Seventeen (TOME 1)

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Un retardataire entra à la volé dans la classe qui était toujours en plein chaos. Il scruta la salle du regard pour voir si le professeur était là et fut rassuré de voir que ce n'était pas le cas. Il checka deux garçons tout en rejoignant sa table, voyant que le professeur venait justement d'arriver. Je ne le calculais pas jusqu'à que je l'entende poser, ou plutôt lâcher, son sac sur le bureau à côté du mien et de s'écrier : 

— Mais t'es la fille de la boutique de skate !

Je relevais le regard, reconnaissant également le visage jovial du garçon qui m'avait conseillée les roues pour mon skate. Je ne répondis pas tout de suite, prenant un instant pour chercher quoi dire:

— Mmhh oui ? fis-je en le regardant s'asseoir.

— Le monde est petit hein, dit-il avec un sourire qui se voulait exagérément charmeur, presque parodique.

— J'ai juste le même âge que toi, c'est normal.

Il haussa les épaules tout en sortant ses stylos.

— Tu paraissais plus joyeuse quand tu étais dans la boutique.
— Parce que je suis sensée être heureuse d'être ici un lundi matin à huit heures ? lui demandais-je avec un léger sourire.
— Maintenant que je suis arrivé, on dirait bien que ou-

La voix du professeur le coupa :

— Campbell ! C'est une manie chez vous de draguer chaque fille qui passe sous votre nez ?

Je m'enfonçais dans ma chaise, me raclant la gorge, gênée. Le garçon fronça les sourcils, visiblement vexé:

— J'ai encore le droit d'essayer de l'intégrer non ? répliqua-t-il, déclenchant des rires de part et d'autre parmi les élèves.

Le professeur roula des yeux. Je comprenais alors rapidement que ce Monsieur Campbell était celui qui trouverait toujours une occasion pour faire rire les gens en se payant la tête des autres. À chacune de ses paroles, les autres riaient. Alors que le professeur retournait à son cours en faisant une dernière leçon de morale à mon voisin, le blond déplaça discrètement sa table vers moi jusqu'à finir coller à la mienne. 

— Enchanté, moi c'est Laken, Lak' pour les intimes, me dit-il en me tendant sa main.
— Ravie de te rencontrer Laken, fis-je en esquissant mon second sourire de la journée, notant son sarcasme.
— Du coup t'as pu tester tes roues ? me demanda-t-il cette fois-ci avec sérieux.
— Non, pas encore. Je devais m'installer ce week-end, je n'ai pas eu le temps.
— Il y a un skate-park à côté de-
— Je sais, le coupais-je. Je l'ai vu en arrivant à Miami, vendredi.
— T'es arrivée que vendredi ? En fait t'es vraiment la pure touriste.
— Faut croire... T'es souvent au magasin de skate ? Je reviendrais probablement dans la semaine.
— Ouais, j'suis un habitué. Le gérant de la boutique c'est le père de Jackson, le gars là-bas. 

Il me montra du doigt un jeune homme aux cheveux ébènes en batailles qui s'amusait à faire une tour avec ses stylos et autres affaires de cours qui s'écroula quelques instants après. Laken reprit :

— Je passe mon temps là-bas, je crois d'ailleurs que son père me trouve un peu envahissant. Enfin bon.

Il me fit un sourire avant de rattraper le cours sur son cahier. Quant à moi, je me perdis à nouveau dans mes pensées, fixant un point imaginaire au fond de la salle. La première chose qui me vint à l'esprit, ce fut Mam'. Que faisait-elle, là maintenant tout de suite ? Est-ce que je lui manquais ? Est ce qu'elle regrettait ? Je me posais des tas de questions mais en réalité je savais qu'elle était encore affalée sur le canapé, un paquet de chips à la main en train de zapper sur la télévision. J'avais tellement pris l'habitude de la voir ainsi en rentrant des cours que je ne pouvais plus l'imaginer autrement. 

— Rachel ?

Je me retournais vers le blond qui m'appelait, ayant arrêté d'écrire pour m'interpeller.

— Quoi ?
— Tu viens d'où ? Pourquoi t'es venue à Miami ?

J'allais répondre jusqu'à ce que j'entende sa deuxième question. Je me renfrognais:

— Je viens du Texas, vers Garland, dis-je simplement, ignorant sa deuxième question.
— Ça explique l'accent. 

J'arquais un sourcil, ne lui répondant pas. Je n'avais pas remarquée que mon accent était aussi prononcée jusqu'à ce que deux personnes le pointent du doigt en moins d'une heure. Il continua :

— Et donc, pourquoi t'es venue ici ?
— T'as pas l'impression d'être légèrement envahissant là ? fis-je en le regardant en biais.
— Non. Mais si tu le dis...

Il leva les mains en l'air comme pour prouver son innocence. La sonnerie retentit finalement. Je profitais de cette occasion pour ne pas répondre à sa question et ranger mes affaires. Alors que tout le monde sortait, dont Laken, le professeur m'arrêta:

— Rachel Parker, c'est bien ça ?
— Ouais.
— Tu es la nouvelle élève qui vient de Garland au Texas ?
— Ouais.
— Je suis désolé de ne pas t'avoir présentée à la classe.
— Ça ne fait rien.
— Je suis M. Smith, professeur principal de la classe B des terminales. Je suis chargé de m'occuper de toi durant la journée mais je t'avoue que je n'ai pas mal de travail et que je risque de manquer de temps.
— Je me débrouillerai.
— Bien. Voici les clés de ton casier, le numéro 1278, dans le couloir des sciences. Si tu as des questions, n'hésite pas à venir me voir ou à demander à tes camarades de classe.
— Merci.

Je sortis de la salle, les clés à la main. J'allais justement me diriger vers le couloir des sciences pour me décharger d'un peu de poids dans mon casier quand des pas précipités me rattrapèrent. 

— Eh attend Rachel !

Je me retournais pour justement voir Laken ses cheveux blonds en bataille lui tombant sur le front :

— Quoi ? 

Il n'allait décidément pas me lâcher. Non pas que je voulais être seule mais il avait suffit que je lui demande un renseignement la veille pour qu'il ne me lâche plus. Et même si je ne doutais pas qu'il soit un garçon agréable, j'avais l'impression d'être trop stimulée par tous les événements de ces quelques derniers jours et je voulais juste ma paix.

— T'as besoin de quelqu'un pour te montrer le lycée ou les alentours ou-
— Non, c'est bon, merci, le coupais-je poliment.
— Ah... Ok ok. Tu me dis si besoin.

Il haussa les épaules me fit un petit sourire avant de tourner les talons en partant dans l'autre sens. Je regrettais instantanément d'avoir refuser. J'aurai finalement voulu le retenir pour qu'il me montre le lycée comme il me l'avait proposé, parce que j'avais de nouveau cette impression de me retrouver comme une brebis au milieu d'une meute de loups.