- Je vous demande pardon ?
La réceptionniste, avec son haut chignon négligé et mâchant tellement bruyamment son chewing-gum qu'on aurait dit une vache broutant de l'herbe, me lance un énième regard blazé.
Je peux la comprendre, après tout.
Travailler dans un hôtel dans un état si merdique, avec une odeur asphyxiante de poussière qui règne dans l'air en permanence et les grands couloirs vieillots à la peinture blanche écaillée qu'on se serait cru dans Shinning, ne devait pas être très plaisant.
- J'ai dis, répète-elle en levant les yeux au ciel, qu'il ne restait qu'une seule chambre de libre.
- Vous allez me dire que toutes vos chambres sont réservées ?
Elle souffle.
- Ma chérie, où penses-tu que les hommes mariés emmènent leur maîtresse ? Loin de la ville, dans un hôtel sur le point de rendre l'âme, pour effacer tout indice de tromperie. Une seconde, me coupe-t-elle en empoignant le téléphone filaire sur son bureau. L'hôtel Mercurio à l'appareil, que puis-je faire pour vous ? Veuillez patientez une minute.Elle relève la tête vers Hernandez et moi, attendant patiemment devant la vitre transparente qui nous séparait. Couvrant de sa main ridée l'appareil téléphonique, elle nous demande :
- Vous prenez la suite ou pas ? Quelqu'un souhaite la réserver.
- Dites leur qu'elle est prise, tranche l'homme à mes côtés, en posant trois billet de cents euros sur le bureau. Ça devrait suffire pour une nuit.
La femme attrape les billets pour les mette dans sa caisse, et retourne à sa conversation avec son interlocuteur, leur informant qu'il ne reste plus aucune chambre, alors que je siffle entre mes dents, assez fort pour que Hernandez soit le seul à m'entendre.
- S'il n'y a qu'un seul lit, il est à moi.
- Si c'est un lit simple, oui. Sinon, non.
- Comment ça, "sinon non" ? Je ne vais pas dormir par terre !
- Moi, non plus.
Le cliquetis de clés nous interrompt brusquement.
- Porte 32. Au fond du couloir, à droite.- Merci, dis-je, en brandissant les clés, avant de me diriger vers le corridor, suivie par Hernandez.
- Les jeunes ! interpelle la réceptionniste dans notre dos. Les préservatifs sont dans le tiroir de la table de chevet.
Comme si cela ne suffit pas, son commentaire est achevé par un long gémissement, provenant d'une des portes fermées du couloir.
Arrivés à l'intérieur de notre chambre, nous contemplons son agencement, en silence.
Une armoire, une lampe accrochée au plafond, une petite table, et un lit double.
UN lit double.
Achevez-moi.
- Tu peux prendre la couverture et un oreiller pour dormir sur le tapis.
Hernandez avance vers le centre de la petite pièce, où se trouve le lit. Il s'assoit et bondit dessus, testant la souplesse du matelas.
- Victoria, je ne vais pas dormir sur le sol, déclare-t-il, en retirant ses chaussures.
Les mains sur les hanches, je rétorque :
- Je te répète que moi non plus !Ses chaussettes font le même chemin que ses bottes. Sa veste également.
- Diavoletto, je ne te l'ai jamais demander. Tu vas dormir sur le matelas.
Un de mes sourcils se arque, alors que je tente de ne pas fixer le tissu trempé de son tee-shirt, révélant en dessous son torse musclé.
- Et toi ?Un sourire en coin se dessine sur le visage de Hernandez.
- Sur le matelas aussi.Ce dernier, pas le moindre gêné du monde par ma présence, retire le reste de ses vêtements, pour ne garder que son boxer. Décoinçant la couette, il s'engouffre à l'intérieur des draps aux motifs de canards.
- Tu devrais venir t'allonger, il est tard.
Au même moment, un bâillement s'échappe de ma gorge.
Pendant une seconde, je revois Hernandez qui tranche la gorge d'Antonio, hantant mon esprit, que je chasse aussitôt en secouant la tête.
Si je ne voulais pas dormir près de lui, ce n'était pas à cause de ça. D'une manière étrange, je sais qu'il ne me fera pas de mal. S'il l'aurait voulut, il m'aurait déjà tirer une balle dans la tête à l'instant où il m'avait trouvé en dessous de son bureau, le premier jour de notre rencontre.
Dormir avec lui, c'était comme suspendre une friandise au dessus de la bouche d'un âne. La tentation et l'envie d'y croquer dedans étaient trop fortes pour parvenir à y résister.
Trop fatiguée pour épiloguer plus longtemps avec lui, j'abandonne, et me dirige de l'autre côté du lit.
Après avoir éteint la lampe, la lumière de la lune traversant les fenêtres dépourvues de rideaux, m'obligent à formuler :
- Fermes les yeux.Hernandez tourné de mon côté, a le regard rivé sur moi.
- Pourquoi ?La chaleur me monte aux joues, alors que je réponds :
- J'ai besoin de me changer, donc fermes tes yeux.- Un vrai petit tyran, murmure-t-il, tout en m'écoutant. Ça nous sera utile pour plus tard.
Rapidement, je retire mes chaussures, ma jupe de serveuse et le pull de noël. Il ne me reste plus que mes chaussettes, mon débardeur et ma culotte.
La chair de poule apparaît aussitôt sur ma peau nue, disparaissant lorsque je plonge dans les profondeurs de la couette.
- C'est bon, j'ai finis, dis-je doucement.
Ses yeux se rouvrent. Nos visages ne sont espacés que de quelques centimètres. Un noeud se tord dans mon ventre, tandis que d'une main extrêmement hésitante, j'effleure sa joue.
Ses doigts recouvrent les miens.Aucuns de nous deux ne se souviendra de ce moment, demain. Autant en profiter.
- Hernandez ?
- Mio diavoletto ?
Luttant contre la lourdeur de mes paupières, je poursuis :
- Pourquoi ne m'as-tu pas déjà éliminé ? Pourquoi restes-tu près de moi ?Délicatement, ses lèvres fusionnent avec mon front.
- Parce que j'ai besoin de toi.Mes doigts serpentent jusqu'à ses lèvres, et je trace leur contour défini.
- Tu n'es pas aussi mauvais que les gens le pense.Ses mains entourent mes hanches, m'attirant vers sa poitrine dure et chaude, et il soupire :
- Victoria, je suis bien pire.
VOUS LISEZ
𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫
Romance"𝐿'𝑖𝑙𝑙𝑢𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑'𝑢𝑛𝑒 𝑣𝑖𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑓𝑎𝑖𝑡𝑒 𝑛'𝑎𝑡𝑡𝑖𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑛 𝑝𝑖𝑒̀𝑔𝑒 𝑓𝑎𝑡𝑎𝑙 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑛𝑎𝑖̈𝑓𝑠 𝑑𝑒𝑠 ℎ𝑢𝑚𝑎𝑖𝑛𝑠." Victoria Ferraro a perdu le goût de vivre depuis que son frère, Roméo, a été...