Chapitre 11

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Les premières bougies de la nuit s'éveillaient déjà dans les cieux, peints d'aurores boréales tanguant à la manière des vagues. Leur miroir était l'étang, il greffait à son reflet les montagnes, pareilles à des volcans qui le culminaient. Les voyageurs s'étaient campés non loin de lui, Chuck, intrigué par la beauté du cycle de vie de l'eau, s'était allongé à son bord. A quelques mètres, Newton asphyxiait Thomas de ses soins, lui-même assoupi tandis qu'il se laisser choir contre un palais de roches. Il marmonnait, maintenu conscient par ses mouvements : « Newt... » L'homme détendit une main sur sa poitrine, Newton s'en empara aussitôt et l'enlaça à la sienne. Il inversa, le ton bas et apaisant, scrutant les astres perchés au-dessus de leurs visages : « Tommy ?

- Que fais-tu, depuis ces quelques minutes ?

- Je veux fondre dans tes molécules.

- Peux-tu réitéré cette demande, cette fois-ci en langage sensé ?

- Notre distance me gêne. développa le prince en grimaçant. Tu n'es pas suffisamment proche de moi.

- Laisse-moi faire. » 

Newton se blottit contre lui, après qu'il lui ait ouvert ses bras et ses jambes, haletant quand Thomas mit sa tête sur son épaule. Il égarait ses lèvres dans ses mèches blondes, disant alors : « Es-tu bien, ainsi ?

- Je veux mourir ainsi...

- J'aimerais plutôt vivre ainsi... rectifia-t-il en souriant.

- Je le fais déjà... Tu sais que je ne vis que pour toi.

- Newt, mon ange... ne tiens pas ces discours.

- C'est ma vérité que tu refuses. Je me viderai de mon sang pour toi. »

Thomas, poussant un soupir, le fit taire.

« Newt, tu es le seul que j'ai jamais aimé, le seul que j'aimerai avec cette intensité et cette tendresse. Mais je ne veux pas que tu me mentes, ni que tu fasses défiler des actes héroïques en croyant me faire plaisir. Ce n'est pas le cas. Je veux que tu mènes la plus charmante des vies, avec ou sans moi. Le contraire me tuerait.

- Non, je ne le ferai jamais. rétorqua-t-il. Tu es tout de moi, tu es plus que moi, plus que mes terres et mon royaume. Je vivrai et mourrai pour ton épanouissement. Ma vie est tienne, peu importe ce que tu en penses. C'est un désir, un désir ardent, qui persiste, que tu le veuilles ou non. Je me sens né pour toi, je sens que je vis pour et grâce à toi. Tu es le seul être que j'aimerai et que j'aurais aimé. Tu es tout, tout pour moi. Tu ne peux me demander de te lâcher. Tu ne le peux car je n'y arriverai pas. » 

Thomas, le regardant de cet air ébranlé, étouffé de passion, maintint le silence.

« Ne t'oblige pas à ajouter quoi que ce soit. consola Newton, saisissant son hésitation.

- Je n'ai aucun mots à la hauteur des tiens... confessa-t-il. Newt... que suis-je ? reprit-il, un instant plus tard. Nous nous disons amis, de même famille, liés depuis la naissance... mais est-ce la vérité ? Est-ce la nôtre ? Que suis-je réellement, pour toi ?

- Pour... moi ? ce que tu es... pour moi...? bredouilla-t-il. Utseen, mon prince... c'est... inénarrable ! Tu es mon délicieux fatum, mon avenir... Tu m'es interdit, pourtant tu as tout, et moi, je n'ai rien... Mon adoration n'a aucun titre... Tu es unique... innommable... »

Thomas se noyait, assassiné par la sincérité de ses yeux. Sa voix, troublée d'amour, grelotta en évoquant : « Tu ne l'as pas corrigé... Chuck. précisa-t-il devant son visage perplexe. Lorsqu'il m'a pris pour ton époux... tu ne l'as pas corrigé.

- Moi qui espérais que tu n'en dises rien... inspira le prince, parlant plus bas. A craindre ton inquiétude, j'ai commis une faute... reconnut-il. Je voulais t'en préserver, mais je ne savais comment, Tommy, je... je ne pouvais te le dire, je ne pouvais t'infliger cela...

Entre deux mondes - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant