Chapitre I

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Sauvetage

       C'était un matin, vers neuf heures, je dirais. Il faisait déjà chaud, je ne pensais pas pouvoir étouffer d'avantage. Mais en ouvrant la porte de la chambre de mes parents, j'ai arrêté de respirer. Ça n'a duré qu'un instant, pourtant j'ai l'impression de n'avoir jamais repris mon souffle.

***

- Yuki ? Va jouer dans le jardin, il fait beau ! M'ordonne maman en caressant mes cheveux blonds. Puis s'avance pour partir au travail.

- D'accord...

Je prends mon avion et je décide de faire comme si je m'envolais avec. Dans le jardin, je survole tout, je m'éloigne de ce monde. Je suis comme le petit prince, je vole dans l'espace. Le monde m'appartient, et j'y cherche ma fleur, celle que je protégerais comme un grand chevalier ! Je cours partout. En passant à côté du buisson, j'entends des reniflements. Ça vient de derrière, chez les voisins. Je passe la tête par-dessus. Assis contre l'arbre, les yeux aussi vident que les miens ce jour-là. Un petit garçon de cinq ans à peu près, comme moi. Les cheveux roux, et de petits yeux marron. Il se tient les genoux contre la poitrine et a des bleus sur les bras.

- Pourquoi tu pleures ? Je l'interroge en le surprenant. Tu ne sais pas parler ? J'avance mon avion vers cette nouvelle planète, puis d'un coup un son sort de sa gorge.

- Si... je parle... papa me tapes... il renifle encore, retenant ses petites larmes de couler.

Il a si peur. Il souffre à cause de son papa qui le tape. Les papas sont-ils tous aussi méchant avec leurs enfants ? Est-ce que tous les garçons abandonnent-ils l'amour lorsqu'ils grandissent et deviennent papa ? Mais moi, je ne suis pas un papa, je ne ressemblerais pas à mon papa, ni au sien.

- Moi, je ne suis pas ton papa ! Lui cris-je alors fermement.

Il lève ses petits yeux vers moi, et souri légèrement. Et c'est à ce moment que je l'ai ressentie. L'air dans ma poitrine.

Maman vient de rentrer du travail, je lui raconte tout. Je lui dis que le petit garçon d'en face se fait taper par son papa. Je la supplie de m'aider, et que, si elle ne le fait pas, c'est moi qui irais taper ce monsieur. Elle rit, mais je ne sais pas très bien pourquoi.

Le lendemain matin, maman appelle la police. Je regarde par la fenêtre et je vois les sirènes refléter contre la vitre. Je me précipite dehors. Les policiers font sortir l'homme de la maison. Le petit garçon aux cheveux roux et sa maman en pleure, sortent également. Je me précipite en courant vers lui. Son père commence à crier et s'indigner, il accuse l'enfant d'avoir menti. Alors je m'interpose, je me place juste devant lui, et lève mes bras pour faire barrière contre son père. L'homme lève le bras comme pour me frapper. Mais un policier le saisit, l'immobilise et le met dans la voiture. Pendant cette scène j'ai pris la main du garçon, je ne voulais pas qu'il ait peur. Puis lorsque la police est partie, ma maman a invité la femme, et le garçon chez nous pour discuter. Nous, on est montés dans ma chambre.

- En fait, moi c'est Yoshida Yuki !

- Yoshida ? Barbouille-t-il.

- Non, pour mes amis, c'est Yuki, et tu es mon ami. Je lui souris amicalement

- Moi je m'appelle Sato Mafuyu... Il parle tout bas.

- Mafuyu ? Est-ce que tu es triste ?

- Non, mais... j'ai... peur, et... mon papa... il me manque. Des larmes commencent à briller dans ses yeux.

- Il n'était pas ton papa, s'il ta fait du mal, c'est qu'il n'était pas ton papa. Mais moi je te protégerais ! Je n'ai pas peur de lui, alors toi non plus tu ne dois pas avoir peur.

Les yeux de Mafuyu, brille encore. Pas à cause des larmes, plutôt grâce à une lueur d'espoir. Et là, encore, je ressens un léger courant d'air sortir de ma bouche. Puis on décide de jouer ensemble. Mon ami Hiiragi nous rejoint. Il aime bien Mafuyu, alors je suis heureux.

Quelques jours plus tard, à la rentrée scolaire on a rencontré Shizusumi. Tous les quatre, on est vite devenu inséparables. Mais moi, je préfère Mafuyu, il est calme, et a souvent l'aire triste, alors je le fait rire, et j'aime ça, le rendre heureux. On passe le plus clair de notre temps ensemble. Je le pousse à faire des choses qu'il n'est pas capable de faire seul. Comme cette fois ou il ne voulait pas caresser un chat de peur que celui-ci ne l'apprécie pas et lui fasse du mal. Je lui ai montré qu'avec de la douceur et de la gentillesse il est plus facile d'approcher les êtres vivants. J'aime cet émerveillement dans ses petits yeux chaque fois que je lui fais découvrir une nouveauté. Surtout, lui m'offre le calme et la sérénité qu'il me manquait. Il réfléchit plus que moi, observe plus attentivement. Il n'est pas timide, juste il aime regarder la vie défiler devant ses yeux et en comprendre le sens. Et moi, je ne me lasse pas de le regarder lui. Mais en primaire, être émerveillé de tout, c'est normal non ?

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant