Minneapolis , Été 2018
Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
Son quotidien va être bousculé à l'instant...
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Hier soir après être rentrée à l'appart, mon père était déjà au lit et j'avoue que je n'ai pas traîné non plus avant de sombrer dans un profond sommeil. Cette soirée riche en émotions m'a bien fatigué.
Ce matin je me réveille de bonne humeur et ça me fait plaisir. Je coche la case du calendrier et rigole en imaginant la gueule de bois que doit avoir Louis aujourd'hui, le pauvre il doit avoir l'impression que sa tête va exploser.
Je me dirige vers la cuisine pour prendre mon petit déjeuner.
En passant par le salon, je constate que mon père est allongé dans le canapé en train de regarder du football. La coupe du monde plus précisément.
Il ne m'accorde pas un regard, je ne sais même pas s'il a remarqué ma présence.
À table, je sors mon téléphone et vais sur Instagram. Je regarde les différentes story qui ont été postées par les personnes qui étaient à la soirée d'hier. Je continue de défiler jusqu'à tomber sur la story de Jeffrey. Dessus on y voit Connor, Louis, Caleb, Jeff et moi. On est tous bras-dessus bras-dessous, à rigoler ou sourire à l'objectif, comme si on était les meilleurs amis du monde depuis toujours.
J'enregistre la photo dans mon téléphone puis je la reposte également dans ma story. En continuant à défiler, je vois que Connor, Louis et Caleb ont eux aussi repartagé la photo de nous tous.
Une fois mon petit déjeuner fini, je débarrasse la table et lave la vaisselle, il faut bien que quelqu'un le fasse et ça ne risque pas d'être mon père.
En fin d'après-midi, je décide d'aller rendre visite à mon voisin Luc. Je ne l'ai toujours pas remercié pour l'autre fois quand il m'a aidé avec l'homme de l'appartement 205 au bout du couloir. D'ailleurs le tag est toujours sur sa porte. Je pense qu'il a essayé de l'enlever car il y a des parties que l'on distingue moins bien que d'autres, mais on peut toujours voir l'essentiel.
— Alexis ! s'exclame mon voisin quand il ouvre la porte et découvre que c'est moi, comment tu vas ?
— Bien, merci. Je vais pas traîner, préviens-je, je voulais juste te remercier pour la dernière fois. Je n'ai pas eu le temps de le faire avant.
— Pas de problème, c'est normal.
Il se rapproche de moi pour me demander tout bas :
— J'imagine que c'était toi le tag sur la porte du gars, du coup ?
Je souris, amusée qu'il ait fait le lien, qui n'était pas dur à faire du tout. Je pense même que l'homme de l'appart 205 sait que c'est moi. En revanche, Luc n'a pas l'air de faire le rapprochement entre le tag au rez-de-chaussée et mon père, ou peut-être qu'il l'a fait, mais en tout cas il ne fait aucune remarque.
— Oui, j'avoue c'était moi ça, confirmé-je en rigolant.
— C'est bien joué en tout cas. J'aime beaucoup, j'espère qu'avec ça il a compris le message.
— On croise les doigts, dis-je en associant la parole au geste.
On discute encore quelques instants avant que, quelques apparts plus loin, une porte s'ouvre et laisse Connor en sortir. Quand son regard balaie le couloir, il s'aperçoit très vite qu'il n'est pas seul et m'adresse un simple signe de tête pour me saluer et me faire comprendre qu'il m'a vu et ne va pas m'ignorer.
— Tu connais les types qui habitent là ? s'étonne Luc en s'adossant à l'encadrement de sa porte d'entrée.
J'acquiesce brièvement de la tête en suivant Connor du regard. Celui-ci s'engouffre dans la cage d'escalier. Je reporte mon attention sur mon voisin qui me regarde avec attention.
— Ils ne m'ont pas l'air très clean, me confit-il, je t'avoue que ça ne m'étonnerait pas qu'ils finissent en prison pour trafic de drogue, viols ou des choses comme ça. C'est un groupe de gars, et je sais pas, ils emménagent ici au beau milieu de l'année. Je trouve ça étrange.
Je me retiens de lui dire que l'année scolaire est terminée et qu'en conséquent, ils n'arrivent pas ici n'importe quand.
En revanche, le début de ses paroles me choque. Viol ? Où est-ce qu'il va pour trouver des idées pareilles ? Comment il peut les juger sans même les connaître ? Ce genre de comportement m'exaspère.
Néanmoins je ne dis rien, ce gars m'a quand même aidé quand j'avais grandement besoin d'aide alors qu'il aurait pu passer son chemin sans même me lancer un regard.
Voulant couper court à cette conversation, je mens :
— Luc je vais te laisser, il faut que je rentre chez moi mon père m'attend.
Il me salue et je le remercie une dernière fois avant de rentrer chez moi. Je réfléchis longuement à ce qu'il m'a avoué sur ce qu'il pensait de mes amis. Et s'ils étaient réellement impliqués dans toutes ces magouilles ? Ou peut-être traînent-ils dans d'autres affaires pas très légales ? Je n'en sais rien, et je ne suis pas sûre de vouloir le savoir. De toute façon, ce ne sont pas mes affaires.
Je jette un coup d'œil rapide dans tout l'appartement pour voir si mon père est toujours là, mais visiblement non. Il a dû partir après son match. Plus il est loin de moi, mieux je me porte.
Je vais prendre ma douche en faisant passer la musique de Florida, Good feelings que j'ai shazamée hier à la soirée.
Je chante et m'ambiance sous la douche, manquant de glisser plus d'une fois en essayant de faire quelques pas de danse. J'aurais dû prévoir que danser dans une douche n'allait pas être très facile. Je finis par sortir après une quinzaine de minutes sous l'eau chaude. J'enfile ensuite un jogging et un t-shirt basique pour être confortable.
Après ça, je me fais des pâtes et m'installe dans le canapé pour les manger devant une bonne série Netflix. Ça faisait un bail que je n'avais pas pris le temps de me poser comme ça, ça fait du bien.