Partie 1 - Chapitre 13

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Quelques jours étaient ensuite passés, sans que César ne me fasse convoquer dans son bureau. J'y voyais une certaine logique. En effet, les filles continuaient de défiler sous mes yeux, chacune d'entre elles rentraient du rendez-vous l'air ébahi et les cheveux ébouriffés.

César entretenait ses relations et désormais j'en faisais partie. Et malgré moi, je commençais à ressentir cette piqûre de jalousie. J'aurais presque voulu que ce soit moi qui soit convoquée, chaque soir, pour être de nouveau confrontée à son regard vert et perçant.

Je secouais la tête pour tenter de chasser ces idées qui s'étaient accrochées dans mon esprit sans que je donne mon accord.

Cependant, mes seuls bols d'air se résumaient à des journées de travail, au milieu de mes sœurs ou des discussions avec Luisa et ses amies proches.

Malgré moi, je me laissais aller dans la routine de la colonie. Je devais avouer, César avait fait un boulot formidable. Tout était calculé pour qu'à un certain moment, je finisse par tirer un certain plaisir à être coincée ici.

Je détestais voir à quel point sa machination était parfaite. De mon lever à mon coucher, il avait fait en sorte que les filles de la colonie n'aient qu'un seul prénom en tête, le sien.

Je tombais dans son piège la tête la première et à aucun moment, j'avais l'impression de pouvoir contrôler ma chute. Notre jeu de séduction était comme une drogue. Chaque jour, je m'enivrais seulement par la pensée d'un jour céder à cette tentation. Cette idée interdite de le laisser me posséder me laissait parfois folle de désir.

Mais parfois, son danger me clouait sur place. Céder à ce plaisir, c'était signer un pacte de destruction et je n'étais pas prête à signer ça.

Alors, plus les jours avançaient, plus je marchais au bord du vide, me réjouissant de ne pas être encore tombée car César ne semblait toujours pas décidé à me laisser en paix.

A chaque instant où nos regards se croisaient, j'avais le droit à une œillade brûlante de sa part, me rappelant aussitôt le moment que nous avions partagé.

Cela pouvait survenir au petit matin, lorsqu'il faisait son discours en assignant les tâches de la journée, comme les moments où le hasard faisait que nos routes se croisaient.

S' il me voyait en présence de mes sœurs, elles devenaient invisibles pour lui. Je devenais son objet de distraction et à chaque fois que son regard se posait sur moi, j'avais la désagréable sensation qu'il tentait de me faire réagir, coûte que coûte.

Pourtant, il ignorait une chose capitale. Au fil des jours passés à travailler dans les serres et dans les différents lieux de la colonie, j'avais pu récolter un nombre suffisant d'informations sur les moyens de s'échapper d'ici. Elle se situait en plein milieu de la savane. Et lorsqu'on n'y prêtait pas attention, on avait l'impression qu'aucun échappatoire n'était possible, mis à part emprunter à la nage l'un des milliers de fleuves de la région.

Bien sûr, il y avait la camionnette qui menait chaque jour les hommes qui travaillaient dans les serres et que j'avais utilisée plusieurs fois, lorsque César avait mené sa vengeance contre moi. Marquée par cette expérience, j'avais délibérément éliminé cette possibilité, les hommes qui la conduisaient la défendaient farouchement et semblait plus s'enfoncer de la savane plutôt que de s'en éloigner.

Mais il y avait une autre solution. Le bateau que j'avais emprunté à mon arrivée effectuait, plusieurs fois par semaine, le trajet en sens inverse. Je n'avais compris pourquoi au départ, puis on m'avait expliqué que la secte vendait une partie de la production de fruits et légumes de ses serres.

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