On arrive à l'appart vers 23h. En entrant dans ce dernier, je m'affale directement dans le canapé, épuisée par cette journée. Je sens le canapé s'affaisser sous le poids des quatre autres baleines qui viennent d'arriver. Je prends mon courage à deux mains et me lève pour aller me faire un chocolat.
— Quelqu'un veut un chocolat chaud ? demandé-je en allant dans la cuisine.
Je les entends se questionner entre eux pour savoir s'ils en veulent.
— Nous tous s'te plait, me répond Jeffrey.
Je prépare nos boissons, puis reviens dans le salon, dépose le plateau sur lequel je les avais posées et chacun commence à boire son chocolat dans un silence agréable.
— Demain matin je vais aller au cimetière voire ma mère, annoncé-je de but en blanc. Il faut que je change les pots de fleurs et que j'en achète de nouveaux. Ça vous embêterait de m'aider pour transporter les pots ?
— J'ai rien d'autre à faire, ça me va, m'assure Jeffrey.
Les autres n'ont rien non plus de prévu et acceptent.
—Tu y vas souvent, au cimetière ? me demande curieusement Louis.
J'avale ma gorgée de lait et réponds :
— Pas vraiment, j'y vais tous les quatre, cinq mois environ. J'aime pas trop m'y rendre, l'ambiance est toujours glauque et sinistre.
Caleb passe son bras autour de mes épaules et m'attire contre lui.
— Je comprends, Princesse, moi non plus je n'y vais pas souvent. Quand on y pense, c'est étrange de rendre visite à des morts, mais je sais que si c'était moi dans une tombe, j'aimerais qu'on me rende visite pour avoir un peu de compagnie de temps en temps, c'est pour ça que je le fais aussi.
J'hoche la tête, comprenant ce qu'il ressent.
— Je suis jamais allé au cimetière, avoue Jeff en fixant la télévision éteinte.
À son ton on dirait qu'il s'en veut.
— C'est normal, mec. Ton père ne mérite pas que tu ailles lui rendre visite, pas après ce qu'il a fait subir à ta mère et à toi, le rassure Connor en lui tapant légèrement l'épaule.
Il ne répond rien puis finit par dire :
— Jamais je ferai un truc pareil à mes gosses. Vous imaginez ? Frapper sa femme ou son enfant ? Mon dieu, jamais je pourrais me regarder dans une glace sans avoir envie de vomir si je fais ça un jour.
— Ouais. Faut avoir un problème pour faire ce genre d'atrocités, confirmé-je.
Caleb me lance un sourire réconfortant que je lui rends en me calant un plus contre son torse.
La conversation reprend plus joyeusement et les gars me racontent des anecdotes à propos d'Emma, la sœur de Caleb qui arrive dans quelques jours à l'appartement.
Vers minuit, on décide d'aller se coucher, décrétant qu'une bonne nuit de sommeil après cette journée chargée nous fera le plus grand bien. Je me prépare pour aller me coucher puis une fois prête, vais directement m'enrouler dans la couverture du canapé-lit que j'ai déplié entre-temps.
J'essaie de m'endormir, en vain. Au bout d'une trentaine de minutes à essayer de trouver le sommeil, j'entends la porte d'une des chambres s'ouvrir puis un des gars aller aux toilettes. En voulant aller se laver les mains dans la cuisine juste après, je découvre que c'est Jeff qui est levé.
— Jeff ? je l'appelle doucement.
Surpris, il se tourne vers moi et s'approche du canapé.
— T'arrives pas à dormir ?
Je secoue la tête de gauche à droite et tends les bras vers lui comme une enfant. Il ne comprend pas tout de suite ce que je souhaite alors je dis :
— Viens me faire un câlin !
Il ricane mais m'entoure très vite de ses bras pour me serrer contre lui.
— Tout va bien ? demande-t-il, interprétant sûrement mon envie de câlin comme un besoin de soutien.
Je lui assure que ça va et me colle dans le fond du canapé pour lui faire un peu de place.
— Mais je vais pas dormir ici !
— Je sais ! Je te fais juste de la place pour me faire un câlin.
Il s'allonge à mes côtés et me cale tendrement contre lui. Je me blottis contre son corps, me sentant plus en sécurité ainsi.
— Tu sais que je t'aime ? demande-t-il soudainement.
J'ouvre les yeux et mon cœur se réchauffe.
— Oui. Moi aussi je t'aime. Comme je l'ai dit à Louis, vous êtes les frères que je n'ai jamais eus.
Il sourit dans le noir.
— J'aurais voulu avoir une sœur, une petite sœur, me confie-t-il. Mais ça voudrait dire qu'elle aurait dû assister à tout ce que mon père a fait et ça je ne l'aurais pas supporté.
Je ne trouve pas les bons mots pour lui répondre alors je me contente de lui prendre la main. Au fil des minutes, je sens la fatigue me gagner peu à peu.
Mes yeux se ferment d'eux-mêmes et après plusieurs minutes, je sens l'étreinte de Jeff se desserrer et il se décolle doucement de moi. Il se relève et remet bien la couverture sur moi avant de m'embrasser le front et de me chuchoter de faire de beaux rêves. Ses paroles me font sourire mais le froid qu'il laisse à mes côtés me retire tout envie de dormir.
Au bout de deux heures supplémentaires, je comprends enfin que je n'arriverai pas à dormir de sitôt. Je décide donc d'aller prendre un verre d'eau dans la cuisine car je commence sérieusement à avoir soif, même si j'ai bu un chocolat chaud quelques heures plus tôt.
Mais alors que je vais pour me lever du canapé, un bruit de porte qui s'ouvre m'interpelle.
Peut-être qu'un des gars n'arrive pas à dormir, comme moi ? Je stoppe net ma respiration et mes mouvements.
J'entends des petits pas dans le couloir qui commencent à se rapprocher du séjour, là où je me trouve.
La panique grimpe en moi et mon cœur commence à battre de plus en plus vite dans ma poitrine. Je suis essoufflée sans avoir esquissé le moindre mouvement. Quand je prends conscience de la réalité, en essayant de faire le moins de bruit possible, je me rends sur la pointe des pieds dans la cuisine.
Mon cerveau est sur off, mais continue de me donner des ordres, allez chercher la logique dans ma phrase, vous ne la trouverez pas.
Sans réfléchir, j'ouvre le premier tiroir devant moi et, de mes doigts tremblants, je m'empare d'une grande poêle. À cet instant, je prie pour que ça ne marche pas que dans Raiponce, sinon je suis dans la plus grosse merde du monde, vraiment.
C'est là que j'entends des voix d'hommes chuchoter.
Des voix que je ne connais pas.
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Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? ;)
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Luck Smiles
RomanceMinneapolis , Été 2018 Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau. Son quotidien va être bousculé à l'instant...