Chapitre XXIII

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Une simple dispute de couple

- Mafuyu ! Je lui cours après et m'interpose devant lui, laissant Hiiragi et Shizusumi en retrait. Mafuyu ça va ?

- Tu me demande si ça va, alors que vous m'ignorez tous et que vous vous retrouvez sans moi ? Il garde les yeux baissé, comme s'il avait honte de ses propres émotions ou bien honte de nous.

- C'est pas ce que tu crois...

- Alors c'est quoi ? Explique-moi ? Parce que je comprend pas ce que j'ai faits de mal pour être rejeté comme ça.

- Mafuyu, je lui prends la main, écoute on avait nos raisons mais rien n'a changé, je te le jure.

- Rien n'a changé ? Tu ne me parle plus, dès qu'on se voit, tu es triste, froid et distant. Pourtant quand tu sors avec eux, tu as l'air si heureux. Enfaite j'ai l'impression que tout allait mieux avant que tu ne me rencontre.

Est-ce vrais ? Au fond, avant, j'avais mes amis, ont étaient tous heureux et tout le monde m'aimait. Et puis quand je me suis mis avec lui, tout à totalement dégénéré. J'ai perdu ma popularité, j'ai perdu en confiance. J'ai dû affronter le regard des autres, celui de ma mère, de mes amis et des inconnus. Je me suis fait harceler et frapper, un psychopathe me cour après et tout cela pour quoi ? Parce que je suis amoureux de Mafuyu, ou plutôt parce que je suis amoureux d'un garçon.

- Tu vois, reprend-t-il, je le vois dans tes yeux, au fond tu aurais préféré ne jamais me rencontrer et rester pour toujours le Yuki faux et super heureux que tu étais.

- Ferme ta gueule Mafuyu ! Je l'attrape par le col.

J'ai oublié, j'ai faits passer son sexe avant sa personnalité. Ce qui compte ce n'est pas son genre, c'est sa personnalité. Je l'aime lui et personne d'autre. Peut-importe ce que les gens disent. Si je ne l'avais jamais rencontré, je serai resté cette coquille vide, cette âme au visage de clown. Sans lui, je n'aurais jamais existé, je ne me serais jamais sentie vivant. C'est toutes ces choses, que j'avais prévu de lui dire dans ma chanson.

- Mafuyu, tu...tu es tellement important pour moi. Alors arrête de faire comme si tu comprenais rien à mes sentiments parce que... j'ai jamais osé te le dire en face. Mais tu le sais très bien. Tu es ma Rose ! T'as compris maintenant ? Alors ferme ta grande gueule et réfléchis. Je t'ai tellement prouvé mon amour, comment tu peux oser dire ça !

- Va te faire foutre Yuki ! Je n'ai jamais été ta rose, seulement le vase dans lequel tu te planquais ! Je ne compte pas pour toi. Tu te sers de moi seulement parce que j'arrive à te remonter le moral. Mais toi, tu n'es jamais là pour moi.

- Qu'est-ce que tu dis ? Je fais tout pour toi ! J'ai toujours tout fait pour toi ! Je te protège, j'affronte ma famille, mes amis... Je pense plus à toi qu'à moi et tu oses me dire ça ?

- Alors tu étais ou Yuki ? Pourquoi tu m'as laissé alors que tu avais promis de toujours être là ? Tu as honte de moi, et honte de ce que tu es. Je le vois.

- Arrête avec ça, tu sais rien de moi, rein du tout ! Je me sacrifie pour toi et tu ne vois rien !

- Alors je t'en prie explique-moi, je t'écoute. A quoi tu penses ? Qui es-tu ? Que t'arrives-t-il ? Va s'y donne-moi ta peine et dit moi ce que tu as sur le cœur. Si je suis important pour toi, tu peux te confier à moi. Qu'est ce qui ce passe de si grave pour que tu me mettes de côté ? Dis-le-moi !

Mes jambes se tétanisent. Plus aucun son ne sort de ma bouche, je ne sais plus quoi dire.

- Tu es ma rose et je suis prêt à tout pour toi ! Je n'arrive qu'à dire cela.

- Arrête de mentir Putain ! Il hurle comme je ne l'avais jamais entendu le faire.

Sa voix est pleine de désespoir. Je voudrais tout lui dire, là maintenant. Je dois le faire avant de le perdre pour toujours.

- Mafuyu je dis la vérité... Il me coupe avant que je n'ai eu le temps de finir.

