𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟻

528 23 4
                                    


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


          LE LENDEMAIN, les coureurs avaient tous eu un jour de congé. Premièrement pour reprendre leurs esprits, deuxièmement pour se préparer à ce qui allait suivre. Parce que les chose changeaient. Très rapidement. Et si les coureurs montraient quelconque faiblesse, c'est la zone en entier qui en serait affecté.

          Mais Kaéla s'en fichait. Elle qui aimait d'habitude bouger et aider ceux qui en avait le plus besoin, elle qui d'habitude détestait ne rien faire, disant que la fainéantise était une perte de temps, avait passé la journée entière assise sur le rebord de sa fenêtre à observer les portes du labyrinthe. Elle était déjà réveillée lorsque celles-ci s'étaient ouvertes et n'avait pas bougée jusqu'à ce qu'elle ne se ferme. Mais même si des heures s'était écoulées entre ces deux évènements, la coureuse n'avait eu l'impression que seulement quelques minuscules minutes étaient passées. Hank lui manquait. Dan aussi. Énormément.

          Elle se rendit aussi compte qu'elle ne passait pas assez de temps avec ses amis. Sa famille. Plus le temps avançait, plus le danger gagnait du terrain, et elle ne savait pas combien de temps il leur resterait pour profiter les uns des autres. Elle ne voulait pas que les choses changent. Elle voulait que tout reste identique. Que Dan et Hank entre dans sa chambre en hurlant pour la sortir de sa rêverie, que Newt court avec elle dans le labyrinthe avec son immense, magnifique et éclatant sourire aux lèvres...

          Elle voulait le retour de la paix.

          Trois coups furent cognés à sa porte.

          — Ka' ? C'est Minho. Je peux entrer ?

          Elle ne répondit pas, ignorant la porte qui venait de s'entrouvrir. L'asiatique passa sa tête dans l'embrasure pour l'observer. Elle fixait toujours l'horizon, son genoux droit remonté vers elle, une main dans le vide et la seconde sur son ventre. Elle semblait confortable, comme en transe. Mais il savait qu'il devait la réveiller. La faire bouger.

          Lentement, le maton s'approcha. Il s'appuya sur le rebord de la fenêtre à son tour, là où il y avait encore de la place, et se mit à fixer le visage de la jeune fille. Sa peau halée semblait plus pâle que d'habitude, ses cheveux plus grichou, ses yeux plus cernés...

          — Ka', est-ce que tu as mangé, aujourd'hui ?

          Aucune réponse.

          — Ka'.

          — Est-ce que tu penses souvent à eux ?

          Sa voix ne fut qu'un souffle, mais il réussi à l'entendre distinctement face au silence.

          — À ceux qui sont morts ? Demanda t-il.

          Elle hoche faiblement la tête, ne quittant jamais le labyrinthe des yeux.

          — Tous les jours.

          Nouveau hochement de tête.

          — Et toi ?

          Elle finit par tourner la tête.

          — Tous les jours. Répéta la coureuse.

          Leur deux coeurs se serrèrent en même temps, douloureux, mais aucun ne le montrèrent. Minho tendit la main vers son amie.

          — Tu n'es pas seule, Kaéla. Tu le sais, ça. Hein ?
          Elle observa la main du coureur sans savoir quoi faire. Puis, après quelque secondes où il avait patiemment attendu, elle y glissa la sienne. Le contact fut rassurant pour chacun d'eux et, pendant un court instant, ils s'étaient dit que rester comme ça pour l'éternité ne serait pas si mal que ça.

          Les yeux de Kaéla devinrent brumeux et se remplirent d'eau la seconde suivante. Minho l'observa, ahuri, mais n'eut pas le temps de faire de commentaire qu'elle s'était levée, se dirigeant vers le fond de la pièce. Du revers de la main, elle essuya les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux, sursauta lorsque les mains de Minho se posèrent sur ses épaules.

          — Ka'. Laisses-toi aller pour une fois.

          — Tais-toi... bon sang, tais-toi, Minho...

          Elle fondit en larmes. Minho se dépêcha de la prendre dans ses bras, le coeur lourd. Il savait que depuis qu'elle était ici elle ne s'était jamais laissé aller. Kaéla avait toujours été très rigide envers elle même, ignorant toutes formes de sentiment autre que la neutralité. Elle ne voulait pas paraître émotive ou touchée par les commentaires et les situations qui se passaient tout autour d'elle. Elle voulait rester neutre, être définie comme l'insensible, qu'on lui foute la paix. 

          Mais avec un maton borné comme Minho, c'était peine perdu. 

          C'est comme si lorsqu'elle était avec lui, elle ne pouvait s'empêcher d'être honnête, qu'elle ne pouvait s'empêcher de se laisser aller et de retirer ce masque qu'elle s'était créée. Oui, elle demeurerait toujours la fille neutre et réfléchie du groupe, oui, elle resterait toujours l'observatrice incomprise qui ne se laissait jamais emporter... mais elle avait au moins une personne qui arrivait à comprendre la tempête qui se cachait sous sa petite tête.

          Il lui fallut dix minutes pour se calmer. Minho ne dit pas un mot, sachant que le fait qu'elle se laisse aller devant lui était déjà un pas colossal vers l'avant. Kaéla se dégagea doucement, fit un pas de reculons et essuyant ses joues trempées et ses yeux bouffis. Elle se laissa tomber sur son hamac.

          — Pardon. Et merci.

          Minho lui lança un sourire rassurant.

          — Est-ce que tu te sens mieux ?

          Elle hoche la tête doucement à répétition, encore prise dans ses pensées. 

          — Est-ce que ça te dirais d'aller manger ?

          L'adolescente fit mine de réfléchir, incertaine. Puis elle se dit que voir ses amis lui ferait du bien. Après tout, plus de temps elle passait avec eux, plus elle en profiterait, mieux elle se porterait. Alors elle aquiesca encore une fois.

          Minho sourit, heureux d'avoir réussi à la sortir de son état végétatif.

          — Oh, et Minho.

          Il l'observa en silence, attendant la fin de sa phrase.

          — Pas un mot sur ce qui s'est passé aujourd'hui.

          Le coureur éclata de rire.

          — Jamais ! J'ai bien trop peur des répercussions !

          Ce fut au tour de Kaéla d'éclater de rire. Elle lui frappa l'épaule, joueuse.

          — Abrutit !

          Les deux coureurs marchèrent côte à côte vers les grande tables où le repas avait déjà été servis. Des sifflements s'élevèrent entre les zonards lorsqu'ils arrivèrent près du point de rassemblement. Minho allait les envoyer balader mais Kaéla posa une main sur son bras en rigolant franchement, surprenant leur famille. 

          — Bon appetit à tous. 

          D'un cri commun, les zonards souhaitèrent la même chose à la seule fille du labyrinthe.

          La soirée s'était ensuite extrêmement bien passé. Les matons et membres du conseils avaient été surpris par la quantité de mots qui avait jaillit de la coureuse. Mais même s'ils étaient surpris, ils ne pouvaient que s'en montrer satisfait. 

          Après trois ans, elle avait enfin finit par s'ouvrir.

Coureuse (Maze Runner)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant