Chapitre 4

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When marimba rhythms start to play,

Dance with me, make me sway,

Like a lazy ocean hugs the shore,

Hold me close, sway me more...

La musique provenant de la radio résonne dans les hauts-parleurs de mon auto , comblant notre absence de paroles, alors que je me demande comment j'en suis arrivée là.

Adrenaline. Peur. Couteau. Sang. Beaucoup de sang.

Dans le feu de l'action, j'avais poignarder Hernandez dans son avant-bras pour qu'il me lâche et que je puisse m'enfuir de son bureau, de sa résidence et de sa vie tout court.

Évidemment, ça n'avait pas fonctionné.

C'était mon instinct de survie qui avait pris le dessus.
Malheureusement, lorsque j'ai réalisé ce que je venais de faire, l'adrénaline a vite chuté, remplacée par une toute autre émotion. De l'épouvante.

Mais ce qui m'avait vraiment glacer le sang, c'était Hernandez qui n'avait même pas bouger d'un centimètre. Si cela l'avait fait souffrir, il n'en avait rien dévoilé.

Il avait observer le couteau enfoncé dans sa peau, et, délicatement, l'avait retiré, comme si se faire poignarder était une habitude pour lui. L'ombre d'un sourire étirait même ses lèvres.

« Ne bouges pas d'ici », m'avait-il dit, avant de me laisser seule dans la pièce, pour revenir cinq minutes plus tard, un bandage serré autour de sa blessure et de m'informer qu'il me ramenait chez moi.

Je n'avais rien répondu, toujours sous le choc. Ça ne l'avait pas perturbé. Il avait glissé ses doigts entre les miens tachés de sang, et nous avions traversé la demeure jusqu'au jardin, où nous étions monter tous les deux dans l'une de ses voitures, avant que, dans un élan de lucidité, je l'informai que j'étais venue jusqu'à la résidence avec ma voiture.

Sans un mot, nous étions descendus de sa magnifique mercedes pour monter dans mon tas de ferraille, sur le trottoir d'en face. Les deux gardes nous avaient observé bizarrement, mais, aucuns des deux n'avaient ouvert la bouche.

Le crâne de Hernandez touchait le plafond de mon auto, tellement il était grand, et un gloussement m'avait échappé de la gorge. Contre toute attente, Hernandez sourit, révélant deux fossettes creusant ses joues.

Pour quelqu'un étant issu d'une famille de mafieux, il était étrangement adorable.

- Tourne à gauche.

C'est la première fois que je parle depuis être montée dans la voiture, une trentaine de minutes, auparavant.

- Va bene, répond-il, en pivotant le guidon vers la gauche, une fois le feu vert passé.

- On est arrivé.

La sombre ruelle familière se dessine devant nous, et si nous étions dans d'autres circonstances, je serais embarrassée d'emmener un homme si beau dans un endroit si piteux comme celui-ci.

Des tonnes de déchets jonchent les trottoirs, des graffitis décorent presque toutes les facades des immeubles noircis par la pollution, et certaines ampoules des quelques lampadaires grésillent tandis que d'autres ne fonctionnent pas du tout.

Autrefois, j'habitais dans le quartier le plus chic et riche de Sicile. Jamais je n'aurai cru un jour habiter dans le quartier le plus miteux de la ville.

Passer de millionaire à fauchée est assez déroutant, lorsque nous sommes nées avec une cuillère en or dans la bouche. J'ai du reconstruire ce qu'on m'avait jadis offert.

𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant