Light on the Foam [IWAOI]

≬ Chapitre 22 ≬

         Tout compte fait il avait eu tort. Son absence prolongée au palais s'était bien fait remarquer. Et bien correctement.

Kiyoko l'attendait devant la porte principale, visiblement inquiète et en colère, son pied tapant la mesure sur le sol. Sauf qu'il avait appris que chez elle, le mélange de ces deux sentiments ne faisait jamais bon ménage. Il s'avança tête baissée, ses mains derrière son dos, la moue tombante, comme un enfant pris en faute. C'était un petit peu ce qu'il était à bien y réfléchir, un enfant qui avait l'âge de grandir mais qui s'y refusait, préférant faire ce qu'il souhaitait, sans que le reste soit réellement pris en compte.

Ses jambes tremblaient de douleur et d'appréhension. Il savait qu'il méritait un sermon pour n'avoir prévenu personne de son départ mais actuellement il était trop fatigué pour faire face à de quelconques remarques. Il aurait tellement voulu que tout cela soit reporté au lendemain tant il rêvait de s'effondrer dans son lit.

Quand il fut à portée de mains de la jeune femme, cette dernière s'avança précipitamment vers lui avant de le prendre dans ses bras en un soupir tremblant, caressant tendrement son cuir chevelu. Elle expira fortement par le nez, son corps tout crispé contre le sien. Puis elle le relâcha un peu trop brutalement, le faisant dangereusement chanceler avant de l'observer sous toutes ses coutures, redressant maladroitement les quelques mèches qui s'étaient échappées de la pression de son élastique.

« Tu m'as fait peur Tooru, souffla-t-elle d'une voix blanche. Tellement peur, tu ne peux pas imaginer l'état dans lequel j'étais. Le Prince voulait te voir alors je me suis mise à ta recherche mais tu n'étais nulle part. Nous avions beau retourner dessus dessous toutes les pièces du château, tu étais introuvable. Nous ne savions même plus quoi penser ! Ne nous refais plus jamais ça d'accord ? Ne repars plus jamais sans prévenir quelqu'un ! Bon sang Tooru tu m'as fait tellement peur ! Il aurait pu t'arriver n'importe quoi que nous ne l'aurions pas su ! »

Elle le reprit dans ses bras, dissimulant tant bien que mal le soubresaut de ses épaules.

Le châtain n'en revenait pas. Pour commencer, Kiyoko l'avait tutoyé pour la première fois. Jamais elle n'avait voulu franchir cette barrière professionnelle et de respect bien qu'elle ait laissé à l'abandon le « Monsieur » suite à ses innombrables demandes. Il devait lui avoir fait affreusement peur pour la mettre dans cet état et il s'en voulait horriblement. Jamais il n'aurait voulu lui faire de la peine.

Elle avait su trouver une place importante dans son cœur si rapidement. Elle représentait cette même figure de respect, de calme, de sagesse et d'amour maternelle qu'il retrouvait chez sa sœur ainée Attina. Elle était sa bouée dans cette mer de vagues déchainées dont le calme n'était qu'un souhait illusoire qu'il n'avait malheureusement pas encore découvert. Elle passait du temps avec lui, lui en apprenait toujours plus sur le monde des humains sans poser de questions sur ses lacunes pourtant fondamentales, surtout à son arrivée. Honnêtement il ne voyait pas sa vie au palais sans elle. Elle était devenue en un temps record un pilier dans son pilier dont il ne pouvait plus se passer.