Seventeen (TOME 1)

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Nous échangeâmes un regard lourd de sous-entendu avec Eline et Jackson avant que je prenne la parole, me demandant à quel moment cette idée stupide lui avait sérieusement parue pour la solution:

— Mais t'es sourd ou quoi ? Laken, si tu te barres tu seras recherché, Eline te l'a dit tout à l'heure !
— Et puis où est ce que tu veux aller ? renchérit la brune.
— Si tu te casses, j'viens avec toi.

Eline et moi détournèrent le regard de Laken vers Jackson.

— Tu pourrais pas être de notre côté, bouffon ? rétorquais-je.

Eline se leva de sa chaise et se mit à faire les cents pas.

— Mais il peut pas payer ! Et puis s'il le dit à ses parents, il est mort ! Met toi à sa place Rachel ! Tu ferais quoi si tu devais dire à ta tante qu'il faut payer l'hôpital le prix d'une villa parce que tu t'es faite tirée dessus en voulant voler de la drogue !
— Crie le plus fort surtout abruti ! m'énervais-je en me levant de ma chaise brusquement.

Il se leva également et se mit face à moi, le nez presque collé au mien.

— T'es qu'une gamine. Tu connais rien de la vie. Tu débarque ici, tu sors de ta petite vie tranquille du Texas et tu viens foutre la merde chez nous à Miami, me dit-il dans un souffle que je sentis sur mon visage.
— Jackson, commença Laken d'une voix ferme.
— Va te faire foutre, fis-je en le poussant brusquement et en prenant ma veste avant de quitter la chambre en claquant la porte.

Je marchais d'un pas rapide, une boule dans la gorge se formant, les yeux qui piquaient. Je faillis rentrer dans un infirmier qui portait un plateau repas et m'excusais machinalement alors qu'il me criait de regarder où j'allais. Je sortais alors du bâtiment et dégainais mon portable d'un geste énervé avant d'envoyer un message à Maddie, lui disant qu'elle pouvait venir me chercher. Alors que j'allais aller à l'entrée du parking, la voix d'Eline résonna dans mon dos:

— Rachel !

Je levais les yeux vers la fenêtre d'où la brune m'appelait et soupirais.

— Reviens !
— Pourquoi faire ? J'veux pas voir Jack, rétorquais-je d'un ton sec.
— Et c'est réciproque ! jaillit la voix énervée du garçon dans le dos d'Eline.
— Ta gueule, aboya-t-elle après lui. Reviens, Laken veut te parler !

Je vis la voiture de Maddie arriver sur le parking, je tournais alors le dos à Eline et me dirigeais vers le véhicule qui s'arrêta à ma hauteur.

— S'te plaît ! reprit Eline d'une voix lasse.

Je savais bien que c'était Laken qui l'obligeait à tenter de me retenir mais je n'en avais rien à faire. Je refusais de revoir Jackson. Je préférais subir l'interrogatoire paniquée de Maddie plutôt que de le revoir. Je montais dans la voiture et claquais la portière derrière moi avant de poser ma tête contre la vitre et d'éviter le lourd regard de ma tante. Elle redémarra et je vis Eline refermer alors la fenêtre de la chambre d'hôpital.

— J'exige des explications, fit Madeleine d'un ton tranchant.
— Pas maintenant...
— Parker. Des explications et maintenant.

Je relevais la tête vers elle, elle avait le visage dur et le regard sévère.

— La soirée à un peu dérapée hier... fis-je.
— Dans quel sens du terme ?
— Rien de grave, juste Laken qui a glissé et qui s'est fait mal.
— Tu veux me faire avaler une connerie pareille avec tout le sang sur ton pantalon ?! explosa ma tante.

J'eus un mouvement de sursaut et me rappelais alors que mon jean était imbibé de sang. Je me serais foutue des claques, imbécile que j'étais.

— Tu peux pas t'empêcher de mentir hein ?! On dirait ta mère ! J'y crois pas Rachel, dis moi la vérité ! s'énerva de plus belle Madeleine en donnant un coup sur son volant.

Je ne l'avais jamais vu ainsi. Maddie avait toujours été douce et amusante, elle ne s'était jamais énervée auparavant. L'avais-je déjà poussée à bout ? Voulait-elle me renvoyer au Texas ? Étais-je aussi exécrable que le prétendait Jackson ? Face à mon mutisme de surprise, Maddie se gara sur le bord de la route et se tourna vers moi:

— Parle bon sang ! Que s'est-il passé ?! À qui est tout ce sang ?

Ses yeux bruns trahissaient sa peur.

— Je... Ce n'est pas mon sang. dis-je d'une voix qui se voulait détendue, ne trouvant pas les mots pour expliquer la vérité.

Son visage eut l'air de se détendre légèrement, ses traits se décrispant.

— C'est déjà ça, souffla-t-elle en cherchant à récupérer son calme.

Je m'enfonçais au fond du siège, silencieuse. J'attendais que la tornade Maddie remonte crescendo pour y faire face.

— Alors explique-moi calmement... reprit-elle d'une voix qui se voulait chaleureuse. Comment toi et tes amis avaient fait pour vous retrouver à l'hôpital ?
— Hum... J'étais dehors avec Laken... On se baladait dans la rue tout les deux...

J'essayais de mentir le moins possible mais j'étais quand même obligée de cacher les parties sombres de l'histoire sinon je pouvais dire adieu à sa confiance et à ma liberté.

— Et euh... On a entendu des coups de feu dans la rue. On a prit peur et on est partit se cacher plus loin...

Alors que je cherchais mes mots, je voyais du coin de l'œil son visage se crisper à nouveau.

— En bref, Laken a été touché dans la hanche, terminais-je d'un ton rapide, comme si je voulais me débarrasser de ce mensonge au plus vite.

Je baissais le regard, évitant à tout prix celui de Maddie. Elle resta en silence près d'une minute avant de se racler la gorge:

— Je vois.

Je sentis alors sa main chaude prendre la mienne et la serrer très fort. Je levais alors les yeux vers elle et sans prévenir, elle me prit dans ses bras, me serrant fort contre elle.

— Ne me refais plus jamais un coup comme ça... Plus jamais. Promet-le moi.

Sa voix vacillait dans mes cheveux. Je dû me faire violence pour retenir mes larmes et hochais alors la tête en silence.

— Je ne peux pas te perdre... Est-ce que tu le comprends ça ? reprit-elle. Tu es tout ce qu'il me reste, s'il t'arrivait un malheur, je m'en voudrais toute ma vie... Dis moi que tu comprends Rachel...

Je sentis des larmes rouler sur ma joue mais je les essuyais rapidement et me décalais de Maddie avant de lui faire un petit sourire en hochant une nouvelle fois la tête. Ses yeux étaient rouges et brillants, et alors je m'en voulue de l'avoir mise dans cet état mais je restais silencieuse et me contentais de lui serrer la main dans la mienne.