Conny prit une profonde inspiration et expira lentement, avant de me faire promettre de garder pour moi tout ce qu'il s'apprêtait à me dire.
Il corrobora ce que Dylan m'avait déjà raconté au sujet de sa rencontre avec Scott mais la suite de son récit me glaça le sang.
Première année de collège.
La plupart étaient heureux de retrouver leurs camarades de classe de primaire, d'autres moins, et certains ne connaissaient personne.
Scott et Conny avaient tous deux des têtes familières pour leurs camarades, mais pas pour les mêmes raisons.
Le premier était craint et évité, quand l'autre était adulé et entouré.
Agressif et violent pour un regard mal interprété, Scott veillait à ce que ne personne ne l'approche, pas même Conny, tout fraîchement élu délégué de classe.
Se sentant responsable de chacun de ses camarades, Conny revenait à la charge avec toujours plus d'insistance, à coup d'invitation à manger ensemble le midi, à former un binôme lors des exposés, à se mettre à côté de lui en cours et bien d'autres manières de devenir son ami.
Le solitaire finit par lâcher prise et entrouvrit très légèrement la porte de son coeur à ce garçon, populaire, gentil et affectueux.
Au fil des mois, le blond aux yeux plus noirs que les ténèbres se surprit à rire aux blagues débiles de ce garçon, devenu ce qu'il avait de plus cher : Son seul et unique ami.Autour d'un chocolat chaud, il se sentit même suffisamment en confiance pour lui raconter ce qui le tourmentait : Alors qu'il se baladait en ville avec son père, sa mère et sa petite sœur, la poucette dans laquelle la petite gazouillait glissa sur la route et se fit percuter par un utilitaire.
Leurs parents devinrent hystériques, ne comprenant pas comment ce drame avait pu se produire, eux qui n'avaient quitté la poucette des yeux qu'une vingtaine de secondes pour admirer la vitrine d'une boutique. La petite passa six mois à l'hôpital, dans un état critique, mais survécut et une grande fête fut organisée pour ce miracle.
Toute l'attention fut portée vers ce bébé et Scott se sentit mis à l'écart.
Ce sentiment le gangréna et se transforma en véritable souffrance, en partie parce que son père tenait des propos aberrants, insinuant que le landau avait forcément été poussé, pile au moment où la camionnette passait, en regardant Scott d'un drôle d'air. Il refusait même de le laisser seul avec sa sœur.
Sa mère prenait sa défense et de violentes disputes éclataient régulièrement entre les époux.
Scott se refermait sur lui-même, harcelé par son propre père qui voulait le faire avouer ce terrible geste, quitte à affronter la colère de sa femme.Mais quelques semaines plus tard, cette dernière gifla le garçonnet pour la première fois, le jour où aucun miracle ne put sauver le bébé de huit mois.
C'était un jour de semaine.
Son père était au travail et sa mère donnait le bain à la petite. Scott lisait un manga dans sa chambre, lorsqu'il entendit la sonnerie du portable de sa maman. Elle se précipita dans le salon pour ne pas manquer l'appel : Certainement un coup de fil lui annonçant que son livre allait être édité à grande échelle. Elle jeta un coup d'œil dans la salle de bain, vérifiant que la petite était bien installée sur le transat de bain, prévu pour lui maintenir la tête hors de l'eau, puis s'isola pour pouvoir avoir du calme avant de décrocher.Une quinzaine de minutes d'absence suffit à plonger la famille dans l'horreur.
Le hurlement déchirant de sa mère fit sursauter Scott, qui se précipita vers sa provenance.
Elle se tenait près du corps inerte du bébé, qu'elle tentait de ramener en procédant à un massage cardiaque. Elle hurla au petit garçon d'appeler une ambulance et continua ses tentatives de réanimation, en vain.
Les professionnels arrivèrent dix minutes plus tard, mais ne purent rien faire.
Dévastée, par la mort de sa fille mais tout autant par les regards et questions accusatrices des secouristes, la mère de Scott s'enferma dans sa chambre et n'en sortit pas jusqu'au retour de son mari.
Les larmes coulèrent pendant de nombreuses minutes puis il demanda des explications, aussi triste que désespéré.
Sa femme était trop bouleversée pour lui répondre alors Scott raconta, sans détour, qu'elle avait laissé la petite dans la baignoire pour répondre au téléphone, pendant au moins dix minutes.
Une gifle lui brûla la joue la seconde d'après, mais c'était la triste vérité : Sa négligence était la cause de ce drame.
Refusant de l'entendre, sa mère lui hurla qu'il aurait très bien pu la surveiller, mais ce fut la réflexion de trop pour son mari, qui l'insulta d'emblée de femme irresponsable et idiote.
Le métier de cette dernière était un sujet conflictuel au sein du couple et le ton monta brusquement lorsque son mari comprit qu'elle avait préféré prendre l'appel de son éditrice dans l'immédiat plutôt que prendre le temps de sortir leur fille de l'eau.
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Prisonnier De Tes Mots |TERMINÉ|
Fanfiction|TERMINÉ| L'homosexualité était taboue, aussi bien au lycée qu'à la maison. L'inconnu qui m'a envoyé ces textos le savait et s'en est servi pour m'obliger à suivre les règles de son jeu. En parallèle, mon petit frère et moi subissions la folie de no...