Minneapolis , Été 2018
Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
Son quotidien va être bousculé à l'instant...
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Quand on arrive enfin devant le vrai restaurant, je souffle de soulagement en voyant que ce n'est effectivement pas un fast-food mais bien un vrai restaurant. Et honnêtement y'a pas photo, il est mille fois plus chic que le MacDo.
Arrivés sur le parking, gentlemen comme il est, Connor se dépêche de sortir en premier pour venir m'ouvrir juste après. Il me tend son bras que j'accepte volontiers en affichant un sourire amusé. On se dirige vers l'entrée où une dame de la cinquantaine nous accueille chaleureusement. Connor donne son nom et un autre serveur nous accompagne jusqu'à notre table. Pour continuer sur ses bonnes manières et cette galanterie sans précédent, Connor tire ma chaise et m'invite silencieusement à m'y asseoir, ce que je fais, toujours avec un sourire béat collé au visage.
J'observe les alentours et constate très vite que les seules personnes présentes ici sont toutes habillées dans des robes de gala. J'ai l'impression de faire tache avec ma robe achetée à vingt euros. Par automatisme je m'enfonce légèrement dans mon siège, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de Connor qui attrape un de mes poignets pour me redresser.
— T'es magnifique comme ça, on s'en fout que les autres soient sapés avec des fringues qui valent la peau du cul. Fais pas attention à eux, ok ?
J'hoche la tête, et, rassurée par ses paroles, me détends.
— Alors... est-ce que tu vas me dire que me vaut cette invitation dans un tel restaurant ?
Il sourit et répond :
— Je t'en parlerai plus tard.
— Tu es au courant que quand tu dis ça à une personne, cette personne a encore plus envie de découvrir pourquoi, n'est-ce pas ?
Il rigole et laisse sa tête partir en arrière.
— Je sais, c'est le but.
Je secoue la tête et la conversation reprend. Il me raconte ses années de lycée et celles à l'université pendant lesquelles il n'a pas beaucoup brillé en matière de résultats. Je lui raconte à mon tour mes années de scolarité, la solitude dans laquelle j'étais plongée depuis le début du lycée, je lui parle aussi des rumeurs qui pesaient lourd sur ma conscience, ma réputation et tout ce qui va avec. Pendant tout mon récit, il ne me lâche pas du regard une seule fois, ses yeux me prouvent à quel point il porte un certain intérêt à ce que je raconte. J'ai le sentiment d'être écoutée et de ne pas parler dans le vide, c'est plaisant.
Le serveur vient nous apporter nos commandes qu'on a commandées plus tôt juste au moment où je termine de parler. On commence à déguster nos repas dans le silence, mais, n'y tenant plus, je décide d'entrer dans le vif du sujet.
— Bon alors, de quoi tu voulais me parler ? Dis-moi tout. Je vais pas tenir toute la soirée sans savoir pourquoi je suis ici !
Il baisse la tête vers sa viande et la relève vers moi pour plonger son regard dans le mien. Il paraît tout à coup moins sûr de lui et plus hésitant, je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est timide, mais presque. Son changement d'attitude si soudain pique ma curiosité et je me demande ce qui peut bien le faire stresser à ce point.
— Je... je n'ai jamais fait ça avec une fille : prendre le temps de la connaître, l'inviter au resto, faire semblant de sortir avec elle... j'ai toujours été plus pour les coups d'un soir, rigole-t-il. Mais il y a eu cette soirée, quand ton père a été arrêté, celle de ton anniversaire, sur la plage où on a dansé ensemble, l'accident juste après, cette soirée au bowling et puis bien sûr quand t'as assommé deux mecs avec une poêle parce que t'avais vu ça dans Raiponce... Enfin bref, tous ces moments m'ont fait prendre conscience d'une chose.
— Quoi ? demandé-je d'une petite voix, suspendue à ses lèvres.
— Tu me plais, dans tous les sens du terme, pas seulement physiquement, mentalement aussi. Même si t'es juste magnifique, j'aime ta façon de penser que j'ai pourtant détestée au départ. Tu m'attires comme un aimant, Alexis. T'es quelqu'un d'admirable, qui mérite largement le respect et qui est incroyablement forte.
J'ouvre la bouche pour dire quelque chose mais les mots me restent dans la gorge. Tous ces compliments percutent mon cœur de plein fouet. Je n'ai pas l'habitude qu'on me dise tout ça alors je ne sais pas trop comment réagir.
Je mets fin à mon mutisme quelques secondes plus tard en me rendant compte qu'il attend nerveusement une réponse.
— Tu... enfin je... tu me plais aussi, Connor, vraiment. Et je t'avoue que j'aimerais te dire des choses comme tu viens de le faire. Mais là, dans l'immédiat, je n'ai pas les mots. Je ne sais pas quoi te dire à part que ça me touche énormément.
Il me sourit et dit :
— Alors je vais le faire à ta place : Alexis Hall, accepterais-tu de te mettre en couple avec moi ?
