Chapitre IV

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Rose


               Le lendemain, je retourne chez lui et sonne une nouvelle fois. Sa mère m'ouvre.

- Bonjour madame Sato, Mafuyu est là ?

- Non, il n'est pas rentré depuis hier. Elle souffle la fumée de sa cigarette. Ses yeux sont rouges, elle doit encore s'être droguée.

- Et vous savez où il est ?

- Non.

- Mais il a disparu depuis hier et ça ne vous inquiète pas ! Je commence à m'énerver contre elle.

- Yuki ? Une petite voix, m'appelle derrière moi, je me retourne et vois Mafuyu, les yeux encore humide et boursoufflé.

- Mafuyu ! Tu étais ou ? Je t'ai cherché partout ?

- Depuis quand te fais- tu du souci pour moi ?

- Imbécile ! tu crois que ça me fait plaisir de te voir dans cet état ! Tu es vraiment trop con ! Je suis énervé et je rentre chez moi.

Je m'allonge sur mon lit, je contemple le plafond. Je viens de traverser milles émotions à la fois. Pourtant je ne réalise toujours pas ce qu'il s'est passé. Mon corps, mes nerfs, tout ça, réagit instinctivement lorsqu'il s'agit de Mafuyu. Pourquoi, j'ai l'impression d'être relier à lui, qu'un fil invisible nous pousse inconsciemment l'un vers l'autre.

*

Ma mère m'appelle pour diner. Je descends, et m'installe en face d'elle.

- Maman, je... je peux te poser une question ?

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu as de la fièvre ? C'est par rapport à ce qu'il s'est passé à l'école ? Tu sais je trouve que tu as très bien agis cependant ça te ressemble pas d'être aussi sérieux ! Elle ricane.

- Maman, c'est important. Elle me fait signe de continuer. Qu'est-ce qu'on ressent lorsqu'on n'aime une personne ?

- Oh, et bien ça dépends des gens, je suppose. Moi, lorsque j'ai rencontré ton père, j'ai eu très peur d'aller vers lui. En même temps, il m'intriguait tellement que je ne pouvais pas m'empêcher d'aller vers lui. Certes j'avais peur d'être rejetée mais j'avais encore plus peur de ne jamais oser. Et puis, au fil du temps, il n'y avait que lui. C'était comme si, plus j'apprenais à le connaître, plus tous ce qu'il y avait autour de nous disparaissait pour ne laisser que c'est profond yeux dans les miens. Mais tu es sûrement trop jeune pour avoir ressenti cela, allez, mange, avant que ça refroidissent !

- Est-ce que, les garçons ressentent la même chose que les filles lorsqu'ils tombent amoureux ?

- Mmh, oui, je pense que c'est un peu similaire. Après, tout dépends de ta personnalité. Par exemple, ton père lui...

- C'est bon, ne me parle pas de lui ! Lui il ne sait pas ce que c'est l'amour !

- Yuki !

- Quoi ? Tu vas me contredire ?

- Ça suffit, tu sais très bien que c'est faux ! Elle se redresse les deux mains sur la table et je fais de même.

- Ah oui ? Tu sais quoi, j'ai une preuve. Il s'est suicidé tu te souviens ? Il nous a frappés, et nous a lâchement abandonné ! Il ne nous a jamais aimés ! Ont été simplement des poids mort pour lui, il n'a pas trouvé d'autre solution que de mourir pour se débarrasser de nous ! Je parie même qu'il était l'homme le plus heureux du monde quand il s'est passé la corde au cou !

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant