Chapitre XXV

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              Porte

                      J'ai l'impression d'être en train de mourir. Mon corps se vide, mon cœur ne bat plus. Là, allongé sur le sol, je me demande pourquoi ça m'est arrivé à moi. Qu'ai-je fais pour mériter ça. Est-ce qu'il avait raison ? C'est depuis que je l'ai rencontré que tout a dégénéré. Je n'aurais jamais dû l'aimer. C'est contre nature, et aujourd'hui on me puni ? Est-ce ça ? De qui je parle déjà ? Ah, ça me reviens, Mafuyu. Je pense à lui, même dans un moment pareil. Je devais lui dire quelque chose. Je m'en souviens plus maintenant. Je l'appelle du coin de ma bouche, « Mafuyu », « Mafuyu ». Comme si, la part de moi qui s'accroche désespérément pensait qu'il aller venir me sauver. Je voudrais faire taire cette voix. Je veux rester allonger sur ce sol humide jusqu'à ce que mon souffle ne réchauffe plus mon corps. Mais la voix ne se tait pas, mes lèvres murmurent son nom de plus en plus fort. « Arrête Yuki, abandonne ». Non, elle ne se tait pas et murmure sans cesse son nom à haute voix, murmure son nom en plein dans mon cœur. Lorsqu'alors, j'ouvre un peu plus grand les yeux, je me souviens de ce que je voulais lui dire. Oui, voilà ce que je voulais lui dire, je voulais qu'il sache, je voulais lui dire...

Je ne peux pas rester là, mourir allongé par terre sans lui avoir dit. Je me relève et marche vers chez lui. J'ai du mal à tenir debout, je m'appuie contre tous ce que je peux. J'ai mal, j'ai froid. Mais je continu de marcher vers lui. Je continu de m'accrocher pour lui. Il est mon but. Mon étoile que je ne cesse d'essayer d'attraper. Il est la raison pour laquelle je ne me jette pas là, tout de suite, sous une voiture pendant que je traverse la route. Je pourrais oublier, oublié toute cette douleur, vivre avec ça pour toujours rien que pour pouvoir le serrer encore dans mes bras.

J'arrive dans l'immeuble, je prends les escaliers, je mets dix minutes pour atteindre le premier étage. Je m'appuie contre un des murs blancs. Lorsque je retire ma main, elle reste coller sur le mur. La trace d'une main pleine de sang. La mienne. La trace que malgré la douleur je m'accroche encore un peu. Je m'appuie encore contre un mur et me propulse jusque devant sa porte. J'essaye de me redresser pour me présenter à lui. Je me tiens devant ce dernier mur qui nous sépare, prends une inspiration douloureuse qui me brûle à l'intérieur, j'avance mon bras et sonne. Personne ne répond, je sonne une nouvelle fois et enfin, la porte s'ouvre. C'est la mère de Mafuyu.

- S'il vous plaît, je... je dois parler à Mafuyu... Je suis totalement essoufflé et dès que je parle mes poumons me font terriblement souffrir.

- Hé bien ? Il t'est arrivé quoi ?

- C'est pas important, s'il... s'il vous plaît... Mafuyu ?

- Il n'est pas là...

- C'est important ! Je la coupe.

- Il est rentré tout à l'heure en pleurant et a spécifié qu'il te détestait et qu'il ne voulait plus jamais te revoir... Je suppose que c'est pour cette raison que tu souhaites lui parler. Mais il est parti. Je suis désolé je ne sais pas où il est allé. Tu devrais rentrer chez toi, il est tard, tu veux que je te raccompagne?

- Non...Je vais rester devant la porte.

- Écoute mon garçon, je sais que je n'ai pas été facile avec toi. Alors excuse-moi. Tu sais je pense que mon fils t'aime profondément et qu'il en est de même pour toi. Je suis sa mère et je m'inquiète pour lui. Regarde-toi, regarde comment tu souffres on t'a fait du mal à cause de ton orientation sexuelle, je me trompe ?

Je retiens mes larmes en baissant la tête. Puis elle poursuit.

- Imagine qu'on fasse pareil à Mafuyu ? Si tu penses que lui courir après et rester fort est une preuve d'amour tu te trompes. En agissant ainsi, tout ce que tu réussiras à faire c'est de l'entraîner dans ta chute. Parfois, pour rendre heureux quelqu'un, il vaut mieux le laisser tranquille. Je pense que tu devrais écouter ce qu'il te dit et ne plus l'ennuyer avec tout ça. Arrête de le forcer à t'aimer, c'est la seule chose qu'il désir. Et tu devrais le désirer toi aussi, puisque son bonheur est la seule chose qui t'importe. Ne te sert plus de lui comme d'un objet et donne lui ce qu'il veut.

Je ne dis rien.

- Bon, tu es sur que tu ne veux pas que je te raccompagne ?

Je fais non de la tête. Elle me sourit et referme la porte. Je m'écroule à terre et pose ma tête contre cette porte fermé qui m'empêche de le voir. Les mots de madame Sato raisonnent encore en moi. Est-ce que le mieux pour lui est de rester loin de moi ? Elle a peut-être raison. Mafuyu a lui aussi raison, et Rin aussi. Je contamine tous sur mon passage et l'amour est mon arme. Je suis le destructeur de ce qui persiste de beaux dans les yeux de Mafuyu. Je ne suis qu'une tornade dont tout le monde s'éloigne. Je suis insignifiant. La vie me le fait savoir, elle me pousse chaque jour à abandonner. Et moi je continu. Alors ces sentences deviennent plus sévères encore. Maintenant il est temps d'écouter, il est temps d'arrêter.

Je me relève et rentre chez moi. Tout ce bouscule dans ma tête. Je suis remplie de doute, de contradiction. Je ne sais plus qui croire ni quoi faire. Je voudrais lui courir après et que tout redevienne comme avant. Pourtant, je sais que je ne supporterais pas qu'il endure les mêmes épreuves que moi. Je n'arrive plus à respirer, mon cœur se sers, j'ai l'impression que tout tremble autour de moi. Mes pas deviennent de plus en plus lourds. J'arrive enfin chez moi. Je me dirige péniblement vers la salle de bain. Mon corps est plein de bleue, j'ai du sang séchez partout sur moi. Je prends une douche, je me lave autant que possible, je me sens pourtant aussi sale qu'avant. Alors je remets du savon, encore et encore, mais seul le sang s'écoule avec l'eau qui ne lave pas mes peines. J'ai l'impression que ce corps ne m'appartient plus. Qu'il est devenu la propriété de quelqu'un d'autre. Je m'écroule de nouveau. Mes jambes ne me supportent plus, moi-même je ne me supporte plus. A genou dans la baignoire avec l'eau qui me tombe dessus et m'écrase. Moi aussi, je voudrai m'écouler.

Quelques minutes plus tard, je sors enfin. Je me dirige vers la chambre de ma mère. Elle dort paisiblement. Je retourne dans la mienne. Puis, en entrant, je regarde par ma fenêtre, je vois l'ancienne maison de Mafuyu. Je revois notre première rencontre dans le jardin. Mais aussi le jour où je suis rentré par sa fenêtre. Le parc où l'on passé notre temps. A mes pieds, le balcon on je l'ai embrassé pour la première fois. En me retournant, je vois mon lit, ce lit où l'on s'endormait l'un à côté de l'autre. Tous ces mots qu'il m'a dits, tous ses sourires qu'il m'a faits, et toutes ses fois où il m'a pris dans ses bras. Partout je le vois lui, pourtant je ne le ressens plus, ne l'entend plus, ne le vois plus. Enfaite je ne l'ai plus. Finalement, je l'ai perdu. Pas seulement à cause de la distance, mais surtout à cause de l'amour. Peut-être que, les étoiles n'ont jamais été dans la même galaxie que la lune, que tous cela n'était qu'une illusion. Maintenant je le sais, je ne pourrais jamais être avec lui.

The thread of my ropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant