Chapitre 7

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Les rideaux, rapiécés sans diligence, laissaient s'insinuer l'aveuglante clarté des cieux dans la chambrette, cirant Thomas d'une chaleur épineuse qui, mordu par ses lueurs criardes et crues, fut réveillé. Il sentit ses bras à cet instant, fermement embrassés à Newton comme s'il eut été un trésor inestimable. Il remarqua la robustesse coriace, possessive et obstinée de sa mainmise et se raidit soudain. Le prince, grimaçant les dents découvertes, ouvrit un regard à la fois embêté et empressé, geignant d'une articulation rocailleuse : « Merde, tu es fort, Tommy... As-tu l'intention de me pétrir comme du pain ?

- Ta beauté a des effets secondaires... taquina-t-il, rougissant d'embarras et de honte.

- Depuis combien de temps l'observes-tu, ma chère beauté ?

- Depuis quelques demi-secondes, je peux le jurer.

- Je veux bien te croire. »

Thomas, le lâchant enfin, s'assit doucement sur le matelas.

« Où allons-nous, aujourd'hui ?

- Nous nous rendons à la Section six, pas plus tard que dans une heure. dit-il en l'imitant.

- Penses-tu que nous rencontrerons à nouveau un de ces fondus ?

- Pourquoi ? As-tu peur ? s'inquiéta-t-il.

- Disons que rares sont les fois où j'ai été amené à confronter un zombie... je préférais m'en priver.

- Sois rassuré, mon beau. Je te protégerai coûte que coûte, tu es ma priorité, tu le sais. Nous rejoindrons Gally et Minho en fin de journée, cela nous fera une garde de plus. »

Thomas, qui avait tourné la tête, se heurta au regard attentif du prince. Ses grands yeux noirs, frétillant à la façon des ailes des papillons, luisaient d'un engouement singulier. L'humain eut un sourire, commentant, le ton très légèrement moqueur : « Vois-tu quelque chose qui te plaît, Newt ?

- P-Pas qu'un peu. bredouilla-t-il, immolé par cette contemplation. Tu es beau... si beau... tellement beau...  »

Sa bouche s'inclina devant son oreille, à laquelle il glissa d'une voix plus rauque : « Tu le sais, n'est-ce pas ? Le sais-tu, que je te désire autant ?

- Ah oui ? fit-il, espérant sonner indifférent à son charme. Et que désires-tu de moi ?

- Je suis roi ; je ne crois pas être autorisé à exprimer des caractères obscènes.

- Obscènes ? rit-il, certainement pour détendre leur tension. Je ne te pensais pas si impudique.

- Comment puis-je ne pas l'être en ta présence ? J'ai vu des milliers d'hommes au cours de mon existence. Aucun n'avait ta perfection, même pas l'ombre d'un trait. confia-t-il d'une voix distraite. Je rêve de ta beauté, de ton visage, de ton corps, de toi... Tu es parfait, Tommy. Tellement parfait...

- Me dragues-tu, Newton ?

- Moi ? Te draguer ? sourit-il malicieusement. On ne drague pas un homme comme toi. Non, je te fais la cour, Tommy.

- Il va falloir délaisser l'amour courtois, virulent chevalier. Il me semble que nous avons de la route à faire.

- Cela t'arrange... Je vois bien que je te fais perdre l'esprit. Ai-je tort ?

- Tu nous fait surtout perdre notre temps. gloussa-t-il. Viens, beau parleur. Et dans tous les sens du terme. »

Dehors le Bloc s'éveillait, les lampadaires venaient d'éteindre leurs flammes oranges. Plus haut le soleil, errant derrière des cadavres de nuages avinés, pistait les charognards égrugeant les raclures restantes d'un foie avec leurs becs aplatis et étranges. Ils se disputaient les copeaux de viscères, d'autres encore, nichés près des grands murs, attendaient vicieusement qu'on remplisse les fosses mortuaires pour eux.
Thomas avait le visage malade, pâle et gris. La putrescence répandait son exhalaison et soulevait l'estomac du jeune homme qu'elle saisissait de dégoût et d'effroi, Newton à ses côtés lui jetait des regards soucieux et précipitait avec crainte : « Tommy, chéri, qu'y a-t-il ?

Entre deux mondes - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant