Aussitôt rentrée dans mon habitation, je me précipitai dans la salle de bain, ignorant la question de Luisa qui me demandait comment s'était passé mon rendez-vous.
Au diable Luisa. Au diable toutes les mauvaises oreilles qui n'attendaient que le récit de ce foutu rendez-vous.
Je me déshabillais avec rage et alla sous la douche, espérant faire quitter de mon corps ces sensations qu'il avait réussi à provoquer. L'eau froide commença à se déverser et je frissonnai. J'ignorais si cela était dû aussi au souvenir de ses paroles. Comment pouvait-il oser me dire ça? Comment pouvais-je être autant perturbée par ses mots?
Je m'étais laissée allée dans ses bras, appréciant le contact de nos peaux, son soutien, ses yeux qui s'excusaient. C'était exactement ce qu'il voulait.
Qu'est ce qu'il m'arrivait? Quel sort m'avait-il jeté?
Je passai l'eau sur mon visage, frottant énergiquement ma peau. Il avait raison, je n'étais pas comme les autres filles de la colonie. J'étudiais la psychologie humaine depuis des années, reconnaissant quel caractère pouvait en asservir un autre. C'était ma clé de sortie.
Mais pourquoi sa machination marchait-elle parfaitement sur moi?
Je grommelai de rage tandis que j'attrapai le savon jaunâtre qui traînait dans un coin. Le support affectif qu'il employait était parfait pour manipuler les individus. Il m'avait soutenu dans un moment difficile. Il m'avait apaisé avec ses mots. J'avais aimé être dans ses bras.
Le problème, c'est qu'il était à l'origine de la douleur. Et qu'il avait sûrement tout calculé.
***
Le lendemain, lorsque je m'étais réveillée, je me sentais particulièrement anxieuse. J'avais profondément peur que César m'affecte une nouvelle fois dans les serres. Peut-être appréciait-il me voir dans cet état de faiblesse?
Alors, dans le froid matinal, je persistais à me tenir droite malgré mes courbatures de la dernière semaine. Je redoutais si fort le moment où César allait apparaître sur le pas de la porte que mes mains ne pouvaient s'empêcher de trembler.
La poignée de sa maison bougea puis ce dernier fit son apparition. Je fermai les yeux, attendant que César déploie sa liste et cite les prénoms des affectations. J'étais morte de peur. Je ne pouvais pas supporter un jour de plus sous la chaleur cuisante des serres. Quand vint mon nom, il marqua un léger silence, faisant durer le suspens quelques horribles secondes de plus.
« Ila, Luisa et Alberta, vous travaillez en cuisine. »
Mon corps relâcha la pression et avec un soupir de soulagement, je hochai la tête. Il avait écouté ma demande. J'avais bien conscience qu'il venait de m'accorder une faveur et que les conséquences ne tarderaient pas à suivre. Mais pour l'instant, je ne pouvais que me réjouir de ne pas retourner dans cet enfer. Un jour de plus et la fatigue m'aurait foudroyée.
Sans réaliser ce qu'il venait de se passer entre lui et moi, je vis la foule commencer à s'éparpiller et je me mis à chercher Luisa et Alberta du regard. Quand je les vis, je sentis une pression sur mon bras venant de derrière moi. César venait de m'attraper. Il avait le visage fermé, bien différent de lorsqu'il m'avait laissé la veille. Je savais qu'il n'avait convié aucune femme aujourd'hui.
« Tu viendras me voir à 20h ce soir » me souffla-t-il d'une voix ferme.
Après la surprise, une lueur d'appréhension passa sur mon visage. Il ne m'avait pas lâché des yeux, semblant même satisfait de ma réaction.
« Je ne te demanderai pas des faveurs que tu refuses. » ajouta-t-il, comme si cela était nécessaire.
Je hochai la tête silencieusement. J'ignorais ce qu'il préparait, cela ne semblait pas de bonne augure malgré sa promesse.
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Colonia
Romance"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...