Après quelques heures, les effets s'estompèrent et je me sentis encore plus mal qu'avant.
Comment pourrai-je aller mieux ? A chaque fois que je le vois, j'ai l'impression de le sentir me détruire de l'intérieur. A chaque fois que je l'entends parler, je me rappelle les propos obsènes qu'il me chuchotait à l'oreille, en me forçant à regarder Louka. J'ai envie de vomir. Je veux m'enfuir le plus loin possible. Mais mon frère n'acceptera jamais de venir tant que....
Tant que notre génitrice ne se réveillera pas.
Voilà la solution. Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ?Je ris aux éclats, de façon incontrôlable, sous le regard surpris de mes camarades de classe et de notre professeur.
« Jackson, va t'esclaffer dehors. » me dit-il, blasé.
Sans contester une seconde, je pris mes affaires et quittai la salle, heureux de pouvoir résoudre mes problèmes plus tôt.
Alors que je me dirigeai vers la sortie, Conny me rattrapa :
« Attends ! Où est-ce que tu vas comme ça ?
— En quoi ça te regarde ?
— Tu ne vas pas bien, pas vrai ? Tu fais peur à voir.
Je restai silencieux quelques secondes, tremblant.Bien sûr que je vais pas bien !
Si seulement nous n'étions jamais venus ici.
Si seulement ma mère ne l'avait jamais épousé.
...
Mais je vais bientôt tout arranger.
Louka et moi allons pouvoir partir.— Je veux voir ma mère, dis-je, impassible.
— Je vais t'accompagner, j'ai pris ma voiture aujourd'hui. »Silencieux pendant le trajet, je m'imaginais loin de tout ça. Je m'imaginais heureux avec Louka, après lui avoir pardonné, après m'être remis de cette nuit traumatisante.
Je me surpris à sourire en pensant à cet avenir.Mais j'ai quelque chose à faire, pour le rendre possible.
Avant d'entrer dans la chambre de la source de mes problèmes, je demandai à Conny d'aller acheter des boissons.
Je fermai la porte, le plus silencieusement possible et m'approchai d'elle, en caressant lentement le drap blanc, du bout de l'index.
« Tu dors paisiblement, hein ? ironisai-je.Évidement.
— Ne t'inquiète pas, tu n'as pas besoin de te réveiller. Nous n'avons pas besoin de toi.
Je pris délicatement un des oreillers sur lequel sa tête reposait et chuchotai : Pour être honnête, je vais m'assurer que tu ne reviennes pas. Tu sais pourquoi ?
Je posai le coussin sur son visage et appuyai lentement.
— Gary m'a violé, pendant des heures.
Et il a forcé Louka à regarder.
Ses constantes s'affolèrent et je commençai à l'entendre suffoquer.
— Tout ça, c'est de ta faute. T'entends ?
Tout ça ne serait JAMAIS arrivé si tu nous avais protégés ! criai-je, le corps tremblant et les yeux remplis de larmes de rage.
— Mais qu'est-ce que tu fous putain ?!? » hurla Conny en me poussant violemment contre le mur.Je fondais en larmes; incapable de contenir ma détresse et ma colère plus longtemps; et m'effondrai par terre, submergé par tout ce que je gardais en moi.
Conny remit l'oreiller à sa place et me traîna immédiatement à l'extérieur de la chambre avant que les infirmières n'arrivent.
Nous remontâmes dans sa voiture et il resta silencieux jusqu'à ce que je me calme et que nous m'entendions plus que mes reniflements.
« Kola ou GlaglaTea ? me demanda-t-il en me montrant les deux canettes.
Je n'eus pas le temps de répondre qu'il ouvrit le GlaglaTea et me le tendit, avec un mouchoir, en me faisant un de ses plus beaux sourires : Je rigole, je sais que tu n'aimes pas le Kola. »Les mains encore tremblantes d'émotion, je fis tomber la boisson sur le siège et le tapis.
Je m'excusai tout de suite et tentai d'éponger avec le mouchoir, largement insuffisant.
Je bafouillai et, encore boulversé, les larmes se remirent à couler.
« Ce n'est pas grave, m'assura Conny, la main dans mes cheveux, avant de me prendre lentement dans ses bras. Allez, Viens là. Calme-toi. »Nous restâmes ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que ma respiration redevienne normale et que mes yeux sèchent.
Je me redressai, essuyant mon nez d'un revers de manche :
« Merci..
— ...T'en fais pas. Où est-ce que tu veux aller ? Je suppose que tu ne veux pas retourner en cours...Il me pose pas de question sur ce qu'il s'est passé dans la chambre...?
Tant mieux...Je ne suis pas en état d'en parler.
J'ai juste envie de pleurer dans mon lit.— Est-ce que tu peux me déposer chez moi ?
— Non, me surprit-il. Pas si ton beau-père y est. Tu dois passer le moins de temps possible sous le même toit que lui.
Je réagis au quart de tour et claquai violemment ma main sur la boîte à gant, le faisant sursauter :
— C'est maintenant que ça te préoccupe ?!
C'EST TROP TARD !!!Nous nous regardâmes fixement, pendant que les souvenirs douloureux de Cette Nuit rendaient mes yeux humides.
Je vis dans son regard qu'il avait compris.
— Non...Jackson, non...
— Si...avouai-je en détournant les yeux.Il resta muet plusieurs minutes, la main devant la bouche, boulversé.
Je sortis de la voiture, pour prendre l'air.J'ai tellement honte.
Qu'est-ce qu'il pense en ce moment ?
Il doit me voir différemment.J'entendis une portière claquer.
Je me retournai et Conny se précipita vers moi pour m'enlacer si fort que j'en eus le souffle coupé.
Il renifla puis je sentis son corps trembler et entendis sa voix vaciller :
— Tu ne retourneras pas là-bas. Plus jamais. On va aller chercher ton frère et aller au commissariat tout de suite. J'appelle mon père, d'accord ? »
J'acquiesçai de la tête et l'enfouis contre lui.Il me serra comme s'il voulait absorber ma peine puis embrassa mon front, en me promettant que Gary ne poserait plus jamais la main sur moi.
Nous arrivâmes à l'école de Louka et pûment l'emmener facilement, puisque son institutrice avait l'habitude de me voir. Un mensonge et une simple signature suffirent.
Dans la voiture, en route pour le commissariat, Louka me questionna :
« Jackson, où est-ce qu'on va ? Pourquoi tu es venu me chercher si tôt ? Maman a un problème ? Ou Gary ?
— On va aller tout raconter à la Police.
Gary ne nous fera plus de mal. On va l'envoyer en prison, parce que c'est ce qu'il mérite, pas vrai ? »Louka se rigidifia et ne dit plus un mot jusqu'au poste.
Garés, je me retournai vers mon frère et lui demandai simplement de raconter ce qu'il a vu Cette Nuit là, et toutes les autres fois où Gary a été violent avec nous. Conny ajouta qu'il était très important de dire la vérité aux policiers, si on voulait que Gary soit condamné, et nous, libérés.
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Prisonnier De Tes Mots |TERMINÉ|
Fanfiction|TERMINÉ| L'homosexualité était taboue, aussi bien au lycée qu'à la maison. L'inconnu qui m'a envoyé ces textos le savait et s'en est servi pour m'obliger à suivre les règles de son jeu. En parallèle, mon petit frère et moi subissions la folie de no...