Seventeen (TOME 1)

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Je posais mon pied à terre et me retournais. Un garçon à la chevelure noire en bataille me rattrapa en courant et s'arrêta devant moi essoufflé, un skate sous le bras. Je reconnaissait Jackson, l'ami de Laken que celui-ci m'avait présenté le matin même.

— Quoi ?
— T'es dans ma classe, lâcha-t-il en reprenant sa marche normalement.

Je me mis à le suivre en skate.

— Et donc ? demandais-je de but en blanc.

Je ne lui avais jamais parlé, je n'étais même pas sûre qu'il connaisse mon prénom pour tout dire.

— J'vais être honnête avec toi: je ne te sens pas.

Je le dévisageais alors que je descendais de ma planche pour la prendre sous le bras et de rire:

— Hein ? Qu'est ce que ça veut dire ?
— J'te sens pas, c'est tout.
— Tu m'arrêtes au milieu de la rue pour me dire que tu as un  mauvais pressentiment à propos de moi ? demandais-je, abasourdie.

Il s'arrêta et se retourna vers moi, un sourire en coin.

— C'est comme ça que tu engages une conversation, toi ? continuais-je, En venant vers les gens et en leur balançant ce que tu penses d'eux alors que tu ne les connais pas ?
— D'habitude non, mais je veux te faire comprendre un truc...
— Me faire comprendre quoi exactement ?

Il reprit sa marche nonchalamment et je le suivais instinctivement, attendant une réponse.

— Tu ne seras jamais incluse dans cette classe. Personne à part Laken ne semble t'apprécier un minimum... Il faut observer autour de soi, conseilla-t-il faussement.

Étant plus grand que moi d'au moins deux têtes, je le suivais en courant presque.

— Et t'as été chargé par tout ces tocards de venir me le dire en face ? répliquais-je.
— Non, je le fais par moi-même.

Jackson me balançait tout ce qu'il pensait et ne prenait pas des pincettes.

— Tu te fais des idées. Tu ne me connais pas, et tu me colles déjà une étiquette !
— Parce que c'est l'impression que tu renvoies.

Ses mots été crus et durs, mais d'une manière ou d'une autre, ils ne m'atteignaient pas comme Jack le souhaitait. J'avais été probablement trop habituée à entendre des choses bien pires venant de ma génitrice, alors qu'on me dise que je ne plaisais à personne ne me faisait pratiquement rien.
Je continuais de marcher aux côtés de Jackson en silence pendant quelques secondes. Il avait, entre temps, sortis une cigarette de sa poche et commençait à l'allumer avant de me tendre le paquet:

— T'en veux une ?

Je l'observais un instant. Il était tatoué sur toute la longueur de son bras gauche (probablement illégalement), avait des chaînes autour du cou et un tee-shirt d'un groupe que je ne connaissais pas.
Je prenais une cigarette du paquet et il me l'alluma en silence.

Ce mec est bipolaire ou quoi ? me demandais-je.

Je l'observais de nouveau, portant la clope à mes lèvres. Il me vit le déchiffrer du regard et se racla la gorge:

— Écoute Rachel... J't'apprécie pas mais je veux faire l'effort de te connaître. Parce que Laken semble bien t'aimer.
— Quelle âme généreuse, ironisais-je en passant la porte grillagée du skatepark.

Il souffla et me suivit.

— Je comprend juste pas ce qu'il te trouve. T'as l'air d'une sacrée connasse.
— Je commence à croire que t'es amoureux de lui, fis-je en ignorant sa dernière remarque et en jetant ma cigarette par terre avant de m'assoir sur un bord du skatepark.
—J'suis hétéro pétasse, dit-il en s'asseyant à côté de moi, feignant un léger sourire pour me faire comprendre que cette fois-ci, l'insulte n'était pas à but de me blesser.

Je lui jetais un regard avec le plus grand sérieux du monde.

— J'étais juste... Laisse tomber, finit-il par dire, d'un air lassé.

Je continuais de le regarder, intriguée, avant de finalement prendre mon skate sur mes genoux, de sortir des crayons de mon sac et de commencer à ajouter un dessin dessus. C'était une habitude que j'avais prise avec Peter et Nelson: on ajoutait un nouveau dessin à nos skates à chacune de nos sorties au skatepark.

Mes cheveux blonds tombaient et me bouchaient la vue, j'entreprenais de me les attacher en chignon. Le brun à côté de moi finit par se lever avant de monter sur son skate et de s'élancer dans un des modules creusés et de faire quelques tricks. Soudain, je sentais mon portable vibrer contre ma hanche, je le prenais et voyais alors de nom de Madeleine s'afficher sur mon écran.

— Allô ?
— Rachel, il faudrait que tu rentres.
— Mais je viens de partir... Et il n'est que dix-huit heures, tu m'avais dit vingt heures.
— Je sais, mais les voisins sont passés pour te souhaiter la bienvenue.
— Les voisins ?
— Oui, ce sont des amis à moi. Tu rentres ?
— Ok, ok j'arrive.
— À tout de suite.

Je me levais de là où j'étais assise et quittais le skatepark. J'aperçus Jackson me faire un léger de signe de main que je lui rendis par un sourire.

On pouvait dire que Laken avait des amis spéciaux. Entre une qui m'insultait à chaque occasion et ce brun qui m'avait tout d'abord balancer ses quatre vérités avant de me saluer chaleureusement quand je partais; ils étaient définitivement spéciaux.

Je rentrais à la maison quelques minutes après, allais ranger mon skate dans ma chambre et redescendais les escaliers pour saluer les voisins qui étaient passé me voir. J'arrivais au salon et je m'arrêtais nette en voyant qui se trouvait assise sur le canapé du salon.