Light on the Foam [IWAOI]

≬ Chapitre 24 ≬

         Le châtain retint tant bien que mal son exclamation surexcitée lorsqu'il entendit les bruits caractéristiques du marché. Il avait littéralement l'impression d'être sur un petit nuage de félicité.

Comme Hajime lui avait promis, peu après le déjeuner, un domestique était venu le chercher afin de le dire de se rendre à l'écurie pour y retrouver le Prince. A peine étaient-ils arrivés qu'un palefrenier était arrivé avec un cheval robuste attelé. Ils avaient également croisé Koshi qui, pour son plus grand bonheur, allait passer son après-midi et sa soirée avec sa dulcinée. L'argenté avait tout de même pu lui glisser une phrase à l'oreille qui n'avait pas manqué de le faire rougir, autant d'embarras que de courroux envers son ami.

« Allez Tooru, sors-moi ton plus sourire et fais en sorte qu'Hajime ne puisse plus détacher son regard de toi ! »

En soit, même si c'était dans les grandes lignes ce qu'il souhaitait faire, au moins sur le long terme, c'était beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Et il pouvait s'estimer heureux que le Prince n'ait pas entendu cette phrase, parce que l'argenté n'avait pas trouvé meilleur moment que quand ils se trouvaient tous côte à côte.

L'attelage subit une secousse plus forte que les autres et Tooru se fit très peur lorsqu'il sentit son corps se pencher dangereusement en avant, tout son buste dans le vide. Cela lui apprendra à se pencher par-dessus la petite barrière de sécurité pour tenter de mieux apercevoir le paysage. Surtout que cela ne changeait strictement rien à sa vision du monde -disons qu'il ne voyait ni mieux, ni plus loin-, hormis mettre son intégrité en danger.

A ses côtés il perçut nettement le ricanement d'Hajime alors qu'il calmait légèrement leur monture et il lui lança un regard noir en représailles. Certes il y avait plus impressionnant, surtout qu'il devait avoir les cheveux ébouriffés et les joues rouges d'avoir retenu sa respiration sous la peur, mais il n'avait pas tant d'arguments pour se défendre. Il se mit alors à observer son cocher, essayant d'être discret dans son processus. Même si tourner la moitié de son corps vers lui avec sa main soutenant sa tête n'avait rien de discret.

Il était beau avec son air concentré. Il était beau à chaque instant en vérité. Et pourtant, même s'il finissait par devenir moche – ce qui serait extrêmement difficile selon lui-, il était sûr qu'il n'arrêterait pas pour autant de l'admirer de tout son soul.

Comme lorsqu'il était sur le dos d'un cheval, son dos était parfaitement droit, chaque mouvement était millimétré, maitrisé à la perfection. Il dirigeait la voiture d'une main de maitre, à un tel point qu'il avait réellement l'impression que c'était un jeu d'enfant de diriger leur voiture. Et pourtant... Quelle erreur il avait faite lorsqu'il lui avait demandé s'il pouvait essayer de tenir les rênes juste quelques instants. Dans sa gentillesse, le Prince avait cédé à son caprice mais à peine avait-il eu en mains les rênes qu'ils avaient failli finir dans les champs parce qu'il ne savait pas du tout contrôler le cheval qui n'en faisait qu'à sa tête. Et heureusement que ce n'était qu'en ligne droite et qu'il n'y avait pas d'arbres aux alentours. Au moins, il savait à présent qu'il préférait largement profiter du profil avantageux de son aimé et de se laisser guider en toute quiétude sous cette vision paradisiaque.