Chapitre 19

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« Pourquoi ne fait-il pas jour ? Nos mondes ne sont-ils pas supposés partager un même cadre temporel ? »

Thomas, ondulant lestement sur lui-même, examinait les cieux obscurs et les nuages évincés par la lune, drapée d'une vapeur étanche, blanchâtre, qui donnait à la nuit une fraîcheur agréable.

« C'est le cas... répondit Newton. M, mais, eh bien... la nuit où je suis venu à toi... tu souhaitais que l'humaine ne sache rien... a, alors... il se peut que j'ai paralysé le monde gris au soir de notre départ...

- T-Tu... Newt ?

- Ne crains rien, cela s'arrangera une fois de retour au palais. Du moins, je devrais trouver une solution...

- N-Newt, tu n'avais jamais mentionné cette possibilité auparavant...

- Tommy, mes ressentis altèrent la couleur de mes yeux, je suis capable de voler, d'engendrer des portails surnaturels et de comprendre mon pégase né dans un monde parallèle au tien. Malgré cela tu t'étonnes de ma capacité à maîtriser le temps ?

- Entends que cela est terrifiant...!

- Terrifiant...

- J'assume mes termes... personne ne devrait avoir un pouvoir de cette dangerosité. Non pas que je ne te fasse pas confiance, loin de là...

- Qu'est-il de terrifiant ?

- Tu parviens à répandre le néant à travers toute la vie de ce monde, n'est-ce pas suffisant ?

- D'accord... Tu crains la mort, ne le fais-tu pas ?

- Que viens-tu m'apprendre... Tes capacités peuvent sonner terrifiantes, je sais que tu le comprends...

- Te fais-je peur, Tommy ?

- As-tu besoin de l'entendre ?

- Tommy, Tommy... Si j'étais toi, je craindrais pour mon endurance et pour mon cœur.

- Mon cœur ? il me semble que tu l'as déjà essayé la nuit dernière. Au moins que cinq heures ne relèvent d'aucune difficulté à tes yeux.

- Cela t'a-t-il déplu ?

- Tu étais là, n'est-ce pas ? tu devrais être en mesure de tirer tes propres conclusions.

- Tu m'avais l'air de passer du bon temps...

- Newt, armée de fondus, griffeurs, enchanteur farfelu ou non, je passe toujours du bon temps en ta présence.

- Plus besoin de me faire l'amour, dans ce cas ?

- Je n'ai jamais tenu cette parole. Et si je le fais un jour, je veux que tu me fasses le serrement de me tuer. Tiens, voilà où elle est. Tu dois reconnaître ce décor. »

La chambre, silencieuse, recueillait tendrement la jeune femme au sein de son lit, dont la couverture la noyait jusqu'à son cou. Newton s'avançait sans Thomas, picorait d'un œil ombrageux, irascible ses longs cils noirs, ses boucles, parfaites et brunes, sa bouche pulpeuse, souhaitable, convoitée. Il rongea la sienne, s'abominant d'une voix éplorée : « Elle est belle... Elle est très belle... » Thomas, saisissant l'adversité dans laquelle il s'assourdissait, l'approcha et prit sa main.

« Tu l'es bien plus. Tu es celui que j'ai choisi. Je t'ai choisi toi, toi, personne d'autre. Toi uniquement. »

Il assécha sa joue, poudrée de larmes fines, contenues, pas moins amères.

« Tu disais que tu ferais tout pour moi... est-ce ta vérité ?

- C'est là la mienne...

- Ferais-tu tout pour mon bonheur, même ce qui te contrarie ?

Entre deux mondes - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant