Chapitre 39

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Je hoche la tête sans lui répondre, intimidée.

— Très bien. Essaie d'être la plus précise possible dans tes réponses.

Nouveau hochement de tête.

— Donc d'après ce que je sais, ton père, Sébastien Hall, te battait. As-tu une idée de combien de temps ça a duré ? Quand ça a commencé ? m'interroge-t-il prudemment.

Je prends un temps pour réfléchir, afin d'éviter de dire des conneries.

— Je crois que la première fois qu'il a levé la main sur moi c'était le premier jour des vacances, le 4 juin de cette année.

Il acquiesce puis tape rapidement des mots sur son clavier avant de se reconcentrer sur moi.

— Te sens-tu prête à me dire ce qu'il te faisait exactement ou bien c'est trop tôt ? me demande-t-il gentiment.

Je triture mes doigts entre eux et, le cœur battant fort, j'hésite.

— Non, c'est bon, assuré-je.

Je prends une grande inspiration et ferme un instant les yeux pour me donner le courage nécessaire de rejouer ces moments dans ma tête.

— La première fois c'était une simple gifle, quoique quand même assez douloureuse pour en être réellement une. Puis les fois d'après c'était plus violent, plus brutal. Il me frappait au visage, en plein dans le ventre, dans les jambes un peu partout, en fait. Il me tirait par les cheveux pour me balancer à l'autre bout d'une pièce, quelquefois. Je crois qu'il n'a épargné aucune partie de mon corps. Ce soir-là, quand j'ai appelé la police, il m'avait frappée au ventre avec un marteau et j'ai vraiment cru qu'il allait me tuer.

Il hoche la tête en continuant de prendre des notes sur son ordinateur.

— Tu penses qu'il l'aurait fait ?

Sa question me coupe le souffle mais la réponse m'apparaît comme une évidence.

— Oui. Il semblait être dans une sorte de folie que je ne lui avais jamais vu. Il était incontrôlable.

— Est-ce que quelqu'un était au courant de ce qu'il te faisait subir ?

— Non, dis-je, catégorique. En revanche j'avais des amis qui l'ont déjà entendu m'insulter et mal me parler. Ils m'ont même hébergée plusieurs fois quand mon père me virait de l'appartement et que je n'avais nulle part où aller. Mais je ne pense pas qu'ils se doutaient qu'il me battait.

Il paraît soudain intéressé et croise ses mains entre elles.

— Qui sont ces personnes ?

— Connor Lewis, Jeffrey Vartesse, Louis Coper et Caleb Johnson. Mais nous ne sommes plus amis depuis peu.

Il hoche la tête puis grimace en consultant son ordinateur.

— Tu connais ces garçons depuis quand ?

— Depuis un mois et demi. Je les ai rencontrés juste avant que mon père ne commence à changer.

— Ils se sont déjà montrés violents envers toi ? Ou on effectuait des gestes déplacés contre ton gré ?

Je fronce les sourcils, choquée par une telle question.

— Non ! Après ma sortie de l'hôpital, ils ont été aux petits soins avec moi. Jamais ils ne me feront de mal physiquement, je le sais.

— D'accord, je ne vais pas te cacher que je suis surpris par tes aveux. Je connais un peu ces garçons pour différents types de problèmes mais je concède qu'ils ne sont pas méchants.

Différents types de problèmes ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'ils sont déjà connus des services de police ? Je n'ai pas le temps d'en demander plus que Marc continue :

— Ont-ils agi en voyant le comportement de ton père ?

— Oui, bien sûr, ils m'ont immédiatement assuré que je pouvais loger chez eux le temps que mon père se calme.

— Revenons à lui, justement, aurais-tu une idée de raison pour laquelle il aurait pu devenir violent ?

Je soupire et réponds :

— Mon père est complètement déconnecté de la vie réelle depuis que ma mère est morte dans un accident de voiture. Il passe son temps à se saouler et revient ivre à l'appartement. Mais le fait qu'il s'en prenne à moi, comme ça, du jour au lendemain m'a surprise, j'avoue que je n'ai pas compris pourquoi.

Il approuve et lâche son regard de son ordinateur pour le poser sur moi.

— Penses-tu qu'il aurait continué les jours, voir les mois suivants, si tu n'avais pas appelé la police ?

— S'il ne m'avait pas tuée ce soir-là, il aurait continué, c'est certain, avoué-je en baissant la tête.

Avouer ça me fait mal car il reste mon père. Mais je sais qu'il ne se serait pas arrêté si je n'avais pas appelé la police, et le savoir me détruit.

Voyant que mes pensées m'ont emportée bien loin, il me dit avec un sourire :

— Je te félicite pour l'honnêteté dont tu fais preuve, avouer ce genre de chose n'est jamais facile.

Je lui souris en guise de réponse, heureuse qu'il le remarque.

— Bien, continuons. Y'avait-il des témoins, des voisins ou autres personnes qui étaient présentes, mis à part mes collègues ?

— Oui, les quatre garçons sont justement arrivés après avoir entendu du bruit chez moi.

— Je sais que tu m'as dit que tu n'étais plus amis avec eux, mais pourrais-tu tout de même tenter de les convaincre de témoigner en ta faveur ? J'aimerais avoir plusieurs versions des faits, pour avoir plus de détails qui t'auraient peut-être échappés.

Je hoche la tête à contre-cœur et remercie le policier de m'avoir écoutée. Avant de partir, il m'informe qu'il me rappellera d'ici une semaine pour me dire où en est l'avancée de la préparation du procès.

Je quitte le commissariat, le cœur léger. Me confier m'a fait énormément de bien. Il y a tout de même quelques nuages qui viennent s'installer dans ma tête. Jeffrey, Connor, Louis et Caleb. Je vais devoir aller leur parler. L'idée d'entretenir une conversation avec eux ne m'enchante pas trop, mais si ça peut aider pour le procès, je ne dis pas non. De plus, le fait d'apprendre qu'ils sont connus des services de police m'intrigue. Pour quelles raisons le sont-ils ? Ce qui est sûr, c'est qu'ils me l'ont caché.

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