Partie 2 - Chapitre 21

539 35 42
                                    

J'avais été à peine consciente lorsque plusieurs hommes étaient entrés dans la pièce avec un brancard. Je ne réalisais pas plus ce qu'il se passait autour de moi lorsqu'on m'allongea sur la banquette arrière du 4x4 que Térence avait fait affréter si mes souvenirs étaient bons. 

J'avais très chaud et paradoxalement des frissons. Je sais que le médecin s'était adressé à moi avec une empathie étonnante. Il avait regretté ne pas pouvoir m'administrer de médicaments pour faire baisser la fièvre sous peine d'aggraver l'infection. Mais je me rappelais de ces mots réconfortants alors qu'on m'emmenait. 

"Vous allez survivre mademoiselle. Ils vous amènent dans un hôpital, un vrai, celui du monde extérieur."

J'avais faiblement hoché la tête et j'ignorais même s'il s'en était rendu compte. C'était peut-être la fièvre qui parlait à ma place, mais quitter la jungle relevait d'un signe du destin pour moi. Cela faisait plusieurs mois que je ne m'étais pas rendue dans le monde civilisé. Cette maladie était quasiment un miracle.  

La voiture avait démarré et je l'avais sentie s'élancer dans la forêt tropicale à pleine vitesse. A partir de cet instant là, mes paupières s'étaient baissées et j'avais dormi pendant le reste du trajet. 

Je ne fus réveillée que par une presse sur mon avant-bras. 

"Réveille toi, on est arrivés."

J'entrouvris les yeux et les levai vers Térence qui m'observait l'air dur. Je tentai de me relever mais c'était peine perdue. Mes bras tremblaient de faiblesse et j'avais un doute sur le fait que mes jambes puissent me maintenir debout. 

J'entendis Térence soupirer d'agacement et se rapprocher de moi. 

"Viens là." m'ordonna-t-il tout en attrapant mes jambes pour les tirer vers lui. 

Je me laissais faire comme une poupée, incapable de réagir autrement. Et tandis que Térence m'attrapait dans ses bras, je réalisai que nous étions sur un parking désert. Il y avait plusieurs choses qui attisaient ma curiosité. Le goudron présent sur le sol, des bâtiments en pierre au loin, la végétation contrôlée. 

Mais surtout l'absence d'hommes de Térence. 

"Il n'y a que toi?" demandai-je faiblement. 

Térence ne m'adressa même pas un regard et ferma la porte du 4x4 d'un coup de hanche. 

"Tu crois que j'allais te laisser seule aller à l'hôpital avec un de mes hommes? me demanda-t-il le ton froid tandis qu'il se mettait à avancer moi dans ses bras, non... Je préfère te surveiller moi-même plutôt que de risquer que tu ne t'échappes."

Je ne répondis rien, bien que le fait de savoir que j'allais bénéficier de soins dans les instants qui suivaient, je me sentais toujours aussi faible. Et surtout trop faible pour rétorquer à cette armoire à glace qu'était Térence. 

Au bout de quelques minutes, je sentis que nous étions entrés dans un bâtiment blanc que je présumai être l'hôpital. J'entendis Térence échanger avec une personne mais les voix étaient devenues floues. 

Soudain, mon corps quitta son enveloppe chaude et je sentis qu'on venait de m'allonger vers un brancard. Le reste dont je me souvenais était la sensation d'une piqûre sur mon avant-bras et puis ce fut le trou noir. 

***

5 mars 2013

J'ignore au bout de combien de temps je m'étais réveillée. 

Lorsque j'avais ouvert les yeux, j'étais allongée dans une chambre d'hôpital blanche et hermétique. J'avais cette drôle de sensation d'être en sécurité. J'étais seule dans la pièce qui était séparée des autres patients par les rideaux bleus turquoise typique des hôpitaux colombiens. 

ColoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant