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J'arrive chez moi à huit heure du matin, je sonne vu que j'ai laissé mes clés à mon garde chien. Ce dernier m'ouvre après des minutes d'acharnement sur la sonnette. Il porte comme unique vêtement un boxeur qui laisse apercevoir la quasi intégralité de sa plastique, en passant par sa musculature qui n'a rien à envier à l'italien. Il a les petits yeux du matin et une bouille que je trouverais adorable s'il n'avait été lui, Peter.

- « C'est pas trop tôt. » je me plains tout en le poussant afin d'entrer.

- « Sois heureuse que je vienne t'ouvrir déjà. » il a le culot de dire, j'hausse les sourcils.

- « Le mec qui dit ça alors qu'il a gratté mon canapé toute la nuit. »

- « Quel canapé ? » il rit.

- « Attend tu n'as quand même pas osé dormir sur mon lit !? » je m'énerve. « Et puis c'était fermé à clé. »

- « Mal fermé à ce que j'ai vu. En tout cas ton lit est vraiment super confortable. »

- « Mais tu fais vraiment chier. » je le pousse et m'enferme dans la salle de bain.

Je me démaquille, puis me douche avec de l'eau brûlante. Ensuite je pars dans ma chambre sous les yeux de Peter qui me regardait attentivement du salon. Je referme la porte de ma chambre derrière moi et enfile une tenue adéquate, afin de roupiller jusqu'à l'arrivée de l'ukrainienne qui détient le double de mes clés.

- « C'est bon t'es habillée ? » il demande en toquant de l'autre côté de la porte.

- « Ton boulot de nounou est terminé. Tu peux rentrer chez toi. » je dis en entrant sous ma couette.

- « Tu ne m'a même pas payé. »

- « Tu viendras chercher ton du une prochaine fois. Ça te fera comme ça une bonne raison pour me voir, sans prétexter un hasard suspicieux. »

- « J'ai pas envie. »

Après sa phrase il entre dans ma chambre, il ne s'était toujours pas habillé et bien évidemment sans que personne ne lui ai demandé quoi que ce soit. Ce dernier s'incruste dans mon lit quasiment dévêtu, il se place confortablement sous la couverture et se tient à présent à mes côtés.

- « Tu manques pas d'air toi. » je dis tout en le dévisageant.

- « Tu m'a réveillé à huit heure du mat' un jour saint puis tu veux me virer, sans me payer mon avoir et sans même un remerciement. Alors que j'ai vaillamment passé la nuit à veiller sur ta chienne, mais c'est moi qui ne manque pas d'air ici ? »

- « Personne ne t'a forcé à accepter. »

- « Bien. Alors je vais me rendormir et à tes côtés désormais. » il dit en se mettant dos à moi. Je soupire en me voyant complètement vaincu.

Je me tourne afin d'être dos à cet énergumène et repense tout à coup à ma soirée auprès de Gianni, au fait que j'ai pensé à Peter quand je couchais avec un autre homme. Au fait que j'ai mouillé dès que j'ai imaginé le fin brun me tordre de plaisir, au fait que j'ai gémis en imaginant ressentir chacune de ces tendresses et enfin au fait que j'ai jouis en l'espérant se vider en moi. Tourmentée, je me tourne à nouveau et cette fois-ci je tombe nez à nez avec mon colocataire éphémère.

- « J'ai aussi pensé à toi en couchant avec un autre homme. Il se trouve que tu m'as refilé ton obsession. » je lui dis, je me dis instantanément que je n'aurais surement pas du lui avouer cela.

Enfin bon j'en avais l'envie et le besoin alors à quoi bon regretter ? Je dis toujours ce qu'il me passe par la tête sans filtre et je ne compte pas brider ce trait de mon caractère de sitôt. D'ailleurs le jeune homme se relève légèrement, les yeux grands ouverts de surprise et un sourire mesquin qui déborde de chaque pore de son visage.

- « Je t'obsèdes Nana ? » il demande un brin moqueur.

- « Tu attises ma curiosité. » je réponds honnêtement. « Je me demande pourquoi tu es entré comme cela dans ma vie, et pourquoi tu n'a pas voulu en quitter. C'est justement cela qui m'intrigue. »

- « Nous sommes peut-être des âmes soeurs, qui sait ? »

- « Âmes soeurs ? » je pouffe de rire « Je ne te pensais pas fleur bleue. »

- « Je ne le suis pas. » il avoue « Mais je ne savais pas quoi répondre d'autre alors j'ai cherché un truc à dire. »

- « Il vaudrait mieux qu'on dorme, cela nous remettra les idées en place. »

Il acquiesce puis nous finissons par nous tourner simultanément. Peter me déroute, je ne sais pas à quoi il joue ni sur quel pied danser avec lui. Il n 'est pas comme tous les autres que j'ai pu rencontrer, je le sais, je le sens. J'ai cette fâcheuse impression avec lui qu'il ne tombera jamais dans mes filets. C'est comme s'il connaissait tous mes coups et mes intentions à l'avance.

[...]

- « Attends, attends un mec a dormi chez toi Nana ? C'est la limite que tu ne franchis jamais pourtant. »

- « Je sais Natacha. Mais je te l'ai déjà dit Peter me fait comme tourner la tête, je dois agir différemment avec lui. »

- « Fais gaffe Nana. Ces gars là sont forts, très forts. Il se peut même qu'ils soient plus rusés que nous. »

- « Hm. » je trouve seulement à dire.

Elle croque dans sa pomme rouge. Natacha a un faible pour les pommes rouges comme vous avez pu le voir précédemment c'est son péché mignon.

- « Il est devenu quoi celui juste avant le mort là... » elle se tait et fait mine de réfléchir

- « Adrien. »

- " Oui voilà Adrien ! Bah du coup ?"

- « Il est en cure de désintox. »

- « Ah bon ? Il est devenu un camé, lui, Adrien ? Ce fils à papa de mes couilles." elle rit « Comme quoi ce sont eux les plus fragiles. Pauvre chou. »

- « Je déteste les hommes comme lui. Avec leur argent ils se croient tout permis. Mais on a juste à leur faire croire à des sentiments et toute leur faiblesse ressort. » je crache.

- « Après un dépressif, un mort, un drogué et j'en passe, tu joues encore avec les hommes tel des jouets. Quand est-ce que tu arrêteras tes dégâts Nathalia ? » elle rit en croquant à nouveau dans sa pomme en laissant désormais en apparence que le trognon.

- « Quand tu arrêteras les tiens Ivanka. »

Elle sourit amèrement et je fais de même. Nos prénoms officiels sont une partie de nous que nous nous efforçons de condamner à l'oubli. Nathalia est morte depuis bien des années, et c'est Nana qui désormais réside entièrement dans le corps que je possède. Un démon sans coeur et sans empathie envers les autres, afin de survivre dans ce monde le démon se doit de toujours suivre la voie qu'il s'est tracé sans écart.

- " Jamais, sinon on n'existe plus." elle dit en lançant sa pomme qui atterrit en plein dans la poubelle.

- " Jamais." je répète.

Nana.

NanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant