Chapitre XIII

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Entre la lune et les étoiles

                        - C'est quoi ces histoires Mafuyu ? Je lui agrippe le bras et nous nous arrêtons en plein milieu de la route.

- Tu ne viens pas avec nous au lycée ? Demande Hiiragi bouche bée.

- Hé, traversons au lieu de rester en plein milieu, on discutera après...

- Tait-toi Shizusumi ! Mafuyu explique-moi bordel ! Je commence à sentir ce sentiment confus entre colère et tristesse m'envahir peu à peu.

- Eh bien... La maison est devenu trop cher, ma mère n'arrive pas à payer les factures... Alors on va déménager pour prendre un appartement. Et j'irai dans un lycée plus proche et moins cher...

- Je vois... Je le lâche, et me remets à marcher.

Nous traversons le passage piéton en silence. Avant de se séparer, Mafuyu reprend la parole.

- Excusez-moi, de ne rien avoir dit...

- C'est pas grave, c'est pas de ta faute vas ! Sourit Shizusumi.

- Non mais tout de même, y'a forcément quelque chose qu'on peut faire ! Crie Hiiragi les larmes aux yeux. On peut pas se séparer ! Tu pourrais habiter chez l'un de nous ! Ou obtenir une dérogation pour aller dans le même lycée que nous ! Ou alors...

- Non !

- Yuki ? Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande Shizusumi.

- Arrêté de chercher des solutions ! C'est comme ça, faut s'y résoudre ! J'accélère et les laissent derrière moi.

C'est quoi cette façon de réagir comme des gamins ? Trouver une solution, on sait que ça ne servirait qu'à nous donner de faux espoirs. Je connais la mère de Mafuyu, pour lui faire changer d'avis, ce qu'il faut ce n'est pas de simple supplications d'enfants. Je me mets à courir pour les semer d'autant plus. Je me dirige dans notre rue, mais je ne rentre pas chez moi, et pars toquer à la porte de Mme Sato. Je toque plusieurs fois et elle se décide enfin à m'ouvrir. Elle me dévisage durement pendant quelques secondes.

- Il n'est pas là ! Elle essaye de referme la porte que je bloque avec ma main.

- C'est vous que je viens voir.

- Pour quel raison petit morveux ?

- Je sais que vous n'avez aucun problème d'argent madame, alors pourquoi déménager ?

- Pour qui tu te prends ? Les choses d'adultes ne te regardent pas.

- Mafuyu, n'est pas une chose, et là, il s'agit de lui, de son bonheur, alors sa me regarde ! Vous n'avez pas le droit de le retirer à sa vie ! Vous n'avez pas le droit de me l'enlever ! Je sers les poings pour me retenir de tous gestes brusques dont je me sais capable.

- Ahah ! Elle ricane bêtement. Alors c'est ça hein ? Tu te soucis plus de ton bonheur que de celui de Mafuyu ? Vois-tu, si je le fais déménager, c'est parce que je sais qu'il sera plus en sécurité loin de toi. Alors s'il est triste de quitter ses amis, c'est uniquement à cause de toi. Elle sourit.

- Je vous déteste ! Elle me referme la porte au nez. Qu'est-ce que vous connaissez de lui ? Vous ne savez rien de moi et de votre fils ! Barrez-vous si vous voulez ! Mais laissez le ici, laissez-le avec moi ! Je cris et tape de toutes mes forces contre la porte.

- Yuki ! Hurle la voix de Mafuyu qui surgit juste derrière moi.

Je me retourne, il me regarde en pleurant. Il est tout essoufflé, a-t-il courut pour venir jusqu'ici ?

- Mafuyu... je... je... Je m'écroule par terre, sur le palier de la porte d'entrée, à bout d'énergie, incapable de dire quoi que ce soit.

Mafuyu s'avance vers moi, s'agenouille et me prend dans ses bras. Sans un mot, juste en sentant la chaleur de son corps contre le miens, je me calme et retrouve la raison. Puis il me prend par la main, toujours dans le silence et il m'emmène au parc. On s'assoit sur les balançoires, où il crève enfin l'aspect.

- Je pensais que l'annonce de mon départ t'avais fait ni chaud ni froid. Débite-t-il subitement.

- Et moi je pensais pas péter autant les plombs. Je rigole nerveusement. Mais tu sais, j'ai horreur que tu t'éloignes de moi, qu'on veuille t'arracher à moi sans la moindre raison. Et je t'avoue que sur le coup j'ai eu peur. Peur qu'en plus de la distance, on s'éloigne sentimentalement. Je veux pas te perdre Mafuyu.

- Yuki, tu viens de m'exposer tes sentiments ? Me répond-t-il avec un air choqué.

- Arrête c'est pas la première fois non plus !

- Non c'est juste très rare.

Il rigole, et je rie avec lui. Un long silence s'installe, durent lequel, la pluie commence à tomber. Je me relève pour partir lorsqu'il me saisit le poignet. Il baisse la tête, toujours assis sur sa balançoire. Je ne vois pas son visage, pourtant, je suis persuadé que l'eau qui ruisselle dessus provient de ses yeux. Il pleure aussi, lorsque la nature pleure. Ou peut-être est-ce la nature qui nous témoigne sa tristesse face à notre nouvel obstacle. Ce que je sais à ce moment-là, c'est que pour la dixième fois, le temps s'est arrêté, l'air sortait de ma bouche, et l'eau ruisseler également sur ma peau. La pluie nous encercle, pour masquer ce qu'il y a tout autour. Comme si nous nous trouvions dans une boule à neige, et que lorsque la vie nous secouait et nous chamboulait, il pleuvait tout autour. Puis, semblable à un écho, sa voix raisonne soudainement dans mon cœur.

- N'oublie jamais Yuki, fait moi la promesse de ne jamais oublier, que même séparé à égale distance de la lune et des étoiles, je t'aimerai autant qu'il est possible de m'éloigner de toi.

Il relève la tête et plonge son profond regard dans le miens. Je ne sais pas quoi répondre. Enfaite, je n'ai pas envie de lui répondre. Pas parce que je n'ai pas aimé ce qu'il vient de dire. Mais tout simplement car parler signifierais que je conclus ce qu'il vient de dire. Si c'est possible, je veux mourir maintenant, pour que ces mots soit les dernier que j'entende sur terre. Car je saisis leur profondeur et leur sincérité. Pourtant, j'ai la sensation de percevoir une page qui se tourne. La distance ne peut séparer de cœur qui s'aime mais elle crée une frontière entre deux êtres dépendants l'un de l'autre. Le destin m'envoie peut-être un message, celui qui signifierait de le laisser partir. Le signe que tout ça doit prendre fin. Je choisi tout de même de ne pas l'écouter, de tracer ma propre voie au côté de Mafuyu, peu importe ou cela me mènera, car je ne peux vivre sans lui. Alors si cela est vraiment un signe, j'espère mourir foudroyer par mon amour pour ne jamais connaître le jour où on me m'enlèvera.

A ce moment je le sers juste dans mes bras, pour signifier simplement, que si nous nous trouvons à égale distance de la lune et des étoiles, je trouverais toujours le moyen de le serrer contre moi.

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant