Seventeen (TOME 1)

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Je sentis ma gorge s'assécher et mon estomac se nouer dangereusement. J'étais de moins en moins sereine à chaque fois que je recevais un message de la part de ce numéro. J'en étais à mon troisième et je me sentais défaillir par la peur. Prenant alors la carafe d'eau, je me servis un verre que je bus cul sec. Laken et Jackson me dévisagèrent un instant avant de reprendre leur conversation. Je mourrais de soif, ma gorge sèche réclamait encore et encore de l'eau en permanence.

— Tu manges pas ? me demanda alors Jackson en regardant mon assiette de légumes encore pleine alors que lui et Laken avaient pratiquement finis.

Je ne pouvais rien avaler à part de l'eau. Mon estomac était bien trop noué pour accueillir de la nourriture.

— J'ai pas faim... Tu veux ? lui proposais-je en lui montrant mon plat, tentant d'arborer un air détendu.

Je vis du coin de l'œil que Laken m'observait mais je fis comme ci tout allait bien.

— Ah bah ouais je veux bien, je crève la dalle moi.

Il me prit l'assiette des mains et versa son contenue dans la sienne avant de me la reposer sur mon plateau. Je me resservis un énième verre d'eau que j'avalais en une gorgée sous le regard suspect de Laken.

~

Alors que les élèves sortaient du lycée et se disaient au revoir, je montais les marches du bus mais fus retenue par une main qui m'attrapa l'avant-bras et me tira en arrière.

— Eh ! fis-je en me retournant pour tomber nez à nez avec Laken.
— Je te ramène, ordonna-t-il.

Son ton dur m'empêcha de protester et il m'entraîna jusqu'à sa voiture.

— Ma tante m'a pas payé le bus pour que tu me ramènes à chaque fois, tu sais, affirmais-je d'un ton sec en ouvrant la portière. Et puis pourquoi tu as la voiture de ta mère ? Tes parents ne devaient pas rentrer aujourd'hui ?
— Si, à dix neuf heures. Monte.

Je lui obéis et m'assis sur le siège passager à côté de lui à contrecœur.

— Pourquoi tu veux me ramener ? Ça te fait faire un détour.

Il ne me répondit pas tout de suite et entama une marche arrière pour sortir de la place de parking et s'engager sur la route.

— C'était quoi ? me demanda-t-il en fixant les panneaux routiers.
— De quoi ?
— Ce qui s'est passé ce midi. C'était quoi ?

Je soufflais d'exaspération avant de répondre:

— Rien.
— Ça te sert à quoi de mentir ? répliqua-t-il instantanément.
— Mais j'mens pas !

Je croisais les bras sur ma poitrine et évitais son regard. J'avais l'impression que cette situation se répétait de plus en plus souvent ces derniers temps et je n'aimais pas tellement ça. Quelques minutes plus tard, il se gara devant ma maison. J'allais sortir mais il m'appela avant que je pose un pied dehors:

— Montre moi ton téléphone.

Je le dévisageais.

— Pourquoi faire ? J'te dois rien, Laken.

Je posais instinctivement ma main sur ma poche où était rangé mon portable.

— En effet, mais je m'inquiète pour toi.
— Depuis quand ? demandais-je avec une soudaine curiosité.

Dans mon esprit, je n'étais que pour lui la texane qui débarquait à l'improviste dans sa vie et qui ne le lâchait plus depuis par peur de se retrouver à nouveau seule. Je ne me doutais pas que Laken, ou même Jackson et Eline pouvaient s'inquiéter pour moi.

— Depuis les messages que j'ai vu à la soirée, quand tu as vomi.

Je l'observais un instant complètement ahurie avant de quand même sortir du véhicule.

— Rachel !

Il avait vu les messages.
Je l'entendis claquer la portière puis me rattraper.

— Tu caches quoi ?
— Fous-moi la paix !

Il soupira et abandonna alors sa quête de réponses auprès de moi. J'en fus presque
étonnée qu'il lâchait l'affaire ainsi.

— Ok. À demain.
— À demain, répliquai-je d'un ton sec.

Je me retournais une dernière fois vers lui, la main sur la poignée de la porte d'entrée, pour le voir redémarrer le moteur et quitter ma rue.

Mais c'était quoi mon problème ? Pourquoi j'avais cette manie de rejeter les gens qui voulaient m'aider ? Maddie voulait que j'aille voir une psychologue et j'avais d'abord refusée. Laken se doutait qu'il se tramait quelques chose avec moi et je lui interdisais absolument tout accès pour me sortir de la merde dans laquelle j'étais. J'avais tellement peur. Après tous, je ne les connaissais pas, ces gens-là. Ça me paraissait complètement hors norme que des personnes qui m'étaient pratiquement inconnues veuillent m'aider. Je ne pus alors m'empêcher de penser à Eline, pour qui Laken se faisait également du soucis.

Une fois posée dans la cuisine, je sortis mon portable de ma poche et fus premièrement rassurée de voir que je n'avais aucune nouvelle notification du numéro inconnu. Si cela continuait ainsi, à redouter d'allumer mon téléphone  à chaque fois que je l'avais en main, j'allais le balancer dans un lac. Je cherchais Laken dans mes contacts et l'appelais. Le téléphone à l'oreille, triturant l'ongle de mon pouce avec mes dents, je regardais par la fenêtre de la cuisine, me perdant dans mes pensées. La sonnerie retentit trois ou quatre fois avant que la voix grave du blond ne résonne.

— Quoi ?
— J'suis désolée Laken.
— Désolée de quoi ?

Il avait un ton sec qui me rappela étrangement le mien.

— De... Laisse tomber. Tu veux venir à la maison ? proposais-je sans tellement y réfléchir.

Je l'avais appelé, oui. Mais pour lui dire quoi exactement ? Lui parler des messages ? D'Eline ? De notre futur escapade dans les banlieues de Miami pour vendre de la drogue ?

— J'arrive, fit-il de sa voix toujours tranchante.

Puis il raccrocha.

J'entrais alors dans la maison et refermais la porte derrière moi. Je me dirigeais vers le meuble à vaisselle, prenais un verre et le remplissais d'eau avant de boire. Voilà que j'avais de nouveau la langue et la gorge sèches. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir dire à Laken ? Cette question tournait en rond dans ma tête pendant plusieurs minutes. Je faisais les cents pas autour de l'îlot central de la cuisine, jetant de temps en temps des coups d'œils à mon portable posé sur le comptoir, vérifiant alors que je n'avais pas de message ou de notification.

Je fus sortie de mes pensées quand la sonnette retentit alors dans l'entrée. J'avais les mains moites. J'ouvrais la porte et laissais passer Laken en silence.

— Pourquoi tu m'as appelé ? me demanda-t-il en observant la maison.
— J'ai besoin de parler à quelqu'un.