L'amour

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Carter

Des fleurs.

On en offre souvent aux femmes, soit pour se faire pardonner, soit pour raconter l'histoire des anges qui embrasent nos sentiments. En d'autres circonstances, on s'en sert pour dire au revoir à ceux qui s'en vont rejoindre les étoiles, mais peu importe les faits, il y a toujours un lien avec le ciel lorsqu'on offre une gerbe garnie de pétales odoriférants à un être qui gravite les rebords de notre cœur. Et ça c'est de l'AMOUR.
Je connais bien la définition de ce mot. Je connais parfaitement ce qu'il peut nous amener à faire, je connais bien ce que ça fait, d'aimer quelqu'un. Pourtant, ces cinq lettres n'ont rien d'une fleur, on se retrouve à parler d'un concept qui, parallèlement à l'allure d'une rose blanche ou d'un jasmin, ne comporte pas l'éblouissement sans faille d'une beauté ébouriffante, le perfectionnement irréversible de racines dépendantes, inégalable à ce ressenti fanfaronné appellé l'amour qui, paradoxalement, nous fait souffrir à chaque fois qu'on se met à l'arroser.
Je sais que ce mot n'est pas un bonheur accompli, je sais à quel point il peut être sordide, qu'il peut nous conduire à l'irraisonnable, comme par exemple, échanger son mariage avec celle qui nous a cheri durant des années contre une relation indécise avec celle qu'on connait il y a à peine quelques mois.
Je m'excuse de vous raconter des choses qui ne vous feront peut-être pas aussi plaisir qu'une baise à vingt heures au beau milieu d'une piscine sur le toit d'un building situé à 150 mètres du sol. Cette histoire est la mienne.
J'ai divorcé, j'ai fini par reconquérir le cœur de la femme que j'aime, celle avec qui j'ai trompé mon ex femme. Et je suis là. Énivré. À côté de l'une des plus jolies fleurs. À contempler un ciel étoilé, sous l'effet des cinq lettres.

Abby

Ma tête encrée dans son épaule. Nous sommes là, côte à côte, couchés dans des flacs d'eau déversés le long de nos corps depuis qu'on a fini par s'envoyer en l'air dans la piscine.
— Ça me fait un bien fou d'être à côté de toi.
Sa voix rauque me surprend. Je serre mon étreinte et m'efforce de voir son visage après avoir sorti une telle phrase.
— Tu le dis ou tu le penses ?
Je ferme les yeux avant qu'il n'en prononce davantage.
— Je le ressens.
J'éprouve la même chose. J'ai des papillons dans le ventre. Cela me donne l'impression d'avoir gagné ma liberté en triomphant sur la partie chiante qui est en moi.
— J'ai vraiment pas les mots pour décrire ce que je vis en ce moment, Abby. Tu es si importante pour moi.
— Tu l'es tout autant Carter.
Il sourit et remue sa tête dans ma direction. Quelques millimètres seulement séparent nos deux lèvres.
— Et si on rentrait à l'intérieur.
On dirait qu'il a tout planifié.
— J'en meurs envie, le froid me tue.
D'un simple geste, il me soulève et me porte jusqu'à sa chambre.
C'est loin d'être fini cette partie de plaisir. D'ailleurs, il n'y aura pas de fin; Tant qu'on sera accrochés l'un à l'autre, nos envies folles continueront d'exister.

Vingt et une heure vingt-cinq.

Calme, il récupère deux verres ainsi qu'une bouteille de vin. Torse nu. L'air d'un tigre à la recherche d'une proie.
— Cela va te réchauffer un peu.
L'homme robuste vide un quart du liquide dans les deux récipients en avançant de deux pas vers sa possible proie, assise sur le lit.
— Essaie-tu de me saouler monsieur Chris Carter ?
— Oh non madame Abigail Smith, j'essaie juste d'être un bon serviteur. Cette bouteille date de quarante ans, préservée pour sa majesté.
Il s'incline avec ses cheveux toutes mouillées. Je ne peux m'empêcher d'en rire.
— Ah je me sens honorée. Je tiens à ce que je le sois encore plus, peut-être bien d'une autre manière.
Je l'imite. Je le taquine. Je pimente l'aventure.
— Pour ça, j'ai quelques choses de plus délicieux que le vin qui pourra combler tous les désirs de madame.
Ça ne plaisante pas quand il s'agit de l'amour. C'est comme si ma culotte n'était pas assez mouillée lors de notre baignade en le voyant basculer son boxer jusqu'à ses genoux.
— Ce n'est que la vue sa majesté, attend voir d'y toucher.
Je veux être sa proie. On n'a pas besoin de me le demander. Je viens de salir pour la énième fois mon string.
Il avance avec ses mains et... et ce nom m'explose en pleine tête. NICK. Mon prétendu cousin qui a fait la connaissance de Carter le jour de sa nomination. Merde, merde... et merde.
Au final, je ne suis peut-être pas en liberté. La partie chiante en moi pourrait même faire son comeback ou peut-être qu'en fait, je ne suis qu'en liberté conditionnelle, et que Carter ne doit surtout pas savoir ce qui s'était passé entre Nick et moi.
— Abby ? Tout va bien ?
— Heu.. quoi ? Et.. oui, oui ! Ça va.
— Tu n'aimes pas les jeux de rôle ? On ne l'avais jamais fait auparavant mais bon... des blagues dans le genre on en fait tout le temps...
— Je sais. C'est même moi qui ai commencé. Vas-y, continue... mon fidel serviteur !

Fidel ? Nous avons tous notre façon de concevoir la fidélité, mais l'amour n'épargne pas toute cette merde. C'est pénible de s'en vouloir pour quelque chose qu'on nous a aussi fait subir pendant longtemps. La partie irraisonnable en moi dirait tout simplement que je viens d'égaliser au tableau d'affichage.
En vrai, l'amour, c'est compliquer...

Confidence (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant