à peine 48h que j'étais captive de la secte. Ma peau avait encore cette teinte rosée et cette impression rebondie.
Peut-être m'imaginais-je déjà à moitié cadavérique. Je n'ignorais pas, grâce à mes études de psychologie, que le physique des individus était impacté les premiers instants d'un enlèvement. J'allais pouvoir m'observer, telle une scientifique menant ses expériences.
Être mon propre cobaye avait quelque chose de rassurant. Beaucoup plus sécurisant que l'idée d'être la souris de laboratoire de César, qui pourrait prendre sans doute grand plaisir à me tourmenter.
En parlant de lui, je fus distraite par les lumières qui provenaient de sa maison, que j'apercevais dans le reflet du miroir. Je me retournais et me dirigeais doucement vers la fenêtre qui donnait une agréable vue sur une partie de l'étendue verte où se trouvait au centre le baraquement de César.
Je fronçais les sourcils, tentant de discerner une silhouette humaine mais j'étais trop loin. J'ignorais si César était encore debout à cette heure-ci. Peut-être qu'en plus d'être un dangereux manipulateur, ce dernier était insomniaque.
Quoi qu'il en soit, cette idée me suffit à vouloir regagner mon lit. Je n'avais aucune envie que quelqu'un ne se rende compte de ma présence à une heure pareille, en train de tenter d'espionner le bourreau de la secte.
Avec le même silence qui m'avait accompagné à l'aller, je regagnais mon lit. Et cette fois-ci, le sommeil réussit à m'atteindre dans les minutes qui suivirent.
***
Lorsque je m'étais réveillée, le lendemain matin, une vague d'espoir m'avait envahie. Et si ce n'était qu'un mauvais rêve? Et si finalement je n'avais été que plongée dans un songe délirant et qu' une fois mes yeux ouverts, j'allais revoir ma petite chambre d'étudiante avec sa fenêtre donnant sur le marchand de fruits et légumes de la rue d'en face?
Mes espérances se brisèrent brutalement lorsque,en ouvrant les yeux, j'aperçus le dortoir interminable et les nombreuses femmes qui y sommeillaient encore.
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Colonia
Romance"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...