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— Alors, comment s'est passée ta première journée ? me demanda Madeleine alors que je montais dans la voiture à ses côtés.
— Bien.

Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres, visiblement satisfaite pour moi.

— Tu me racontes ? me demanda-t-elle alors qu'elle désactivait le frein à main pour redémarrer.

J'avais raison en arrivant: ma tante était adorable mais envahissante. Beaucoup trop.

— Ce soir, si tu veux, répondis-je en feignant un sourire.

Elle haussa les épaules et prit un virage.

— J'avais une question... Je me la posais en allant au boulot ce matin... intervint-elle.
— Mmh ?
— Tu es déjà allée voir un psychologue ?

Je tournais la tête vers elle en la dévisageant.

— Pourquoi faire ?
— Juste comme ça.

Elle avait l'air soudainement crispée.

— Madeleine, pourquoi cette question ? répétais-je.
— Je me demandais simplement. Tu sais, je suis au courant de ce qu'il s'est passé chez ta mère, je voulais juste m'assurer que ça allait, me rassura-t-elle.

Je fronçais les sourcils en la regardant. Elle fixait la route comme pour éviter de croiser mes yeux.

— C'est une blague hein ? finis-je par lâcher.
— M.Wilson aussi se le demandait. Ta mère est loin d'être quelqu'un de bien mais elle a des qualités incroyables pour cacher ce qu'elle veut garder cacher.

Je ne répondais pas. Je ne voulais pas parler de Mam' et l'idée d'aller consulter quelqu'un ne m'enchantait que très peu, surtout à cause d'elle.

— Je ne suis pas aller voir de psy et je ne veux pas en voir, déclarais-je d'un ton froid.
— Je pense que ça pourrait pourtant t'aider.
— J'ai fait dix-sept ans sans psy, j'en ai pas besoin maintenant.

J'étais à nouveau irrité et ça s'entendait par mon ton agressif. Mon regard se perdit dans le vague, sur la route qui me ramenait à mon nouveau chez moi.

— Tu penses que je suis folle pour vouloir que j'aille voir un psy ? demandais-je finalement en fixant ma tante.

C'était une question sincère malgré mon expression renfrognée. J'étais arrivée à Miami depuis quatre jours maintenant, et ma tante prenait déjà ma vie en main, me proposant carrément d'aller voir un psychologue.

Madeleine me regarda avec un air outrée.

— Bien sûr que non. C'est pas parce que je te propose d'aller consulter que tu es folle ma grande.

Je ne répondais pas. Je savais qu'elle ne voulait que mon bien, j'en avais eu la preuve durant les nombreux procès où elle voulait obtenir ma garde.

— En fait, je pense que déballer ton sac et parler à quelqu'un pourra t'aider à évoluer. On ne peut pas guérir si on garde toujours le même pansement, eh bien c'est pareil pour ce que tu gardes enfouis en toi. Tu ne peux pas aller mieux si tu ne te débarrasse pas de tout ça. Tu comprends ?
— Ouais... fis-je, peu emballée par l'idée.
— Je ne veux pas te forcer la main. Si tu veux le faire, tu le feras.

Je m'abstenais de répondre encore une fois. Quelques minutes plus tard, ma tante gara la voiture devant la maison et nous entrâmes. Déjà épuisée par cette journée, je ne voulais pas rester ici à tourner en rond. Je montais alors dans ma chambre, allant chercher ma planche que j'avais glissé sous mon lit avant de redescendre aussitôt.
Depuis que j'étais arrivée en Floride, je n'avais pas encore eu l'occasion de monter sur mon skate, de sentir mes cheveux claquer dans mon dos, d'avoir le vent en pleine face. C'était pourtant les sensations que j'aimais le plus. Je prévenais Madeleine que je sortais et ouvrais la porte avant de descendre les escaliers du perron.

Je montais sur ma planche, donnais quelque coups puis sortais mon portable de la poche de ma veste en jean, en cherchant le nom de Peter dans mes contacts.

— Allô ? résonna sa voix depuis mon portable.

Je donnais encore un coup avant de me stabiliser sur mon skate et de baisser le regard vers mon écran, là où le visage aux yeux bridés de mon meilleur ami apparaissait.

— Salut Peter !
— Salut ! T'es où ? demanda-t-il, curieux.
— Je vais rejoindre le skatepark dont je t'ai parlé vendredi.
— Je veux voir des photos alors.
— Promis.

Il eut un petit sourire.

— Comment s'est passé ta première journée ?
— Ça a été.
— Les gens sont cool ?

Je fis une moue tout en haussant les épaules.

— On va dire qu'ils sont spéciaux. Gentils mais spéciaux.

Je baissais le regard vers mon écran en entendant Peter éclater de rire. Je ne pus retenir un léger sourire.

— On attire ce qui nous ressemble.
— La ferme.

Il se moqua de moi un instant puis je repris:

— D'ailleurs Peter... fis-je en reprenant mon sérieux, Ma tante Madeleine veut que j'aille voir un psy. Enfin, elle me l'a implicitement fait comprendre.

Mon meilleur ami arrêta de rire et me regarda à travers mon écran avec des yeux ronds.

— Mais pourquoi ?
— Elle pense que ça me permettra d'avancer.

Il ne répondit pas tout de suite.

— Tu penses que ça va t'aider ?
— Je sais pas, de toute façon je ne veux pas y aller, répliquai-je.
— Tu refuses catégoriquement ou tu te laisses une occasion pour plus tard ? me demanda-t-il.
— Je sais pas.

Il eut une petite moue.

Je pense que ça pourrait t'aider... si t'en a besoin évidemment.

Je haussais les épaules.

— Enfin bref, je dois raccrocher, mentais-je. Bisous.
— Bisous.

Il me fit un dernier signe de main avant de raccrocher, éteignant mon écran par la même occasion. J'avais lancée le sujet mais je ne voulais pas m'étaler.
Alors que j'arrivais tout juste au niveau du kiosque, j'entendis une voix dans mon dos:

— Eh toi ! Attend !

Seventeen (TOME 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant