Face à la bicoque en bois tropical, je me tenais droite, ignorant les chuchotements des femmes autour de moi. Je frissonnais à cause du froid. Même si le temps devenait de plus en plus sec, les températures restaient froides au petit matin, lors de l'éternel laïus despotique de César.
« Luisa, Alejandra, Josie et Ila, vous travaillerez à la laverie aujourd'hui. »
Je hochai la tête, copiant le mouvement de Luisa et évitant, par la même occasion, le regard mauvais qu'Alejandra me lançait. La journée allait être secouée si nous devions passer plusieurs heures à quelques mètres l'une de l'autre.
« Ah, et Ila, tu viendras me voir en fin d'après-midi. »
Je levai la tête, rencontrant le regard perçant de César. Je sentis mon visage brûler, mais, fort heureusement, il détourna le regard rapidement et j'osais espérer qu'il ne m'ait pas vu rougir à l'évocation d'un moment avec lui. Le dernier remontait à si longtemps.
Sur la route pour la laverie, j'aperçu Alejandra me lancer des regards noirs. Même si je tentais de le cacher au maximum, mon sourire mauvais restait placardé sur mon visage. Comme pour une vengeance personnelle, elle décida arbitrairement que Luisa et moi allions nous occuper des tâches les plus ingrates de la laverie. Mais je n'en avais que faire. La journée allait se dérouler dans le lent plaisir d'attente de mon rendez-vous. Les vagues de haine d'Alejandra ne pourraient pas m'atteindre.
Quelques temps plus tard, lorsque la journée de travail avait déjà été bien entamée, Luisa apporta le sujet de César sur la table.
« Tu es stressée pour ce soir ? » me demanda-t-elle.
Je lui jetai un regard amusé tandis que cette dernière versait la mixture, mélange de savon et de lessive, destinée à nettoyer les textiles de la colonie. Luisa avait le don pour poser des questions sans aucun filtre. Rien qu'au ton de sa voix, on devinait que la curiosité l'animait, et qu'ici, il y avait forcément une pointe de jalousie.
« Je ne sais pas..., je fis une pause faisant mine de réfléchir, puis reprit, cela fait si longtemps que je n'ai plus passé un moment seule avec lui.
- Mais quand tu as fait ton retour ici, tu sortais de chez lui ! »
Luisa rougit automatiquement, gênée par son empressement de sa question. Il semblait qu'elle n'était pas une des seules filles de la colonie à ne pas avoir oublié mon arrivée fracassante. Alejandra et d'autres filles venaient d'arriver dans la pièce, tenant des piles de vêtements entre leurs bras.
Jetant un regard à Alejandra, je me retournais vers Luisa. J'avais irrépressible envie de lui lancer une pique.
« Ce n'est pas à ce moment-là qu'on a couché ensemble. » répondis-je malicieusement.
J'entendis le claquement produit par la chute des vêtements jetés avec fracas par Alejandra. Tournant la tête vers elle, je fis son regard déformé par la colère. J'avais conscience que je la cherchais. Quelque chose au fond de moi se disait que, par peur des représailles de César de la dernière fois, elle ne tenterait rien de violent contre moi.
Et j'avais raison. Elle ouvrit la bouche, souhaitant dire quelque chose, avant de se raviser et de partir en furie. Visiblement, elle était énervée mais j'ignorais contre qui allait-elle faire passer sa colère si ce n'était pas moi.
Luisa avait à peine remarqué la scène, trop concentrée à réfléchir à sa prochaine question et à placer les vêtements dans le grand bassin de nettoyage. Je la coupai avant même qu'elle n'ait le temps d'ouvrir la bouche.
« Est-ce que tu pourrais m'aider à voir Carol dans les prochains jours ? »
***
En fin de journée, je sus que le moment était venu pour moi de me rendre chez César. L'appréhension avait monté graduellement tout l'après-midi et atteignait désormais son comble.
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Colonia
Romance"𝕿𝖚 𝖑𝖊 𝖘𝖆𝖎𝖘 𝖆𝖚𝖘𝖘𝖎 𝖇𝖎𝖊𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖒𝖔𝖎, 𝖑𝖆 𝖋𝖗𝖚𝖘𝖙𝖗𝖆𝖙𝖎𝖔𝖓 𝖈𝖗𝖊́𝖊 𝖑𝖊 𝖒𝖆𝖓𝖖𝖚𝖊. 𝕰𝖙 𝖈'𝖊𝖘𝖙 𝖊𝖝𝖆𝖈𝖙𝖊𝖒𝖊𝖓𝖙 𝖈𝖊 𝖉𝖔𝖓𝖙 𝖏'𝖆𝖎 𝖇𝖊𝖘𝖔𝖎𝖓 𝖖𝖚𝖊 𝖙𝖚 𝖗𝖊𝖘𝖘𝖊𝖓𝖙𝖊𝖘." Ila a été forcée d'entrer dans un...