Chapitre 14

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« Quämē, somma un homme, le voilà qui reprend conscience ! »

Thomas, leurré par l'halo du soleil, se voyant dominé par Newton, le croyait ange. Son crâne, appesanti par sa chute, l'heurta à des maux vifs tandis qu'il s'observait, étendu sur le sentier du bois. Newton l'apostropha aussitôt : « Ulysse ? Ulysse, chéri, m'entends-tu ? » Thomas hochait faiblement, grimaçant en se tordant douloureusement : « Que s'est-il passé...? Newt, pourquoi pleures-tu...?

- Tu as été aspergé par une bessinka... J'ai pensé te perdre... dit-il, chassant d'honteuses larmes.

- Une... qu'est-ce ?

- Une plante affreusement délétère... Elle s'en prend aux âmes qu'elles jugent en position de vulnérabilité... Elle les étiolent, les noie dans les plus mémorables de nos souvenirs, des souvenirs si mémorables que le corps choisit de s'éterniser dans une transe dantesque, voulant les revivre à jamais à travers la mort plutôt que de se résigner à les quitter à travers la vie... Elle nous a toujours été fatale...

- Nous ne pouvons ressasser un passé endolori par le présent, s'il n'y est plus relié... stipula Chuck.

- Mais ton espèce semble y résister... marmonna-t-il. Comme si elle n'était... qu'apathique...

- Et... qu'ai-je fait, au juste ? Pourquoi suis-je par terre ?

- Cela faisait vingt minutes que tu étais évanoui. Je n'ai jamais connu de telle peur...

- Je... Je suis navré, Newt...

- Ne t'excuse pas, idiot. Tu n'y es pour rien, mon Tommy. susurra-t-il à son oreille. »

Il se leva, tendant sa main pour l'aider à se tenir debout.

« Nous devrions poursuivre. Tu peux t'épauler contre moi. »

Le petit groupe reprit l'élan de sa route.
Des heures passées la nuit mussait les cieux de son voile constellé, elle hissait en eux des bribes de magie. Des rivières ondées et accoutrées de gazons s'épendaient à la ligne limitrophe de l'horizon, tranchée par les sommets des montagnes de la vallée verte. Cåem Køld s'animait de la symphonie des eaux, chaloupant entre les terres et les roches. Elle hébergeait un pégase baie, dont l'hennissement soudain se fendit en échos aux travers des herbes. Il se grandissait devant les voyageurs en tapant des antérieurs, appelant Mistral qui incurva sa gigantesque encolure en renâclant, dressant ses ailes noires qu'il fit fièrement battre. Newton, voyant la rencontre, rit tendrement à Thomas : « On croirait nous voir. » Thomas s'allégit à ces paroles, propulsé par un bonheur si intense qu'il se crut capable de s'ériger à la puissance des chevaux.
Le prince lui présenta sa main, qu'il flaira curieusement. Il se fléchit alors en révérence, acclamé par les flatteries admiratives que Newton ne pouvait pas retenir.

« Mistral ? peux-tu, je te prie, questionner cette honorable progéniture au sujet des fondus ? [...] Très bien... Tout paraît clair. Remettons nous en marche.

- Où va-t-on, à présent ? interrogea Thomas.

- Nous allons nous coucher près de ces arbres. répondit-il d'un ton songeur, laissant couler quelques secondes avant de murmurer à nouveau. Tommy... voilà mes plus plates excuses... Ma rancœur s'est déjouée de mes mots, que jamais je ne t'aurais fait souffrir si j'avais pu les taire... Il était intrusif d'évoquer ce passé qui n'est que tien, je ne sais ce qui s'est introduit aussi violemment en moi... J'en suis navré...

- Ce n'est rien, Newt. Notre histoire... ne partage aucune des banalités de nos mondes. Serait-il envisageable d'ignorer de tels questionnements ? de tels jugements et regrets ? Nous nous aimions bien trop fortement pour les effacer à la prudence.

Entre deux mondes - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant