Chapitre VII

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Instant

                    Mafuyu est resté dormir plusieurs nuits. Sa mère ne lui parle plus. Mais avec des heures de débats agités avec ma mère, elle a fini par accepter qu'il rentre. Je pense que l'atmosphère entre eux reste très tendue. Il ne m'en parle pas vraiment. Par contre il passe le plus claire de son temps chez moi. Ma mère est comblée. Ça me touche qu'elle l'apprécie autant. Qui peut ne pas l'aimer ? Mafuyu est attentionné, emphatique et se soucis toujours des autres, même de ceux qu'il ne connait ou n'aime pas. Il est certes dans son monde et timide, mais il observe bien plus la réalité que n'importe qui. J'aime ça, et je le respect d'autant plus qu'il a su garder sa petite âme d'enfant. Même s'il fait tout pour la cacher. Pour me remercier, il m'a dit qu'il allait m'emmener au cinéma ce soir. Je crois que c'est notre premier rencard, c'est bizarre de penser cela, alors qu'on est déjà allés des centaines de fois au cinéma ensemble. Je suis super nerveux. Je passe un temps fou à me préparer.

- Maman aide moi ! Je vais mourir ! Le pantalon noir et chemise blanche ça fait peut-être trop ? Je devrais mettre un sweat ? Ou un t-shirt ? Je sais pas ! Pourquoi on n'est pas nudiste !

- Tu peux aussi y aller à poil aussi, ça fera sensation !

- Arrête de rire, c'est une question sérieuse !

- Désolé, mais je suis si heureuse de te voir comme ça ! Tu devrais rester fidèle à toi-même et la jouer simple.

- Va pour le t-shirt noir alors ! Maman... tu ... euh... tu pleures ?

- Non c'est rien, mon bébé deviens grand je suis fière de l'homme que tu deviens. On devra parler toi et moi... tu sais de l'intimité, des protections... enfin du sexe quoi !

- Maman... euh, enfaite c'est pas la peine, tu sais...

- Quoi ? Ne me dit pas que ...

On sonne à la porte. Je suis sauvé ! Je vais ouvrir à Mafuyu. Je le vois à l'entrée, il s'est fait tout beau et... il a mis une chemise... Je suis trop con !

- Tiens Yuki c'est pour toi ! Il me temps une magnifique rose rouge.

Je me sens encore plus à la ramasse. J'entends ma mère qui rigole cacher derrière la porte.

- Tu avais pas besoin d'en faire autant ! Je suis un peu frustré.

- Je n'aurais pas dû ? excuse-moi.

- Non c'est bon... allez viens on va être en retard.

Je ferme la porte et sort. On marche tranquillement, l'un a côté de l'autre, sans un bruit. Je regarde mes pieds, je me sens complétement stupide. Je devrais lui prendre la main ? Lui cueillir une fleur sur le chemin ? Pourquoi ça paraît plus simple dans les films.

- Yuki ? Est-ce que j'ai faits quelque chose de mal ?

- Non... enfin oui... c'est juste que tu es trop parfait, ça m'énerve.

- Pardon. Il prend un petit air triste, je déteste le voir comme ça.

- C'est pas ce que je veux dire.... Je m'arrête. Je sais pas trop comment agir. J'ai mis quatre ans à me décider entre une chemise et un T-shirt et toi tu arrives bien habillé avec une rose. J'ai pas envie que tout change entre nous, enfin je veux dire... qu'on ne soit plus naturel comme avant. Mais non, enfaite c'est pas ça le problème... Je veux pas d'une relation amicale non plus. Rooh je, comment dire, je sais pas comment gérer, j'ai pas l'habitude de... euh... merde.

- Yuki. Il me prend la main. Moi je t'aime toi, peu importe le Yuki que tu décides d'être, le sérieux ou le drôle.

- Je suis pas schizophrène non plus tu sais !

- Un peu ! Il rit.

- Alors toi !

Je me met à lui courir après, on rigole. Puis je l'attrape et le sert fort contre moi.

- Merci, pour la rose. Chuchote-je dans son oreille.

On arrive enfin au cinéma. On s'installe dans le milieu bien en face de l'écran. Mafuyu ne m'a toujours pas dit quel film on allait voir. J'attends avec impatience. Le connaissant c'est surement pas un film d'horreur, sauf s'il a voulu me faire plaisir. Ce serai mignon, en plus il aura probablement peur et s'agrippera à moi. Là je pourrais lui sortir la phrase clichée « Je te protégerais, n'ai pas peur ». Oh ! Faites que ce soit un film d'horreur. Après quelques pubs, il commence enfin et c'est... Un film d'hor... Une comédie romantique ! Sérieux ? C'est encore plus cliché. Je me retourne, il n'y pratiquement que des couples. Mafuyu me regarde et sourit, content de sa blague. On regarde le film en silence. Puis, comme je m'ennuie profondément, je lui attrape la main. Il me regarde et me fait signe qu'il y a des gens autour de nous. Je lève les épaules et tourne la tête en lui serrant d'avantage la main. Je m'en fiche qu'on nous remarque, je ne me cacherais pas. Si on doit toujours se cacher, toute notre vie, à quoi cela rimerait ? C'est n'ai pas une vie ça. Je préfère être jugé plutôt que de regretter de ne pas avoir vécu librement. Si ma liberté dérange quelqu'un il n'a qu'à ne pas me regarder. D'un coup la petite tête de Mafuyu se pose sur mon épaule et viens troubler ma réflexion. Je rêve il s'est endormie ! Je le regarde lui, bien plus que le film. Je caresse sa joue, et retire de ses yeux quelques mèches pour dégager son visage. Ça peut paraître ridicule mais, c'est juste des moments comme celui-ci que je retiendrais toute ma vie. Simplement, son visage endormi sur mon épaule et nos mains entrelacées. Car il n'y a rien d'autre de plus beau. Ni le fil de lumière qui traverse la salle pour se protéger sur l'écran, ni le paysage qui s'y reflète, ni même le soleil qui luisait dehors n'est comparable à la beauté de cet instant. Seulement lui, rien d'autre que lui, c'est tout ce qui compte pour moi à cet instant, car il représente bien plus qu'il ne pourrait jamais comprendre. C'est sa petite lumière qui est venu me réchauffer et qui, petit à petit, ma redonné l'oxygène, m'a montré le chemin dans ce sombre monde dans lequel j'avais sombré. Pourrais-je un jour lui dire ce que je ressens vraiment pour lui ?

Le film termine, et Mafuyu dors encore. Je ne souhaite pas le réveiller alors je le prends sur mon dos. Et je le ramène chez lui. Finalement je l'aurais eu ma scène cliché !

Arrivé devant la porte je prends les clés dans sa poche. J'ouvre et l'emmène jusqu'à son lit. Je le dépose délicatement. Retire ses chaussures, et ses vêtements et le met sous sa couette. Je l'embrasse.

- Bonne nuit, ma petite rose. Chuchote-je dans son oreille.

- Yuki ! Dit-il d'une petite voix. Désolé, j'ai gâché cette soirée.

- Non Mafuyu, c'était parfait, j'ai pu jouer au prince. Dors maintenant.

- Tu veux bien rester avec moi ? Je... je ne veux pas être tout seul.

Je retire mes chaussures et m'installe à côté de lui. Je le ramène vers moi, et passe ma main dans ses cheveux.

- Tu n'es pas tout seul, tu ne le seras jamais. Pas avec moi. Je l'embrasse et il s'endort sur mon torse.

Encore un instant comme celui-là qui se grave dans mon cœur poussiéreux.

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant