Une Femme (Im) brisable

Chapitre 22

Assis dans le bureau de la mère de Ivan qui n'est autre que l'une des femmes propriétaires de quelques-uns des plus grands bordels de Mexico, Andres se sent moyennement la bienvenu. Il sait que cette femme lui en veut d'avoir récupérer son fils à sa solde. La privant par la même occasion de son dernier héritier, sa fille n'étant plus dans le décor. Si ce n'était pas qu'il savait à quel point son homme de main et ami voulait fuir cet environnement, il aurait été le premier à le ramener de force à ses racines.

- Que me vaut cet honneur? Hier j'ai eu la chance de voir mon rejeton. Aujourd'hui son patron se trouve dans mon bureau.

- Tu sais parfaitement ce qui m'amène ici Maria. Le visage de la cinquantenaire se tend quand elle l'entend l'appeler par son prénom. Il ne compte absolument pas la vouvoyer. Tu devais savoir ce que Sofia tramait dans mon dos. Tu connais notre contrat. Je payes chèrement tous les mois à ce sujet.

- Ce n'est pas mon problème. Elle répond la voix mesquine. Je ne m'occupe pas de ce que font les autres. Il n'y a que mes intérêts qui comptent. Sofia représente mes intérêts. Ce qu'elle gagne et me fait gagner je veux dire. Ce qu'elle fait, avec qui, comment, combien de temps. Cela ne me concerne pas.

Son regard se durcit en comprenant bien les sous-entendus derrière ses propos. Elle était au courant de tout depuis un long moment. Elle le fixe bien contente de le voir réagir à ses provocations.

- Tu es au courant des détails de mon arrangement avec Sofia. Sa fidélité faisait partie du deal.

- Je sais, c'est pour cela que je n'ai rien dit jusque-là. Maintenant qu'attends-tu que je fasse ?

- Je ne veux pas que tu interviennes. Quoi qu'il se passera aujourd'hui et le reste du temps.

- Cela va me poser problème. Si tu tues Sofia, cela me créera un manque à gagner.

- Je ne sais pas encore précisément comment la rencontre va tourner. Ni comment je risque de réagir. Je préférerais prendre mes précautions à l'avance. Que veux-tu en échange ?

- J'aurais pu te répondre que tu me payes ce que je pense pouvoir tirer encore de Sofia les dernières années de sa carrière. Elle s'arrête de parler et son visage se fige. Elle réfléchit un moment avant de reprendre. Mais ce ne serait pas totalement intéressant pour moi à la longue. Je préfère que tu aies une dette envers moi.

Andres n'aime pas ce qu'il entend. Cette femme pourrait lui créer des soucis ou le mettre dans une situation délicate en échange de cette dette. S'il l'accepte évidement, il devra forcément l'honorer. La parole donnée ne peut plus être rendue.

- Je ne peux avoir une dette envers toi sans savoir les limites de celle-ci. Je peux même te payer...

- L'argent ne règle pas tout dans la vie, elle le coupe subitement.

- Je ne tuerai pas Sofia dans ce cas-la. Je te la ferai ramener en vie.

- Ça ne veut pas dire qu'elle me sera ramenée en un seul morceau ou saine d'esprit. Je me doute de jusqu'où tu peux aller pour marquer ton autorité. Les rumeurs des rues ne sont même pas à la hauteur de ta vraie nature Andres. Tu es dur, cruel, violent et rancunier...

- Quand on trahit ma confiance oui, je peux prendre des traits assez vicieux. Mais je ne suis pas un ingrat. Dis moi ton prix et donne-moi les infos que tu as sur elle qui te permet de la tenir en laisse.

- Alors tu es au courant...

- Beaucoup de gens se doutent bien que tes filles ne restent pas là à se faire exploiter parce qu'elles ont des âmes charitables. Tes filles gagnent de gros cachets et par extension ta part est aussi conséquente. Si c'était une dette financière, elles notamment Sofia auraient déjà payé depuis avec ce que je lui donnais. Et ce serait émancipé de ta personne. Il évite de mentionner que son fils lui a aussi fait une confidence à ce sujet. Ce que tu as sur Sofia, une fois que j'aurais payé je veux que tu me le donnes. Avec les preuves qui sont entre tes mains et que tu jures de ne jamais en faire usage et de ne jamais en parler. À ces conditions, je suis prêt à payer le montant de ton choix.