Chapitre 2

23.1K 872 232
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.





J'entre dans mon appartement, toujours en souriant et vais dans le salon, les vacances commencent plus que bien et cette rencontre avec mes nouveaux voisins me remotive pour espérer me faire des amis. J'espère juste qu'ils n'ont pas tenu la conversation pour être polis et qu'ils étaient réellement contents de me rencontrer. Cette possibilité me fait soudain peur, mais j'essaie de l'oublier en la repoussant dans un coin de ma tête.

Désormais affalée sur le canapé, je m'apprête à allumer la télé quand la porte d'entrée s'ouvre à la volée, dévoilant mon père, complètement ivre.

Pour changer, pensé-je ironiquement.

Je ne suis pas surprise de constater qu'il porte toujours ses habits de la veille, un sweat rouge et son jogging Adidas noir, le tout accompagné de ses éternels baskets noires.

Je secoue la tête en geste de désespoir et allume finalement la télé. En général quand mon père et moi sommes dans la même pièce, on ne se parle pas et on se contente de s'ignorer. Ça doit faire des mois qu'on n'a pas entretenu de vraies discussions tous les deux. Qu'une telle distance se soit instaurée entre lui et moi m'aurait bouleversé à l'époque où ma mère était encore en vie, maintenant ça ne me choque pas plus que ça. Mais je sais très bien que ça devrait, ce n'est pas normal qu'on se soit autant éloignés en si peu de temps, et surtout à cause de quelque chose qui au contraire aurait dû nous rapprocher, nous souder encore plus. Pas nous briser comme ça. Au départ j'ai tenté de sauver notre relation, puis en voyant que lui ne faisait aucun effort, j'ai abandonné.

Alors imaginez ma stupéfaction quand mon géniteur sort de son silence qui dure depuis des mois :

— Tu sais quoi, Alexis ?

— Quoi ?

Je trouve ça louche qu'il décide de m'adresser la parole par politesse, c'est pour ça que je suis peu surprise quand il affirme avec une voix dure :

— C'est ta faute.

Étant dos à lui, je me permets de rouler des yeux. Je sens l'embrouille arriver de loin et ça va vite nous agacer tous les deux.

— Allez, c'est reparti, murmuré-je pour moi-même.

— Si elle est plus là, c'est ta faute.

Ses paroles ne me surprennent pas. En fait, je pense que plus rien ne peut me surprendre par rapport à mon père. Ça fait quelques mois qu'il a commencé à se persuader que c'est ma faute si ma mère a eu un accident de la route.

Qu'il pense quelque chose comme ça m'énerve au plus haut point. Il me fait passer pour la fautive alors que je ne le suis pas.

— C'est à cause de toi si elle ne regardait pas la route. Tu lui avais envoyé un message à ce moment-là.

— Papa, j'ai envoyé le message vingt minutes avant l'accident, ce n'est pas ma faute, c'est l'autre voiture qui est en tort. C'est pour ça qu'elle a pris la fuite. Combien de fois il faut que je te le dise pour que tu comprennes ça ?

Je grimace en me rendant compte que je l'ai appelé « papa ».

Il se rapproche vivement de moi et pour la première fois de ma vie, il me gifle. Ma tête se tourne automatiquement et ma bouche s'ouvre d'horreur. Il vient de lever la main sur moi. Je reste sous le choc de longues secondes avant qu'il ne me hurle soudainement au visage :

— NE ME CONTREDIS PAS BORDEL !

Je suis complètement sonnée et incapable de comprendre ce qu'il se passe. Je ne veux pas comprendre ce qu'il se passe.

Toute tremblante, je me lève du canapé en voulant me rendre dans ma chambre, mais mon père est plus rapide que moi et m'a déjà empoignée par les cheveux et jetée au sol. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive ? Il n'a jamais été aussi violent. Je le vois lever sa jambe puis la balancer dans mon ventre. Je me tords de douleur. Il est complètement malade. Je n'ai pas le choix que d'encaisser les coups qui suivent. Après de longues minutes à s'acharner sur moi, il se calme puis part dans sa chambre sans aucun mot à mon égard. Les larmes me montent aux yeux mais je refuse catégoriquement de pleurer. Je me recroqueville sur moi-même au sol. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je n'en reviens pas.

Et dire qu'il y a encore quelques secondes je pensais ne plus jamais être surprise par mon père, je crois que j'avais tort sur toute la ligne.

Les minutes passent et je finis par trouver le courage de me redresser pour me diriger vers la salle de bain.

J'ouvre tous les placards avec précipitation, à la recherche de désinfectant.

Rien.

Il n'y a absolument rien pour me soigner.

Évidemment.

Je souffle et me dis mentalement qu'il faut que j'aille acheter du désinfectant et tout ce dont j'ai besoin. Je croise accidentellement mon regard dans le miroir et ce que j'y vois me fait peur. Mes longs cheveux bruns retombent dans mon dos. Mes yeux bleus me fixent dans le miroir. Mais le problème n'est pas là. J'ai un gros hématome qui commence déjà à se former à la naissance de ma mâchoire et qui remonte vers ma bouche. Heureusement que c'est les vacances, je ne sais pas comment j'aurais fait pour cacher tout ça s'il m'avait frappé pendant la période scolaire.

J'entends toquer à la porte d'entrée. Mes sourcils se froncent. Personne ne vient jamais à l'appartement. Je prends l'initiative d'aller voir qui est derrière la porte, mais avant que je ne l'atteigne, mon père l'a déjà ouverte.

— Bonsoir monsieur, est-ce que Alexis vit bien ici ?

Oh non. Je crois que c'est la voix de Caleb. Mais qu'est-ce qu'il fait là, lui ?

Ça, ce n'était pas prévu du tout, bordel.

————————————————————

Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? ;)

Luck SmilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant