Chapitre III

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Labyrinthe

           Les jours passent, et Mafuyu et moi nous évitons. Nos regards ne se croisent plus, et ils restent loin de moi. Shizusumi et Hiiragi ont remarqué notre froid, mais ils ne s'en mêlent pas, jonglant entre l'un et l'autre pour n'en délaisser aucun. Cette situation est étouffante, pour chacun d'entre nous.

- Hé Yuki ! Yumi m'interpelle. Est-ce que tu veux aller boire un café après les cours ?

- Moi je veux bien sinon ! S'interpose Hiiragi

- Oh tait-toi, il sait bien qu'une proposition comme ça ne se refuse pas ! Dit Shizusumi en me faisant un clin d'œil pas très discret.

- Excuse-les Yumi, mais pour les pardonner j'accepte volontiers ! On se retrouve devant le portail.

- D'accords a toute à l'heure ! Elle sourit timidement et repart.

- Oh je rêve ou tu t'es servi de nous comme technique de drague ! Hiiragi se met à pleurer.

- Tu pleures vraiment ? S'inquiète Shizusumi.

Ils continuent de rire, mais je ne les entends pas. Je regarde simplement Yumi, en prenant conscience de ce qui vient d'arriver. Pourtant, je n'en tire aucune satisfaction.

Le soir venu, je pars prendre un café avec Yumi. On discute de tout et de rien. Elle est intelligente et drôle. Je m'entends bien avec elle. Après quelques heures on se sépare en programmant un nouveau rendez-vous.

A ce nouveau rendez-vous, on par voir un film, on a les mêmes gouts, et on rigole beaucoup.

Puis, au rendez-vous suivant, je l'invite au restaurant. En la raccompagnant chez elle, elle m'embrasse. Au lycée on passe notre temps l'un avec l'autre, et on a décidé de sortir ensemble. Et enfin, viens ma première nuit avec elle, un soir ou ces parents n'étaient pas là.

C'est là, qu'elle a commencé à m'embrasser. J'ai faits de même. J'en avais envie aussi, je crois. Les choses se sont enchaînées par la suite. Et malgré une envie d'aller plus loin, et malgré mes sentiments pour elle, je n'y arrivais pas. C'était comme si, je ne pouvais rien ressentir. Je n'éprouvais rien, ni amour, ni joie, ni excitation. Est-ce que je suis capable d'aimer ? Y'a-t-il une case dans mon cœur dédier à ce sentiment ? Parfois je me demande même si, je fais tout cela parce que je veux me sentir aimé, mais en réalité je n'éprouve rien. Je n'y connais rien en amour, je n'ai jamais aimé. Même avec ma mère, on ne se le dit pas. Pourtant j'ai une envie folle de connaitre cela, enfaite j'en suis incapable. Personne ne me correspond, ou est-ce moi qui ne corresponds à personne. J'ai cette foutu et constante impression d'être trop différent pour pouvoir être heureux. Mes sentiments sont si complexes, que je ne pourrais les exposer au monde, de peur qu'on me rejette d'avantage. La réalité, l'incompréhensible, la différence, tout ça fait fuir naturellement les gens. Alors je me renferme dans ma coquille qui m'étouffe et me brûle la peau. Coquille que personne n'arrive à percer, que personne n'arrive à voir, personne ne peut me sauver. Suis-je amoureux de cette fille ou veux-je simplement une sauveuse ? D'où me viens ces brutaux et démesurés sentiments ? Le passé est- il capable de me hanter à ce point ? Si je n'arrive pas à refermer mes plaies, et si personne ne peut le faire pour moi, qu'adviendra-t-il ? Je suis comme perdu, isolé dans un labyrinthe du quel je ne trouve aucun échappatoire. J'y répète sans cesse les mêmes erreurs, je me trompe de chemin, encore et encore.

Au lycée, aujourd'hui, j'arrive en compagnie de Yumi. Tout le monde nous observe. Je suis fière d'être le centre de l'attention. Mais, je détourne les yeux vers Mafuyu, il est assis, seul, sur un banc en train de lire. Et malgré tous les regards braqués sur nous, je me détourne d'elle pour ne fixer que lui. Partout, je ne vois que lui. Il est dans chaque paysage de ma vie, dans chacune de mes pensées, dans le reflet de mes yeux. Le contempler me ramène à la réalité. Et je souris bêtement, je suis heureux à cet instant. Comme un enfant qui viens de retrouver son doudou. Subitement il relève les yeux, il me fixe et son regard se durcit après avoir vu Yumi me tenir la main. Il se lève d'un coup et part. Instinctivement, je la repousse et cour le chercher. Il marche derrière un des bâtiments, je me place derrière lui et lui agrippe l'épaule.

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant