Chapitre 9

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La nuit évinçait les astres blancs et éveillait les vents froids. Elle forgeait les gratte-ciels en gigantesques monstres de béton et d'ombres, leurs flèches la foraient en son ventre tandis qu'elle les édifiait en cathédrales du Diable. À leurs pieds des corps désaxés prêchaient l'obscurité comme de misérables missionnaires, leurs cris de famine, bas et lancinants, terrorisaient les parasites et les rats, dissipaient les derniers vivants de la Ville Morte. Ils réveillèrent Thomas en sursaut, pressant les hanches du prince de ses ongles. Newton, ayant un geste somnolent, susurra d'une voix tourmentée : « Tommy, que se passe-t-il...?

- N'as-tu pas entendu ? ils sont là, les fondus ! ils rôdent dans les quartiers !

- Q... Quoi ? bégaya-t-il en se redressant, attrapant sa lanière pour la revêtir. Par tous les diables ! Allons prévenir les autres ! »

Les Gladers étaient en train de se lever dans la chambre voisine. Gally vit Newton et grogna, ensommeillé : « Qu'était-ce, cet affreux bruit ?

- Des fondus nous guettent, annonça-t-il, nous devons nous en aller et tout de suite !

- Par tous mes sens... se plaignit Minho. Que devons-nous faire ?

- Vous quitterez le Bord Éteint pendant que je chercherai Mistral dans les caves, Tommy, tu m'attendras dans le vestibule. Minho devra suivre Gally le plus exactement possible lors de sa téléportation à Grenpills, c'est là que nous nous retrouverons. J'ai conscience des kilomètres qui nous en séparent, c'est pourquoi nous ferons avec notre temps, même si cela signifie patienter pour le retour des autres. Soyez soudés et courageux. Maintenant, fuyez !

- Oui, Votre Majesté. »

Des minutes après, Thomas, laissé par les guerriers qui avaient pris la route, s'inclinait derrière les portes de l'immeuble. Il inspectait les rues à travers la serrure en or massif, par laquelle un remugle horrible s'insinuait pour vicier l'air. Dehors, des carcasses étranges chancelaient dans les ruelles avoisinant le Bord Éteint, leurs regards carmins criblaient le noir nocturne et pourchassaient l'homme, l'écume moussant à la bouche. Ce dernier vit d'abominables cordes, pareilles à des câbles, serpenter la chair exsangue et immonde. La boite crânienne, boursouflée de graisse, s'avachissait sur les cerveau et le front.
Thomas s'empêcha un bruyant relent quand les yeux des créatures piquèrent soudain vers une lourde cadence, qui propageait de fortes vibrations terrestres sous leurs pieds. Ce fut ainsi que Mistral se précipitait à lui, chevauché par Newton, tendant son bras au vide. Thomas se pressa hors du bâtiment, saisissant aussitôt la main du prince afin qu'il le hisse à son tour sur le  dos du grand pégase. Alors le cheval se propulsa enfin vers les cieux, battant de ses larges ailes scintillantes, faisant de la Ville Morte plus qu'un point minuscule en-dessous de leur masse. Newton, ayant attrapé la main froide de Thomas, s'assura, essoufflé par l'inquiétude et sa course : « Vas-tu bien ?

- Rassure-toi, je vais bien...

- Minho et Gally sont-ils partis ?

- Il y a peu.

- Un fondu t'a-t-il approché ?

- Aucun.

- Seigneur, merci... souffla-t-il finalement. Je n'aurais pas cru ces infamies capables de nous traquer jusqu'ici... Ils auraient pu t'avoir, j'aurais dû négliger les risques et retrouver Mistral avec toi...

- Newt, ne tends pas l'autre joue. Tout s'est bien passé. conforta-t-il, accentuant la pression sur sa main. Où veux-tu aller ?

- J'aimerais que tu aies une nuit sereine, car ton espèce n'est pas faite pour les conditions de ce monde. C'est pourquoi nous laissons cette Section pour rejoindre Reedtęm. Elle a été traversé par les fondus lors de leur dernière immigration ; avec un peu de chance, nous n'en croiserons aucun. »

Entre deux mondes - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant