Chapitre 24

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- Comment as-tu eu mon numéro ?

Alors que j'attends la réponse à ma question, agacé et -je dois l'avouer- un brin curieux, j'entreprends de cacher la mini caméra GoPro juste derrière le miroir de la coiffeuse, achetée spécialement pour ma future et chère colocataire.

Taillée entièrement en bois d'acajou, ce magnifique meuble brun rosé fera un parfait petit espion pour moi.

Ce sera les yeux et les oreilles dont j'aurais besoin pour garder un œil sur cette petite diablesse même lorsqu'elle pensera être hors de ma vue.

- Ah ! C'est une très bonne question. Mais là n'est pas l'importance de la situation. Écoute...euh...Hernandez ? Je peux t'appeler Hernandez ? Merci. Donc, Hernandez, j'ai besoin de toi. Enfin, plutôt la quiche de ma meilleure amie.

Nul besoin de demander de qui il fait allusion, puisque nous ne connaissons en commun qu'une seule personne. Victoria. Encore et toujours.

Qu'a-t-elle fait ? sont les traîtres mots qui veulent s'échapper d'entre mes lèvres, avant de me souvenir que son état soit le cadet de mes soucis.

- Est-ce que j'ai l'air d'être l'ange de ton épaule droite pour te rendre un service personnel ? Je raccroche et t'as intérêt à effacer ce numéro de ton portable.

- Hé ! Elle est chez elle toute nue-

Je n'ai pas le temps d'entendre le reste de la phrase, mon doigt ayant déjà appuyé sur le bouton rouge.

Et pourtant, ces cinques mots parviennent tout de même à me faire changer d'avis.

Un ange ? Plutôt le contraire. Je suis un diable, et l'envie malsaine de voir Victoria sans aucun tissus couvrant sa peau délicate est beaucoup trop forte et tentante pour y renoncer. Le souvenir de notre baiser apparaît dans ma tête, ainsi que celui de mon rêve érotique, et je dois m'obliger à penser à mon père pour que ma bite reste endormie.

C'est ça, mec. Pense au connard de ton géniteur et surtout pas à ce que doit ressembler les nibards de Victoria, et encore moins à sa ch...

- Merda ! m'exclamé-je en serrant les paupières jusqu'à ce que des points blanc finissent par apparaître devant moi.

Décidé, je déverrouille mon téléphone, clique sur le nom de Victoria, et approche l'appareil de mon oreille.

Maintenant que cet idiot d'Alexandre ou je ne sais quoi m'ai révélé l'état de la petite diablesse, je sais que mon cerveau ne cessera de penser à elle sans habits.

Après d'inlassables bips sonores, le répondeur m'informe que le correspondant n'est pas joignable pour le moment, et que si je voulais laisser un message, bla-bla-bla...

Est-elle en hypothermie ? Morte ?

Pff.

Replaçant avec minutie le miroir à sa place, je prends la décision d'arrêter de me torturer mentalement et d'aller voir de moi même ce à quoi ressemblent les seins gelés d'une femme .

- Si à trois, la porte n'est pas ouverte, je l'enfonce ! Rien à battre de tes voisins ! Uno, Due...Tre !

Après une inspiration d'agacement, l'une des semelle de mes mocassins Valentino percute avec force l'endroit situé juste au-dessous de la poignée de la porte. Cette dernière s'ouvre à la volée, laissant entrevoir un salon qui m'est maintenant familier.

Aucune trace de Victoria. Aucun son non plus.
Est-elle vraiment morte ? Les battements de mon cœur courent au galop.

L'adrénaline montant peu à peu permet à mes jambes de fonctionner une dernière fois, avançant vers ce que je pense être une chambre- sa chambre au fond du petit couloir.

Sans porte, l'espace est le contraire de l'image que je me faisait de la chambre de Victoria : de simples murs blancs légèrement écaillés ; une triste lampe sur le point de rendre son dernier souffle suspendue au plafond ; un lit une place avec des draps noirs, et une grande armoire en bois foncé.

Discrètement, je tire les deux poignets de cette dernière. Il n'y a que des vêtements, rangés et pliés impeccablement sur leur étagères.

C'est une vraie tarée.

Toutes ses fringues sont triées par couleur.

Écoutant la petite voix sournoise de ma tête, j'échange quelques sweat-shirts gris avec des tee-shirts roses, avant de m'accroupir et de défaire les lacets qu'elle avait préalablement fait sur ses baskets. Une vrai cinglée.

- Qu'est-ce que...? marmonné-je, remarquant une boîte en carton dissimulée sous une paire d'escarpin. 

Sans attendre une minute, je me dépêche de dégager du revers de la main ces dernières et de retirer le couvercle de la box.

Dans la seconde où je découvre les tonnes de voitures miniatures entassées, je comprends aussitôt.

Che tristezza ! Victoria les avait garder.

Avec la délicatesse d'un renard, je remet à sa place la boîte et referme l'armoire, ni vu ni connu.

En ressortant de la chambre, mon esprit retourne à ce moment précis, celui où Fiorella était entrée en larmes dans mon bureau, il y a d'ici quelques mois.

Je me souviens bien.

Elles étaient à Roméo.

Mia sorella me l'avait dit. Et c'était grâce à cette information que l'on avait pu exécuter notre plan de vengeance à merveille.

Son ex-copain était un collectionneur de voiturettes.

Et il s'était pris une balle pour son amour de ces jouets ridicules.

Malheureusement, la balle n'avait traversée que sa jambe droite.

𝐅𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝'𝐄𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant