Ma nuit a été assez courte et ce matin, je me réveille de bonne heure. C'est seulement quand je descends voir si j'ai du courrier que je repère un petit attroupement près de la porte d'entrée de l'immeuble. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je comprends que ces gens admirent mon tag réalisé quelques heures plus tôt.
Les avis sur le tag sont mitigés selon les personnes.
— La personne qui a fait ça a bien raison, il fallait que quelqu'un agisse pour tous ceux qui sont victimes de violences conjugales ! lance une femme qui doit avoir la quarantaine, soutenant mon vandalisme.
Certains lèvent les yeux au ciel en marmonnant des :
— Encore des féministes à la con.
Tandis que d'autres, comme la femme de tout à l'heure, soutiennent cette cause :
— En attendant, si tout le monde pensait comme la personne qui a fait ça, le monde irait beaucoup mieux ! renchérit un homme que j'ai déjà croisé plusieurs fois dans l'ascenseur et dans les escaliers.
Je souris fièrement en voyant qu'un homme soutient le mouvement, comme quoi, pas besoin d'être une femme pour défendre des causes comme celle-ci.
En ce qui concerne l'autre tag, moins de monde l'a vu étant donné qu'il est au cinquième étage, seulement ceux qui y habitent ont pu le voir. Ce qui ne me dérange pas puisqu'il était simplement visé à la personne qui m'a touché hier.
Je remonte à mon étage après avoir passé plusieurs minutes à contempler mon œuvre au rez-de-chaussée. Je fonce directement toquer chez les gars. C'est Jeffrey qui m'ouvre en me demandant :
— T'as vu les tags ?
Je souris face à son grand sourire et réponds :
— Oui j'ai vu ça, c'est une super idée.
Il me fait entrer et je retrouve les autres, tous affalés dans le canapé devant la télé. Dès que Caleb m'aperçoit, il saute du canapé et me demande à son tour :
— T'as vu les tags ?
Je rigole à nouveau et dis :
— Oui je les ai vus, Jeff vient de me poser exactement la même question.
Les deux, amusés de dire les mêmes choses, se checkent en ricanant.
— La meuf qui a fait est juste géniale, ça ne fait aucun doute, affirme Louis en se tournant dans le canapé pour me regarder.
Je m'assois sur un des fauteuils près de la table basse dans le salon, juste en face des garçons.
— Qui te dit que c'est une fille ? Ça peut être un gars, dis-je pour le faire douter.
Bon, j'admets que je dis surtout ça pour qu'il n'ait pas l'idée que ce soit moi qui aie fait ces tags.
— Bah, tu vois, nous, dit-il en désignant Jeffrey, Caleb et Connor, on est contre tous ces trucs-là : les violences faites aux femmes, les attouchements, le viol et tout. Mais aucun de nous n'irait jusqu'à taguer sur ce sujet. Je veux dire, dans un sens, ça ne nous concerne pas directement. On n'est pas victime de ça. Enfin si, y'a des hommes si, mais c'est majoritairement des femmes. C'est pour ça, pour moi c'est une fille qui a fait ça, mais c'est peut-être un gars effectivement.
Les gars acquiescent tous les paroles de Louis. Moi je souris, contente qu'ils aient une bonne mentalité par rapport à d'autres qui sont à des années-lumière de penser de cette façon.
— C'est cool de voir des mecs comme vous, qui pensent comme ça je veux dire. Ça fait du bien.
Caleb hausse les épaules.
— C'est censé être normal de voir les choses de cette façon.
— Y'a juste des cons qui ne comprennent rien à ça, ajoute Connor.
J'approuve ses paroles et Louis continue sur ce sujet, me mettant sans même s'en rendre compte dans une situation inconfortable :
— Vous pensez que c'est qui la personne qui a fait ça ?
Tout le monde réfléchit sauf moi, enfin je fais comme si. J'aimerais leur avouer que c'est moi qui suis à l'origine de ces tags, mais ils feraient le lien avec mon père et c'est bien la dernière chose que je souhaite pour le moment.
— Je pense que c'est une jeune, je vois pas trop une adulte faire ça, avoue Jeffrey.
Les gars sont tous d'accord avec ça. Pour eux, c'est sans doute quelqu'un de notre âge. Je crains un peu qu'ils en viennent à penser que c'est moi.
— C'est peut-être la fille qui habite au rez-de-chaussée, vous savez, la petite rousse, propose Louis.
Caleb se redresse d'un coup, comme s'il avait eu une illumination, et me demande :
— Tu nous aurais dit si c'était toi, hein ?
Mon cœur fait un gros bond dans ma poitrine. Je rigole d'une façon qui se veut confiante et assure :
— Bien sûr.
Mensonge. Je culpabilise de ne pas leur dire que c'est moi. Mais s'ils l'apprennent, ils feront le rapprochement entre mon père et les graffitis, c'est indéniable.
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Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? ;)
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Luck Smiles
Storie d'amoreMinneapolis , Été 2018 Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau. Son quotidien va être bousculé à l'instant...