Imparable

34 3 0
                                    

                                      Abby

Tu dois trouver quelque chose Abby... il y a pleins de raisons pour ne pas y mettre les pieds. Ne laisse pas cet imbécile t'utiliser encore une fois ma chérie et n'écoute pas cette attardée mentale qui est en toi. C'est sûr que ce connard est en manque, il a besoin que quelqu'un lui sauve, lui passe son envie. Il veut juste baiser. Il veut qu'on vienne faire la chienne perdue à ses pieds, ça lui manque de ne pas avoir une momie qui lui satisfait et qui le suit partout où il veut qu'elle soit, tout comme aller à ce restaurant. Il cherche à briser l'armure que t'as construit, il veut que vos souvenirs te détériorent une fois sur place, il fait tout pour te torturer. N'y va pas !
  J'entends cette voix dans ma tête. Un package qui remet en question ma décision de retourner à ce restaurant pour une nouvelle fois depuis la belle époque.
— Waouh ! Oh mon Dieu ! Mais qui est cette belle femme sur ses beaux talons  ?
  Je capte les éloges de ma mère depuis mon ancienne chambre. Et c'est Emilie qui vient d'arriver avec son nouveau copain, Jason.
Ma meilleure amie ne tarde pas et découvre ma crèche, avec son maquillage extravagant, ce qui la rend méconnaissable.
  Elle fait tout pour plaire à ce Jason celle-là.
Avec un veston en cuir rouge et un jeans noir déchiré, on aurait dit qu'elle sort tout droit d'un magazine.
— C'est là que tu te caches petite chatte !
— J' t'interdis de m'appeler comme ça !
— Tu parles !
  Elle saute sur le lit.
— Il est où, Jason ?
— Tu sais comment est ta mère, elle lui parle sûrement de ses fleurs.
   J'ai les mains qui encadrent mon visage, la regardant toute souriante, comme une adolescente. Tout ça à cause de quoi ? L'amour ! Eh oui. Si seulement elle pouvait y voir clair. Je prie tellement pour que ce con à la gueule d'ange ne lui fume pas le cœur.
— S'il te brise je le tue !
  Elle éclate de rire puis me serre dans ses bras.
— Oh que tu m'as manqué, t'aurais du voir notre appartement et notre chat, c'est la tristesse à plein-temps.
— Toi aussi tu m'as manqué. Un de ces jours, j'irai à l'autre bout du monde et je passerai trois mois sans portable ni internet, loin de toi, alors, que feras-tu ?
  Elle sait que je plaisante mais rien que le fait d'en parler cela lui terrifie, la pauvre.
— J'aurais appelé Chris et mon Abby me reviendrait. À moins que ce soit avec lui.
   Elle clignote ses yeux bitch.
— Ta gueule.
  Nous rions juste avant qu'elle me questionne sur mon départ de New Jersey.
— Dis-moi, comment ça se passe, tu te sens mieux maintenant ?
  Elle inspecte mon corps comme pour voir s'il n'y aucune trace de blessure ou je ne sais quoi.
  Elle n'est du tout pas bien dans sa tête
— Oui. En vrai, mon problème respiratoire n'était pas un hasard. Je t'expliquerai un peu plus tard. C'est promis.
— Ta mère m'a déjà tout raconté. Sinon il veut quoi, lui ?
  Je soupire et roule sur le côté.
Je sens le monde à mes trousses. J'ai peur que les gens me jugent d'avoir dit oui à cet enfoiré.
— Il veut que l'on discute. Demain. Dans notre restaurant habituel.
  Elle se redresse pour me dévisager.
— Et tu y vas ? Pour de bon ?
— Alors pourquoi t'es venue ?
— Je viendrais de toute façon, Je t'avais dit que Jason souhaitais que je rencontre sa sœur, j'ai juste profité, c'est le moment opportun. Bref. J'espère que tu sais ce que tu fais.
   C'est ça mon problème putain. Je ne sais pas ce que je veux ni ce que je fais. Je refuse d'admettre certaines choses.
  Tu l'aimes ma belle, vas-y, dis-le !
Merde.
— Salut.
  C'est Jason qui se tient debout à la porte avec une Jacket grise et un jeans bleu, ses cheveux noirs foncés coupés à moitié.
  Il se croit roi en se tapant ma copine, lui.
— Salut Jason.
— Elle est adorable ta mère. En fait je ne voulais pas vous déranger je souhaitais juste te saluer.
— Mais arrête-moi ça, tu nous déranges pas.
— De toute façon je vous laisse, je suis dans le salon.
  Il repart et nous continuons notre conversation redoutable. Je dois m'assurer qu'Emilie ne m'en veut pas d'avoir pris cette décision, moi qui parlais tout le temps de cet homme comme un refus à ne pas même regarder.
— C'est bon Abby, je sais à quoi tu penses. Je suis avec toi. Tu sais que je serai toujours là, je te comprends et je te supporte. Maintenant allons te trouver une superbe robe, demain on ira voir ce que l'on peut faire avec ces trucs qui sont sur ta tête.
— Ce sont mes cheveux et je les aime.
— J'imagine.
Rire...

Samedi 17h 00. Le grand jour.

                                     Abby

Je me demande si c'est bien moi. Et pourquoi tout cet effort. Suis-je pas aussi parfaite avec mes cheveux colorés coiffés de façon ordinaire ? Et cette robe un peu courte ? Mais bon, je n'avais pas tout emporté à New York, fallait m'en acheter une.
— Eh voilà !
  Emilie se sent si fière. C'est évident qu'elle a du talent. Je me sens différente. Je me sens refaite lorsque j'ouvre les yeux face au miroir.
— Merci. J'ai... je suis...
— Ne dis rien. Je sais. Et tu es magnifique avec cette coiffure. Tiens, on doit prendre un selfie !
  Je me penche et le son clap se répète, plus de vingt fois en trois minutes.
— J'ai une dame maintenant, affirme ma mère les mains sur les hanches avec une profonde admiration dans les yeux.
— Maman...
— Tu es resplendissante. Il t'aime cet homme. Je le vois et je le sens. Il a de quoi être fou d'une telle Abigail Smith.
Je souris.
— Merci.

                                    Carter

Et si elle ne vient pas ? Merde !
Qu'est-ce qui m'a pris de faire ça, de croire qu'elle viendrait ? Elle n'a même pas répondu lorsque je lui ai proposé l'heure.
— T'inquiète, elle arrivera d'une minute à l'autre, il est dix-huit heures cinquante Chris. Elle a dit oui, non ? Alors reste calme.
— Ok je vais essayer. Je dois te laisser.
  Je coupe mon video call avec Andrew et tente de repérer des petites pailles, des plis ou des déformations, n'importe quoi qui pourrait être mal ajusté sur ma veste noir satin ainsi que la chemise verte que je porte en dessous.
Enfin, je n'ai pas mis de cravate pour éviter de transpirer en plus de la pression que j'éprouve à l'idée d'être en tête-à-tête avec cette femme. Je souffle, encore et encore, attendant sa venue et craignant qu'elle me pose un lapin.
  Je l'aurais mérité.
— Souhaitez-vous commander ?
— Heu... non, non, j'attends quelqu'un.
Le serveur s'écarte, me laissant dans mon total désespoir.
Putain. Elle ne viendra pas.

Confidence (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant