Partie 2 - Chapitre 2

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Il m'avait fixé quelques secondes de plus silencieusement. Il semblait profondément plongé dans ses pensées. Je n'aurais pas tenté de m'y aventurer, de peur de découvrir s'il réfléchissait encore à l'éventualité de m'abattre au bord de cette foutue chute d'eau.

« On rentre à la maison. » dit-il soudainement en baissant son arme.

J'émis un soupir de soulagement qui n'échappa pas à César qui leva la tête vers moi automatiquement.

« Ne pense pas que tu sois tirée d'affaires, Ila. » ajouta-t-il froidement.

Je lui jetai un regard inquiet. C'est ce qu'il attendait. Que j'aie peur, de lui et de ses réactions. Je fis quelques pas vers lui pour me rapprocher. Je voulais qu'il sache que je voulais être près de lui, que j'avais compris que c'était un de mes seuls moyens de survie ici.

Pourtant, il ignora ma tentative. Il avait toujours ce regard noir sur moi et je ne pouvais m'empêcher de fixer son arme qu'il n'avait toujours pas rangé. Pourquoi s'obstinait-il à la garder en main ?

« D'abord, tu tentes de t'échapper de ma colonie. Puis, quand j'ai estimé que tu avais compris la leçon, tu t'aie faite remarquer une fois de plus en découvrant mon studio de vidéo-surveillance. Et maintenant, je te surprend en train de parler avec mon damné de frère. Quelle sera la suite Ila ? Bientôt, tu vas fomenter un complot contre moi ? , demanda-t-il la voix menaçante.

- César... », murmurai-je.

Je plongeai mes yeux dans les siens, espérant capter son regard.

Je levai mon bras et ma main vint saisir la sienne. Ne cessant notre échange, je continuai.

« Je ne veux pas te détruire. » tentai-je faiblement.

Mon pouce vint caresser l'intérieur de sa main. Je voulais le déconcentrer, qu'il puisse oublier que j'avais collectionné les erreurs qui pouvaient conduire à ma perte. Je savais que je ne mentais pas. Je ne voulais pas le détruire.

Parce que je savais que je ne pouvais pas le détruire tout de suite.

Si j'espérais pouvoir sortir un jour d'ici vivante, je devais faire des sacrifices. César pouvait disposer de moi comme un objet. Il me l'avait prouvé maintes et maintes fois et la soirée du solstice d'été ne pouvait que le prouver.

Il jouait à l'homme possessif et passionné. Pourtant, il n'avait pas hésité une seule seconde à me livrer aux autres hommes de la colonie pour une nuit. Je n'étais qu'une possession pour lui dont il pensait pouvoir jouir comme il l'entendait. Me détruire pour mieux me récupérer. C'était sa stratégie.

« Tu le sais très bien. » rajoutai-je en chuchotant à moitié.

J'effectuai un pas vers lui, continuant à le fixer dans les yeux. La tête levée vers lui, je savais que j'étais dans une position de soumission. C'est ce qu'il attendait. Son regard s'était légèrement adouci malgré la fureur qui brûlait encore dans ses yeux.

Ma seconde main se leva et alla caresser l'arrière de son cou.

« Si j'ai fui, c'était pour retrouver ma liberté. Mais j'ai compris la leçon. Je ne peux pas m'échapper d'ici. »

Je fis de nouveau un pas et, avec résolution, je continuai :

« Pour le reste, ce n'était qu'un concours de mauvaises circonstances. Je n'ai jamais voulu découvrir tes caméras, ni ton frère. »

Son mâchoire se contracta à l'évocation de son frère mais je sentais qu'il était en train de se calmer. Ma main se promenait sur le bas de son visage. Je fixai son visage, guettant n'importe quel signe qui m'indiquerai qu'il avait baissé les armes.

Je savais que ce que mes yeux exprimaient, à savoir du désespoir et de la peur, était vrai en partie. L'avant de mes sourcils était soulevé vers le haut. Je voulais qu'il croit en ma sincérité. Alors, j'entrouvris légèrement les lèvres et fixa les siennes.

« Tu es incomparable Ila. » lâcha-t-il en soupirant.

J'approchai mon visage du sien et ses bras vinrent entourer ma taille.

« Incomparable pour toi. César. Je le suis pour toi. » répondis-je avec détermination.

Sa réaction ne se fit pas attendre. Ses yeux changèrent du tout au tour et passèrent de la colère noire à ce désir profond. Il aimait ce que je lui disais. Alors, je n'hésitai pas et je me penchai vers lui pour écraser mes lèvres sur les siennes.

A son contact, mon cœur palpita fortement. Je savais que l'adrénaline y était pour beaucoup. Il avait enfin rangé son arme dans son dos et son attitude menaçante avait disparue. Pourtant, je savais que mon corps ne se réjouissait pas seulement d'avoir survécu. Je savais que je désirais ce baiser.

Mais je savais que je désirais bien plus.

Et César en avait conscience. Il approfondit notre baiser et attrapa mon cou de manière possessive. Je gémissais légèrement contre ses lèvres et je collai mon corps au sien.

Ma main s'aventura sur son torse et commença à baisser vers son entrejambe. Mais sa main saisit mon poignet me stoppa. Je lui jetai un regard intrigué.

« Tu n'imagines pas à quel point j'en ai envie. Mais je préfère attendre que nous rentrons. Il y a quelque chose que nous devons faire, toi et moi. » m'expliqua-t-il avec un sourire narquois.

Je l'observai perdue. Alors il rapprocha alors sa bouche de son oreille et, de son regard malsain, il me chuchota :

« Moi en toi. Ila. On ne peut pas repousser ce moment ad vitam eternam. »

Mon ventre fit un looping comme s'il venait de sauter de plusieurs mètres. La tension qui m'habitait depuis quelques instants venait de prendre une toute autre saveur.

Je hochai difficilement la tête.

Il mettait sur le doigt sur quelque chose qui m'avait tramé l'esprit les moments où je m'autorisais à penser à nous. Jamais nous n'avions encore partagé à ce point notre intimité. Pourtant, j'en avais envie. Autant que lui j'imagine.

César eut un regard satisfait et embrassa ma tempe. Puis il pressa ma taille et m'intima à avancer.

« Monte dans la voiture beauté. Je ne veux perdre aucune minute avec toi. »

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