- Alors si c'est vrai, si je suis ta Rose, tu serais prêt à mourir pour moi ?

Il me regarde enfin droit dans les yeux, avec une colère telle, que j'ai l'impression que son regard me détruit peu à peu. Il me transperce et m'arrache un souffle de vie. Je relâche son col instantanément. Je fais quelques pats en arrière en baissant la tête. Les mots me manquent, anéantie.

- Tu as surement raison. Je me retourne, il fait de même.

Je me dirige vers les garçons bouches bé devant la scène. Hiiragi s'avance vers moi d'un air préoccupé, alors je lui tape l'épaule comme pour le rassurer. Shizusumi hésite à aller voir Mafuyu, mais finalement, ne préférant pas s'en mêler, il fait demi-tour et me suis. Hiiragi appelle Mafuyu mais il ne se retourne pas, il reste de dos, figée. Sans insister, Hiiragi abandonne et nous suit également.

On retourne chez nous. On prend le métro, il est déjà tard et il est quasiment vide. On s'assoit dans un coin en silence. Pendant le trajet, la tête contre la vitre, je dérive dans mes pensées. Est-ce que je serai prêt à mourir pour lui ? Je n'avais encore jamais réfléchit à ça. Enfin si, je me suis juré de vivre pour lui, de toujours rester à ses côtés et de le protéger. Je suis prêt à endurer les pires souffrances pour pouvoir encore respirer et marcher à ses côtés. Mais si ces souffrances me conduisent à la mort, si on me demandait de mourir pour lui, est-ce que j'accepterais ? Non, surement pas. Je l'aime, mais pour moi l'amour ne rime pas avec sacrifice. Si Mafuyu mourait pour moi, je ne verrais pas cela comme une preuve d'amour mais plutôt comme un abandon. Il a préféré la faciliter, il a préféré la mort à moi. Je ne comptais pas assez à ses yeux pour qu'il résiste encore, qu'il reste à mes côtés. Pour moi, la mort n'est pas l'ultime preuve de notre amour. En partant je ferais souffrir ceux qui m'aiment. Alors, leur souhaiter de la souffrance et de la tristesse serait équivalent au bonheur de l'amour ? Pour moi, c'est incompatible. Je ne veux pas ressembler à mon père, je ne veux pas que Mafuyu ressente ce que moi j'ai ressentie quand je l'ai perdu. Donc non, je ne suis pas prêt à mourir pour lui, mais je veux vivre pour lui. Je ne veux pas l'abandonner.

Je me rends à l'évidence que je ne peux pas attendre le jour où je chanterai ma chanson pour lui dire enfin ce que j'éprouve, pour lui dire enfin que je l'aime. Car depuis tous ce temps, je ne lui ai jamais dit ces mots. C'est peut-être ça qui lui manque, c'est peut être cette confirmation, cette preuve de mon amour qu'il lui faut. Je dois le voir, là, maintenant. Je dois lui dire tous ce que je n'ai jamais trouvé le courage de lui dire. Lui dire que je vivrais pour lui car c'est la plus belle preuve d'amour que je puisse lui faire. Lui dire que je resterais toujours à ses côtés. Je dois honorer ma promesse jusqu'à mon dernier souffle. Le métro s'arrête à une station qui n'est pas la nôtre. Et je descends. Les garçons me regardent bizarrement et je leur fais un grand sourire. Puis Hiiragi me fait un clin d'œil, ils doivent avoir compris que je pars le chercher. Je prends le métro suivant pour retourner en ville. Je ne suis qu'à cinq minutes. Je ne sais pas vraiment comment je vais lui dire tous ça, mais je dois le voir. Je sors enfin du métro et ressort de sous terre. Je cour le plus vite possible vers son appartement. Je cour aussi vite que je peux. Animer par l'espoir et l'amour j'ai l'impression de voler. Je suis dans cette scène de film, musique à fond ou les deux âmes sœur se retrouve enfin et s'embrasse sous la pluie. Moi aussi je veux mon happy end. Il est là, tout prêt, je vais le saisir. Je ne suis plus qu'à deux rues, son bâtiment se trouve juste en face, je n'ai plus qu'à traverser la route et j'y serais... On m'attrape violemment par le cou. Je me fais emporter dans une sombre ruelle et on me jette à terre. Plusieurs mecs m'encercle, certain on des battes de baseball. Juste devant moi, un deux s'accroupie.

- C'est moi ! dit-il. C'est l'heure d'en finir.

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant