Le pire arriva ▪️41

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Le pire arriva.

Louka était tellement choqué qu'il n'essaya même pas de quitter la pièce.
La scène était tellement atroce que je ne le voyais même pas cligner des yeux.
Ses larmes coulaient, mais il n'en essuya pas une seule. Mon petit frère, écolier en primaire, resta assis à côté du lit sur lequel Gary me faisait plier à sa volonté.
Malgré la violence de l'acte, malgré les coups et les insultes, rien ne fit plus mal que le regard de Louka.

Pendant que Gary marquait mon corps de bleus et de semence, je maudissais le monde entier.
Il m'humiliait devant mon frère mais je refusai de lui céder le reste de ma dignité et il me viola sans que je ne pousse un cri ou ne laisse échapper une larme.

Mon esprit divagua même et je me perdis dans mes pensées, faisant totale abstraction des coups de reins de mon beau-père.

Maman, comment est-ce que tu as pu laisser ce drame arriver ?
C'était pourtant évident que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Tu as fermé les yeux, et regarde ce qu'il nous fait aujourd'hui.
Tu ne nous as pas protégé, tu l'as laissé faire ce qu'il voulait avec nous, comme avec Papa.
Je sais que c'est lui qui l'a tué. Tu étais sûrement dans la voiture avec lui et tu n'as même pas essayé de l'arrêter.
J'ai fermé les yeux, moi aussi, parce que je ne voulais pas y croire, mais c'est terminé. Vous allez payer pour Papa, pour ma dignité et pour l'innocence de Louka.

Notre calvaire dura plusieurs heures, jusqu'à ce que Gary arrive à bout de force.
Il m'avait pris en levrette, les fesses en l'air et le visage plaqué l'oreiller, vers à Louka.
Il m'avait forcé à regarder mon frère dans les yeux pendant qu'il me culbutait sans respect.

Je ne lui pardonnerai jamais.

Gary finit par me mettre une fessée, en soupirant gaiement et s'exclama, tout sourire : « À partir d'aujourd'hui, tu ne prendra que la mienne !
J'éclatai de rire, sans retenue et lui crachai : T'es sur que t'es homophobe et pas homo tout court ?
Il me gifla mais je continuai en me tordant de rire : T'as pris ton pied hein ? T'as tellement aimé que t'en redemandes !
Ferme-la ! Me hurla-t'il en me saisissant par la gorge, me surplombant à califourchon.
Les gays ne te dégoûtent pas tant que ça, hein ? Ironisai-je en le fixant, satisfait de fouler son égo. Il serra mon cou, à deux mains, en guise de réponse. Ce qui me fit rire de plus belle.
Arrête ! Cria Louka. Arrête de lui faire du mal ! »

L'air ne passait plus et ma tête se mit à fourmiller.
Il serrait de plus en plus fort et je compris qu'il comptait me faire taire à jamais.
Mes yeux cherchèrent mon frère, tenant plus que tout à le voir une dernière fois avant de mourir, lorsque Gary me lâcha avant de quitter la pièce, en claquant la porte.

Je me redressai immédiatement et toussai, tout en tentant de reprendre mon souffle.
Je mis quelques instants à respirer normalement et croisai le regard de mon frère.
Nous nous regardâmes une dizaine de secondes avant qu'il ne fonde en larmes et ne se jette dans mes bras. Je luttai pour ne pas pleurer mais les larmes jaillirent sans que je ne puisse les contrôler et tout mon corps se mit à trembler.
La douleur physique se réveilla et se rependit partout.

Mon cuir chevelu piquait tant Gary avait tiré dessus, j'avais les joues et le nez en feu tant il m'avait giflé, mes fesses semblaient fondre tant il les avait pressées et mes parties génitales semblaient avoir été réduites en bouillie tant les sévices furent brutaux.
Incapable de me lever, ni même de bouger, j'étais comme paralysé. Louka tenta de me traîner jusqu'à sa chambre, mais la force lui manquait.
J'essayai de ramper mais la douleur était insupportable. Nous pleurions tous les deux, désespérés et abattus par le sort que la vie nous infligeait, quand Gary surgit dans le couloir.

Louka hurla de peur puis le supplia de nous laisser tranquille. Le violeur l'ignora totalement et avança vers moi en le bousculant.
Mon frère le frappa dans le dos mais il ne sourcilla pas et me ramassa, avant de me coucher dans le lit de Louka, sans violence ni insulte. Puis il nous laissa seuls, sans menace ni sarcasme malsain.

Ne me dites pas qu'il regrette ce qu'il vient de faire et qu'il joue au gentil pour se rattraper ?

Je ris puis pleurai de nerfs en serrant le poing, jusqu'à m'en planter les ongles dans la peau.

Rien ne pourra jamais rattraper ça, espèce de sale merde. Tu pourriras en enfer, avec ta salope de femme. Vous brulerez et souffrirez ensemble pour l'éternité.

« Jackson, me chuchota mon frère, en me secouant doucement. Réveille-toi...
— J'ai dormi combien de temps ? Lui demandai-je, surpris de m'être endormi.
— Deux jours.
— Où il est ? Qu'est-ce qu'il fait ? M'inquiétai-je, en regardant frénétiquement la pièce et la porte entre-ouverte.
— T'inquiètes, il est parti à un rendez-vous pour du travail.
Je retins juste qu'il était parti et me redressai illico, sans paraître étonné d'être propre et habillé.
— Mets des vêtements dans un sac, on s'en va.
— Non. Me stoppa Louka. On ne peut pas partir et laisser Maman toute seule.
Mais Maman est dans le coma putain ! Qu'on parte ou qu'on reste, ça ne change rien ! Lui criai-je sans réfléchir.
Je voulus ravaler ces mots et m'excusai. Je m'attendais à ce qu'il soit choqué et se mette à pleurer, mais il posa ses mains sur mes épaules et me dit calmement : Je veux être là quand elle se réveillera. C'est notre maman. »

J'eus envie de lui hurler ma colère, de le secouer dans tous les sens en lui rappelant ce que Gary m'avait fait, de lui crier que rester ici, c'est jouer avec le Diable, lui offrir l'opportunité de nous refaire du mal. Je mourrai d'envie de l'assommer pour l'emmener de force, mais il aurait fini par s'enfuir pour revenir au chevet de cette sorcière.

Elle est la source de tous nos problèmes.

Je passai donc les derniers jours des vacances d'hiver au lit, faisant mine de dormir dès que Gary entrait dans la chambre.
Il posait des plateaux repas sur la table de chevet et partait sans un mot.
Je refusai d'y toucher jusqu'à ce que je sois trop faible pour résister à l'insistance de Louka.
Il me nourrit à la fourchette les deux premiers jours puis je me résignai à manger seul ensuite.

Je hurlai en craignant un autre assaut quand Gary s'approchait pour « m'emmener à la douche » mais il se contenta de m'aider à marcher jusqu'à la salle de bain et n'entra pas pendant que je me lavais.

Il se mit à porter des chemises et quittait la maison tôt le matin pour ne rentrer qu'à l'heure du dîner.

Ces changements ne firent que nourrir ma haine pour lui, mais Louka ne vit pas le vice et commença doucement à tourner la page.
J'enrageai intérieurement et me refermai sur moi même. Recroquevillé dans ma carapace, mon attitude froide et distante devînt la même avec mon frère qu'avec mon violeur et c'est avec cette sensation d'avoir été trahi que je me préparai à la rentrée.

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Prisonnier De Tes Mots |TERMINÉ|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant